Et alors que des voix ne cessent de s'élever contre la pêche pré-maturée ou illégale, une sérieuse menace continue de planer sur nos ressources halieutiques. Des méthodes de pêche destructives sont régulièrement remises en cause par des professionnels. L'utilisation de filets non règlementaires ou de la dynamite et le non-respect des zones de pêche sont les plus cités dans un massacre à grande échelle. N'a-t-on pas vu ces derniers jours sur les étals des souks quotidiens des poissons n'atteignant guère la taille marchande, comme cette sardine d'à peine l'envergure d'un doigt et souvent tout amochée. Pourtant la règlementation n'autorise leur pêche que lorsqu'ils atteignent une envergure minimale. A titre d'exemple, 12 cm pour la sardine et 16 pour le rouget. Pour faire face à la pêche prédatrice, la réaction des pouvoirs publics ne s'est pas fait trop longtemps attendre. Ces derniers qui disposent de tout l'arsenal juridique pour appliquer l'exercice d'une pêche moderne et particulièrement soucieuse de la protection de la faune, sont décidés à faire respecter la loi en matière de pêche et de commercialisation du poisson. A cet effet, la loi 01-11, qui prévoit l'instauration d'une police de pêche, vient d'être mise en application. Les différents types de contrôle seront effectués par les autorités dûment habilitées dans le domaine de la pêche. Ce corps, qui sera composé d'inspecteurs de la pêche, est chargé du contrôle des activités de pêche et d'aquaculture. Les modalités de son fonctionnement ainsi que ses attributions sont fixées par voie règlementaire. Les inspecteurs de la pêche seront habilités à rechercher et à constater les infractions. Il leur sera ainsi permis de prononcer la saisie des produits et des engins de pêche et/ou d'aquaculture concernés par l'infraction. Ces agents verbalisateurs seront habilités à recourir à la force publique pour la poursuite et la constatation des infractions ainsi que pour la saisie des engins et matériels prohibés et des produits pêchés en violation des dispositions de la loi. Cependant et en attendant la mise en place de cette police de pêche, qui nécessiterait vraisemblablement un recrutement au sein du personnel ayant déjà une lecture sur le domaine de la pêche dont une formation de courte durée, il a été décidé d'occuper très vite le terrain. Pour cela, il a été procédé, cette semaine, à la mise sur pied d'une brigade mixte de contrôle des circuits de commercialisation des produits de la pêche. Cette brigade sera opérationnelle dès dimanche prochain, apprend-on auprès du directeur de la pêche de Aïn Témouchent, M. Djamel Taberkouket. Ladite brigade est formée d'agents des services qui se complètent notamment autour de cette mission de contrôle, à savoir la DCP, DSA, pêche. Les mêmes prérogatives lui sont dévolues, à savoir le contrôle de tous les circuits de commercialisation des produits de la pêche et l'exécution des textes face à l'infraction. Enfin, l'instauration d'un tel corps de contrôle de la pêche va certainement changer les habitudes du moins donner à réfléchir à bon nombre de récalcitrants qui continuent de détruire le stock halieutique. Cette nouvelle a fait rappeler à Ammi Kaddour, un ancien raïs aujourd'hui à la retraite, une pratique aujourd'hui révolue qui consistait pour les contrôleurs à jeter du crésyl sur tous les produits de pêche qui ne répondent pas aux normes de consommation, pour les rendre invendables, mais surtout pour dissuader la pêche prédatrice. Enfin, ayant réussi le pari de relancer l'industrie de la pêche, le ministère concerné devra nécessairement gagner la bataille de la préservation du patrimoine halieutique contre ce type de dévastation.