Il y a quelques années, à Ghardaïa, il était vraiment rare de rencontrer un mendiant dans les rues. Ils étaient très peu, handicapés pour la plupart, à squatter quelques endroits de la ville», particulièrement au niveau des cimetières, dans l'espoir de susciter la pitié des passants et arriver, en fin de journée, à ramasser de quoi nourrir leur progéniture. Aujourd'hui, le nombre de mendiants qui vous accostent à chaque coin de rue est tel qu'on pourrait penser que tout le monde mendie. La misère sociale a éclaté au grand jour. Le chômage résultant d'un marché saturé et des multiples fermetures des commerces et entreprises, conjugué à un pouvoir d'achat des plus bas, a contraint de nombreuses personnes à recourir à la mendicité. Cette pratique qui existe partout dans le monde est un phénomène sociologique caractéristique d'une frange de la société. Ceux qui la pratique constituent, à eux seuls, une classe sociale à part entière, avec ses spécifités et ses pratiques. Une chose attire quand même l'attention à Ghardaïa. Au-delà du nombre de ces personnes, c'est leur comportement ou «la méthode» utilisée par certains d'entre eux qui suscite commentaires, réflexions et des fois «réprobation». Certains sont allés jusqu'à parler de «mendicité agressive chez des jeunes», ainsi, certains vous accostent dans un café, dans la rue et ne vous lâchent pas facilement jusqu'à vous arracher une pièce ou susciter votre courroux. Physiquement bien portantes, les personnes, à travers leur comportement, suscitent rarement la pitié chez les passants qui ne comprennent pas de tels agissements. Les jeunes sont donc très nombreux à faire la manche. Seuls ou accompagnés d'une personne âgée à leur côté. Ces jeunes en guenilles, poussés par l'inflation des prix, la misère et la faim, arrivent même à entrer dans des restaurants, demander aux consommateurs de quoi manger ou quelques pièces de monnaie. Au rythme où vont les choses, il risque d'y avoir plus de mendiants que de passants dans les rues de Ghardaïa. Ces mendiants venus pour la plupart d'autres cieux, rongés par la misère et la pauvreté, ont atteint des pans entiers de la population que l'Etat, à travers ses structures locales, n'arrive plus à prendre en charge. La solidarité «conjoncturelle» pratiquée par différents organismes ou service en charge de l'action sociale ne touche qu'un nombre limité de personnes qui sont réellement dans le besoin. Les indemnités octroyées par l'Etat, dans le cadre du filet social ou de la solidarité nationale, sont tellement insignifiantes qu'elles ne suffisent pas à grand-chose. La mendicité, telle que pratiquée par certains, est devenue un «métier» plus rentable, et les plus nécessiteux passent presque inaperçus. Que faire ?