Taous-Claire Khazem, jeune comédienne de talent, a donné, mercredi dernier, un spectacle en interprétant un monologue décapant et plein d'humour. Ce show, d'une durée d'une heure et demie, eut lieu dans la petite salle des spectacles du CCF d'Oran. 90 minutes donc durant lesquelles la comédienne, interprétant le rôle de Rim, se remémorait le jour des obsèques de sa mère, qui ont eu lieu un an auparavant. Un an plus tard, Rim, alors qu'elle avait émigré en France, commençait à ressentir de la nostalgie pour son pays. Ainsi, comme dans un songe, pour surmonter sa peine, elle se mettait à discuter, à se confier et même à rire avec sa mère, pourtant plus de ce monde. Elle se remémorait avec elle le jour de son enterrement, en décrivant avec finesse et beaucoup de tact le déroulement d'une cérémonie funèbre en Algérie : ces pleureuses qui s'amenaient en masse pour mettre l'«ambiance» mortuaire, ces gens qui venaient d'un peu partout épauler et soutenir les proches du défunt. Dans ses souvenirs, l'héroïne avoua qu'elle avait exécré, dans un premier temps, les pleureuses qui ne savaient pas se montrer dignes. Mais plus tard, elle avait compris qu'en bien des cas, ces femmes, opprimées pour la plupart, qui ne pointaient qu'à l'occasion le bout de leur nez hors de la maison, trouvaient dans leurs flots lacrymaux une sorte de délivrance. Ainsi, après que toutes ces scènes eurent défilé dans sa tête, sa maison d'antan, sa famille, des gens de son village, elle ressentit une sorte de confusion entre le manque causé par la perte de sa mère et la nostalgie qu'elle éprouvait pour son pays, pays qu'elle chérissait tout particulièrement et qu'elle voulait voir moderne et débarrassé de toute idéologie moyenâgeuse. Prenant alors son courage à deux mains, elle décida alors de quitter pour de bon la France et de retourner chez elle, et ce afin de poursuivre «le combat» aux côtés des siens. «Une femme de moins à Paris, ça ne pèse pas, mais une femme bien déterminée de plus en Algérie, ça a son poids», dit-elle. Bref, au final, on peut dire que sous des dehors d'un thème pour le moins triste et lugubre, ce spectacle recèle de nombreuses charges comiques, parfois même hilarantes. Là est d'ailleurs le fort de ce show : c'est qu'il réussit à faire rire l'auditoire avec un sujet ne prêtant pas à l'humour. On peut d'ailleurs, à ce propos, très bien lui attribuer la fameuse devise du célèbre humoriste Guy Bedos : «Faire du drôle avec du triste». Par ailleurs, il est à signaler que ce monologue, joué par Taous-Claire Khazem, est réalisé par Fatima Gallaire. C'est le comédien Mohamed Yabdri qui s'est chargé de la mise en scène et de la scénographie. Un comédien qu'on connaît par ailleurs pour avoir interprété, il y a quelques mois de cela, le one-man-show «Malgré tout, bladi, je t'aime».