Plus de cent cinquante employés de la direction de l'Urbanisme et de la Construction (DUC), située à la place du 1er Mai (près de la poste), dans le centre-ville, travaillent dans des conditions pénibles et attendent toujours d'être délocalisés après plus de quatre décennies passées dans des baraques contenant de l'amiante. Un technicien de la DUC, qui nous a contactés pour se plaindre de la situation qui prévaut dans ces chalets datant de l'époque coloniale, confirmera cela: «La situation actuelle est intenable et ne peut plus se prolonger, car l'amiante enfouie dans les panneaux en fibrociment se libère au moindre perçage. Pratiquement rien n'a été fait pour le résoudre, et en connaissance de cause, des personnes ont été mises en danger. Un danger qui ne fait que s'accroître à mesure que les flocages se dégradent». Pour lui, l'exposition à l'amiante peut provoquer des maladies mortelles. Le mésothéliome, tumeur cancéreuse de la plèvre, se déclare tardivement (en général 30 à 40 ans après l'exposition à des fibres d'amiante), après quoi le décès survient rapidement. D'autres cancers comme le cancer du poumon sont liés à l'exposition à l'amiante, là encore après une longue période de latence, et des maladies telles que l'asbestose entraînent de graves troubles respiratoires et peuvent aussi causer la mort. Les employés de la direction de l'Urbanisme et de la Construction de Tlemcen, qui ont depuis longtemps alerté, entre autres, les autorités locales quant aux méfaits de ce matériau qui se traduit par une dégradation de leur santé d'année en année, n'ont cependant pas réussi à attirer l'attention de qui que ce soit: «Non seulement personne ne prend au sérieux nos doléances, mais pire, le ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat, notre tutelle, n'a jamais pris en considération les multiples courriers que nous lui avons adressés», expliquera un fonctionnaire de la DUC de Tlemcen. Pour une autre employée de la DUC, cette situation des baraques en amiante qui persiste encore à la DUC de Tlemcen est due surtout à l'instabilité des responsables de cette direction. «Depuis 2006 à ce jour, six directeurs se sont relayés à la tête de cette direction !...», déplorera-t-elle. Et d'ajouter: «Nous espérons que les pouvoirs publics daignent prendre en charge notre problème d'un point de vue médical et régler définitivement la question de la délocalisation ou, à la limite, du désamiantage».