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Grippe : la grande trouille du «H1N1»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 07 - 2009

On ne sait pas encore trop si la cuvée « rentrée 2009 » de la grippe « A/H1N1 » sera dramatique ou pas trop. Mais la menace de la pandémie se précise, avec ses conséquences négatives sur une économie mondiale déjà très déprimée L'augmentation des flux de voyageurs estivaux va naturellement favoriser la propagation et le mélange des souches de grippe A/H1N1.
Apparu en avril au Mexique, le millésime 2009 s'est d'abord propagé au Texas et à la Californie, pour atteindre aujourd'hui le statut de pandémie : tous les continents sont touchés, seules les régions centrales d'Afrique et d'Asie restent vierges, et le dernier bilan de l'OMS le 6 juillet fait état de 429 morts. C'est très peu comparé aux 250 000 à 500 000 morts de la grippe dite « saisonnière » qui sévit chaque année entre novembre et avril sur toute la planète. Oui mais voilà, la grippe est une maladie hivernale et les autorités publiques, les milieux sanitaires craignent le pire dès l'automne prochain. Car personne ne connaît bien encore la dangerosité potentielle d'un virus qui se modifie très vite, ni les protections apportées par les médicaments, dont le célèbre Tamiflu ou l'efficacité des futurs vaccins dont la réalisation a été confiée à quatre grandes firmes pharmaceutiques internationales. Mais le pire n'est pas le plus sûr. La principale alerte passée, celle de la grippe porcine avait déclenché une panique internationale. La pandémie s'était révélée très modérée voire bénigne.
30% de la population mondiale peut être touchée
Le problème avec ces petites bêtes, ce qu'on ne sait jamais comment et à quelle vitesse elles vont muter. H1N1, ce nom un peu barbare, provient de la combinaison de deux protéines, l'une appelée Hémagglutinine (HA). L'autre protéine, la Neuraminidase (NA), qui donne des combinaisons multiples (H1N2, H2N3,etc.), de la fièvre bénigne au super-dangereux-mortel. Mauvaise nouvelle, le cru grippal 2009 comporterait également un acide glutamique, comme la grande grippe espagnole de 1918 qui a fait 40 millions de morts, deux fois que la boucherie de 1914-18 !
Autre facteur d'inquiétude, la rapidité de diffusion du virus : 3 à 4 fois supérieure aux grippes habituelles. Dans le cas d'une épidémie sévère à l'automne ou au cours de l'hiver, c'est 30 à 40% de la population mondiale qui pourrait être touchée.
D'où l'inquiétude des pouvoirs publics des pays riches qui, tout en tenant des discours rassurants, accumulent des stocks énormes de médicaments et de vaccins en pariant sur leur efficacité en cas de pandémie généralisée. Les pays pauvres eux, faute d'infrastructures et de budgets conséquents, prient seulement pour la grippe ne soit pas trop mortelle.
Les économistes de leur côté appréhendent les effets d'une crise sanitaire sur une activité mondiale déjà très déprimée par la crise financière. La Banque mondiale établit déjà une fourchette de baisse possible du PIB mondial de 0,7% à 4,8% !
A titre d'exemple, l'épidémie du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) apparu à Hong Kong, avait entraîné malgré une faible dangerosité, une baise de 60% du tourisme dans cette partie de l'Asie.
Les entreprises craignent de leur côté une forte augmentation de l'absentéisme. En cas de fortes épidémies, les écoles sont fermées, l'accès aux lieux publics, aux administrations et aux transports sont fortement réduits. Et dans tous les cas de figure, les habitants n'attendent pas les consignes des pouvoirs publics pour se calfeutrer chez eux. D'où la crainte de baisses généralisées de la production, des échanges et de la consommation.
Coup de froid et crise de confiance
Cette conjoncture funeste, qui reste heureusement qu'une hypothèse, aurait des effets très dépressifs sur le moral de la population mondiale. La maladie après la finance prise de folie, ça fait beaucoup ! D'autant que les milieux bancaires ne semblent toujours avoir retrouvé la raison. Ainsi, le grand établissement financier Goldman Sachs, sauvé par l'argent des contribuables américains, vient de déclarer de nouveaux bénéfices consistants et pour ses dirigeants, des primes munificentes : 20 milliards de dollars ont été provisionnés pour les bonus à venir ! Comme au temps jadis, comme il ne s'était rien passé.
En France, Mme Bachelot, pomponnante ministre de la Santé nous a annoncé que le stock accumulé de Tamiflu faisait que la sécurité sanitaire française était « sous contrôle ». Tout comme Mme Lagarde, ministre de l'économique, nous explique depuis six mois, que la crise financière est parfaitement jugulée et que M. Darcos, nouveau ministre du Travail nous affirme que l'explosion du chômage va très vite s'arrêter…
On comprend que les pompiers ne sont pas là pour crier « Au feu » quand l'incendie crée la panique. Mais la litanie des discours rassurants et des fausses promesses peut également accroître la sérieuse crise de confiance dont souffre déjà une très majorité des gouvernants de la planète.
