Dès le premier jour du mois de Ramadhan, ils occupent les marchés et autres coins de rues. Ces petits qui ne connaissent pas les vacances, sous un soleil de plomb, proposent pain, dioul, pois chiche et autres articles... pour subvenir aux besoins de leurs familles. «Les vacances ne sont pas faites pour les enfants des pauvres», nous dira Amine. Ce gamin de 11 ans vend du pain traditionnel au marché de l'USTO. «Cela me permettra d'aider ma famille et d'économiser un peu pour acheter des vêtements pour l'Aïd et les articles scolaires. Avant le mois de Ramadhan, je vendais des beignets et du thé sur la plage et ça m'a permis de faire des économies que j'ai données à ma mère, avec lesquelles elle a acheté du ravitaillement pour le Ramadhan», ajoute cet enfant. Certes, tous les organismes de protection de l'enfance et des droits de l'homme crient à qui veut l'entendre que les enfants sont nés pour aller à l'école et pour qu'on s'occupe d'eux. Cependant, en réalité, la fosse se creuse davantage entre ces enfants et les enfants des familles aisées. Selon une enquête nationale, 7,3% des enfants issus des milieux pauvres travaillent, alors que ce taux chute à mesure que s'accroît le niveau de vie des ménages. Contacté, M. Benchouia, inspecteur du Travail de la wilaya d'Oran, nous dira que la lutte contre ce phénomène est le rôle de la société civile et des associations, ainsi que de la protection civile. «L'inspection du Travail ne peut intervenir dans ce genre de cas, parce qu'il n'existe pas de relation de travail, puisque ces enfants travaillent pour leur propre compte», a-t-il précisé. Et d'ajouter que cela n'a pas empêché son département de mener des actions de sensibilisation dans ce sens. En effet 4,7% des enfants âgés entre 5 et 15 ans sont concernés par le phénomène du travail en Algérie, ce qui représente 334.000 enfants, selon les données d'une enquête nationale menée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, en collaboration avec des organisations internationales, dont notamment l'Unicef, le Finuap et l'Onusida. Le travail dans l'entreprise familiale semble être la forme la plus répandue et concerne 3,1% des enfants. L'exercice d'activité économique en dehors du ménage touche 1,2%, alors que 0,8% des enfants effectuent des travaux domestiques. Le travail rémunéré en dehors du ménage constitue, par contre, un phénomène rare et concerne 0,3% de cette catégorie, indique l'enquête. Cependant, le travail des enfants en Algérie semble relativement toucher plus les garçons que les filles, les enfants plus jeunes (5-11 ans) que les moins jeunes (12-15 ans) et ceux vivant en milieu rural qu'en milieu urbain. De même, ce phénomène est relativement plus fréquent auprès des enfants qui ne sont pas scolarisés avec 8,1%, alors qu'il ne concerne que 4,2% des enfants qui étaient scolarisés au moment de l'enquête. En matière de textes de lois, l'Algérie qui a ratifié toutes les conventions internationales en matière de protection de l'enfance et promulgué des lois qui prévoient des châtiments des plus sévères à l'encontre des crimes et délits commis contre les mineurs, est un pays «des plus protecteurs en la matière». Néanmoins l'application de ces lois sur le terrain se heurte à «bon nombre de difficultés». Pouvoir verbaliser ou constituer un dossier à l'encontre d'un employeur d'enfant, il faut pouvoir faire le constat sur site et disposer de preuves. Or, le travail des enfants est souvent entouré d'un grand secret, en plus du fait que la plupart des enfants qui travaillent sont des vendeurs à la sauvette dont il n'est pas évident d'identifier les employeurs.