A l'occasion du cinquantième anniversaire de la disparition d'Albert Camus, une pièce théâtrale a été jouée mardi dernier dans la petite salle des spectacles du centre culturel français d'Oran. Il s'agit en fait de l'adaptation de la «chute», l'un de ses derniers récits, écrit en 1956, c'est-à-dire un an exactement avant qu'on lui attribue le prix Nobel de littérature. C'est la compagnie Garance, venue de Bordeaux, qui est à l'origine de cette pièce, dont l'adaptation a été assurée par Catherine Camus, la fille de l'écrivain, et François Chaumette. Quant à la «mise en lecture» de la pièce, c'est Christophe Chaumette et Fomain Fohr qui en sont responsables. D'une durée d'une heure vingt-cinq minutes, le contenu de l'histoire se déroule dans un bar hollandais nommé «Mexico» et où Jean-Baptiste Clamence, incarné par Robert Angebaud, «juge-pénitent» selon sa propre définition, se plaît à pavoiser durant des heures à un improbable pilier de bistrot, en lui racontant ses jeunes années, durant lesquelles tout lui réussissait, et où il jouissait pleinement de la vie, sans trop se soucier des lendemains; du temps où il était un petit avocat de Paris, bien imprégné dans la mentalité «bourgeoise» parisienne, et où, par ses talents de séducteur et de charmeur-né, il jouissait d'un certain prestige auprès de son entourage. Cela dit, il arrive un jour où des événements bousculent tout le cours de son existence, des événements tragiques lui révélant au grand jour la partie sombre de sa personnalité. Et de là débute la «chute». Alors qu'au début, l'orateur discourait en prenant le ton de la narration, de celui qu'on clame en «levant le front», voilà que petit à petit, cela va dériver subrepticement vers le ton de la «confession». Une belle performance donc que le comédien Robert Angebaud a réussie. Son tour de force est d'avoir réussi à faire face aux spectateurs avec une pièce qu'on peut très bien assimiler à une sorte de monologue. Effectivement, le contenu du récit oblige, du début à la fin, il n'y avait, pour tout comédien sous les feux des projecteurs, que l'acteur susnommé. Ceci dit, il est aussi à noter que vers la toute fin du spectacle, alors que personne ne s'y attendait, une femme a fait son apparition sur scène. Cette dernière, ayant un rôle strictement «figuratif», a été interprétée par la jeune comédienne Meriem Medjakane. Autant dire que la petite salle du CCF d'Oran, ne pouvant contenir pas plus d'une centaine de personnes, était bondée. Cela dit, pour ceux n'ayant pas eu la chance d'aller voir cette pièce, ils peuvent toujours se rebattre sur la lecture du livre d'Albert Camus. A ce propos, il est aussi à noter qu'une visite guidée est prévue, aujourd'hui, en partenariat avec l'association Bel-Horizon, sur les lieux d'Oran où Camus avait coutume d'y séjourner. Il est à rappeler que Camus, natif d'Algérie, a vécu un bon moment dans la capital de l'Ouest algérien, et lui a même consacré un livre, «La peste» en l'occurrence, livre célèbre de par le monde entier. La visite débutera à partir de 10h du matin au siège du centre culturel français, et c'est M. Kouider Métaïr qui servira de guide. Il est notamment inclus lors de cette promenade la visite de la maison où habitait Camus à Oran, située en plein coeur de la rue Larbi Ben M'hidi.