L'agacement, alors, n'est jamais très loin. La colère peut en sortir tout comme le découragement ou la déprime haineuse. Dans tous les cas, la rupture de confiance sera palpable. Le gigantesque gachis financier et humain crée par un ultra-libéralisme sans principes nous avait montré que bien avant d'être une faillite économique, la situation actuelle est l'expression d'une grave crise morale. De plus en plus d'humains sont convaincus que la crise climatique, la famine récurrente, les conflits sans fin, les drames de santé publique (qui parle encore du Sida ?) trouvent également là leur réelle origine.
Birmanie : isolement croissant de la junte militaire
«Nous nous inquiétons du transfert de technologie nucléaire» du régime communiste de Pyongyang vers la Birmanie, a déclaré Hillary Clinton, en début de semaine, une telle collaboration risque de «déstabiliser» la région. Les craintes de liens militaires entre ces deux Etats ont été alimentées le mois dernier par la présence d'un cargo nord-coréen suspecté de transporter des armes vers ce pays d'Asie du Sud-Est. Si ces informations ne sont pas vérifiées, voire même fondées, la sortie de la secrétaire d'état américain souligne davantage encore l'isolement international de la junte militaire birmane.
Trois jours auparavant, des dizaines de membres du parti d'opposition birman ont été arrêtés alors qu'ils revenaient des cérémonies de commémoration de la mort du général Aung San, père de l'indépendance birmane, rapportent dimanche des témoins. Celui qui est également le père de Aung San Suu Kyi, l'actuelle dirigeante de l'opposition toujours emprisonnée, avait été assassiné le 19 juillet 1947, peu avant l'accession à l'indépendance de la Birmanie, qui était alors colonie britannique.
Déjà, lors du mouvement populaire de l'été 2007, surnommé la « révolution safran » du fait de la présence de nombreux moines bouddhistes dans les cortèges, la répression de la junte avait été plus « modérée », les militaires subissant une forte pression internationale et son principal allié et partenaire commercial, la Chine qui préparait les Jeux Olympiques de Pékin, ne souhaitait trop ternir son image en soutenant une poignée de généraux brutaux et fatigués. Pourtant, les critiques émanant même du secrétaire général de l'ONU n'ont pas empêché la junte de vouloir poursuivre son ironique «feuille de route vers la démocratie». En mai dernier, tandis qu'un cyclone ravageait le sud de la Birmanie faisant 100 000 victimes et un million de réfugiés, le régime imposait plus qu'il n'organisait un référendum portant sur une nouvelle constitution. 92,4 % des électeurs se prononçaient ainsi officiellement, au terme d'une intense campagne d'intimidation et de violences, en faveur d'un texte à laquelle il leur avait été interdit de voter « non ».
Cette « constitution » est censée remplacer celle qui avait été supprimée en 1978. La vie politique birmane est en effet jalonnée de coups de force militaires, entrecoupés d'éclaircies démocratiques de plus en plus fugaces. Après l'indépendance en 1948, une démocratie parlementaire réussit pourtant à s'imposer, sauf durant deux années, de 1948 à 1962. En 1962, le général Ne Win, après un coup d'Etat militaire, règne durant plus de vingt-six ans. En 1988, l'armée réprime violemment un mouvement de protestation contre la situation économique et politique : le 8 août 1988, les militaires ouvrirent le feu sur la foule qui protestait ; l'ampleur de la répression et l'indignation qui en suivit permit la tenue d'élections libres en 1990 qui débouchent sur la victoire de la NLD (National League for Democracy) dirigée par Aung San Suu Kyi. Elles sont rapidement annulées par la dictature militaire qui prend le pouvoir et enferme San Suu Kyi. Celle-ci recevra le prix Nobel de la Paix en 2001. La dirigeante qui bénéficie d'une grande popularité dans la population birmane croupira en prison jusqu'en 1995 mais après y retournera à de nombreuses occasions. Sous pression de l'ONU, elle est libérée « définitivement » pour retourner dare-dare en détention en 2003. Situation dans laquelle elle se trouve toujours.
Obama / Biden : il faut bien plaire à tout le monde
Barak Obama a reçu une « lettre ouverte de 22 anciens dirigeants de l'Europe de l'Est, parmi lesquels Lech Walesa et Vaclav Havel. Tous s'inquiètent du renouveau du dialogue russo-américain, d'une Otan pas assez agressive, d'une Géorgie qui aurait été laissé tomber par l'hyper puissance américaine. La lettre a reçu de vifs encouragements tant des néo-conservateurs américains que du « lobby militaro-industriel».
Après le très cordial sommet de Moscou réunissant Medvedev, Poutine et Obama, le vice-président américain Joe Biden a dû aller mettre du baume sur les plaies en promettant le soutien US à l'adhésion à terme de l'Ukraine à l'Otan et même à une alliance éventuelle entre ce pays et la Géorgie.


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