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Le Ramadhan des petits boulots et de la débrouille
les petites bourses face aux besoins du mois sacré
Publié dans Liberté le 29 - 08 - 2010

En observant le comportement des Algériens à la veille de chaque mois de jeûne, on croirait aisément que l'objectif du carême est purement matériel. C'est la course vers la meilleure table du f'tour. C'est le mois de toutes les gourmandises et folies. On achète tout et on se permet des plats que nous ne préparons que durant ce mois. Car la privation des heures durant doit être compensée par un menu spécial et quel que ce soit le prix de revient.
En effet, les habitudes et autres règles qu'adoptent de nombreux ménages pendant le Ramadhan sont de véritables phénomènes de société. La table du f'tour et celle de la soirée qui s'en suivra prennent le dessus sur le côté spirituel. Le menu est concocté méticuleusement et après avoir fait le tour des membres de la famille pour leur poser l'éternelle question : “T'aurais pas envie d'un plat particulier pour le f'tour ?” Et ce ne sont pas les envies qui manquent. Le fait que le jeûne coïncide avec la chaleur de l'été n'empêche pas certaines ménagères de concocter, parfois à la demande du chef de famille, un plat dont elles ont oublié et l'existence et la recette. Du moins pendant la saison estivale. Cela va de la fameuse douara ou bouzelouf en passant par la loubia bien piquante agrémentée de sardines. “Le mois de Ramadhan est semblable aux premiers mois de grossesse de la femme. Ce ne sont pas les envies qui manquent”, nous dit une dame qui négociait le prix d'une douara. Son mari la lui a exigée pour le f'tour du premier week-end. À en croire les femmes, pendant le mois de carême, les hommes deviennent très exigeants et n'hésitent pas à passer un coup de fil à la mère, la sœur ou l'épouse pour lui commander un plat bien précis. “Parfois mon mari m'appelle à moins d'une heure dans el-adhan pour exiger un plat particulier. Et avec la charge des préparatifs, j'ai beau essayer de reporter cela au lendemain seulement, rien à faire.” Selon une autre dame, son époux évite tout au long de l'année de faire le marché. “Mais pendant le Ramadhan, il exige que ce soit lui qui le fasse. Il arrive chargé de provisions qu'en temps ordinaire vous ne trouverez jamais dans mon réfrigérateur. Et la meilleure, c'est quand il fait un saut au marché après le boulot et exige que ce dont il a eu envie soit cuisiné même à un quart d'heure du f'tour.” Certains se découvrent à l'occasion des talents culinaires et n'hésitent pas à préparer eux-mêmes leurs propres recettes. C'est surtout le cas pour le bourek. Des tas de farces sont concoctés pour remplacer la recette traditionnelle. En fait, c'est surtout en faisant le marché que mille et un menus traversent “l'estomac”. Les consommateurs raffolent de tout et achètent tous les produits proposés par les commerçants. C'est ce qui explique d'ailleurs que ces derniers attendent le mois de jeûne avec impatience. Le gain est beaucoup plus facile que les autres mois de l'année.
L'occasion propice pour le commerce à mi-temps
Et c'est parce que les bénéfices doublent en ce mois que même des commerces en tous genres font leur apparition. C'est l'occasion propice pour les petits boulots. Grands et petits s'initient l'espace de trente jours au commerce. Puisque tout s'achète, autant en profiter et gagner de l'argent qui servira pour la prochaine rentrée scolaire. Surtout que le problème de local ne se pose pas du tout. Il suffit d'installer des étals de fortune ou exposer sa marchandise dans des paniers à même le trottoir pour venir allonger la longue liste de commerçants. En effet, chaque mois de Ramadhan, les vendeurs occasionnels fourmillent dans tous les marchés de la capitale.
La coïncidence avec les vacances de l'été fait que de nombreux enfants soient disponibles et ne rechignent pas au travail. Pas la peine de faire des études de marché ou autres pour savoir qu'elle est la marchandise qui se vendra le mieux. C'est le Ramadhan et tout se vend. Il y a surtout des produits qui se vendent beaucoup plus que d'autres car ils sont indispensables et irremplaçables. C'est évidemment le cas pour les feuilles de dioul sans lesquelles on ne peut préparer les boureks qui accompagnent la traditionnelle chorba. Et cette dernière ne peut être succulente sans une bonne poignée de frik et quelques feuilles de persil. Sans oublier que le jeûne ne peut être rompu sans un verre de lait caillé et une datte. Des produits certes disponibles dans les supérettes et les épiceries mais que certains consommateurs achètent en faisant leur marché.
D'autant que le prix proposé par les vendeurs occasionnels est moins cher qu'ailleurs. La qualité et les conditions d'hygiène ? On s'en fout, c'est le mois de carême. Tout est permis et tout est excusé. Y compris le commerce informel qui prend des proportions très importantes et visibles sans que les services de contrôle s'inquiètent outre mesure. Alignés souvent côte à côte, les “nouveaux” commerçants proposent divers produits dont ils vantent la qualité en vous suppliant d'en acheter. Ce qui provoque l'ire des “anciens” commerçants dont certains n'hésitent pas à les chasser quand ils s'installent devant leurs étals sous prétexte qu'ils gênent la clientèle et bloquent les devantures.
Lors de notre virée dans les marchés le premier week-end du mois de carême, nous avons assisté à des querelles et prises de bec entre les différents jeunes qui se disputaient les meilleurs coins des marchés. Les propriétaires de commerces leur reprochent de les concurrencer sans payer le moindre sou alors qu'ils s'acquittent, eux, de leurs impôts et autres charges. Ils en veulent aux consommateurs qui “dans un geste de générosité préfèrent acheter chez des enfants en croyant qu'ils sont là pour aider leur famille alors que ce n'est pas toujours le cas”, fulmine un commerçant avant de reprendre sa discussion sur le même sujet avec des clients.
Bouc émissaire et principal sujet de discussion
À propos de discussion, celle-ci est désormais centrée autour de l'événement. Il y a quelques mois les matches de football étaient le sujet favori de tous les Algériens. Les prestations des différentes équipes ayant participé au Mondial 2010 étaient sur toutes les langues. Aujourd'hui, les Algériens se sont trouvé un autre sujet d'actualité : le mois de Ramadhan.
Ce dernier alimente toutes les discussions. On en parle en long et en large et on le décortique dans tous les sens. Là où vous allez vous ne risquez pas d'oublier que c'est le Ramadhan. Dès que vous croisez une connaissance ou que vous tendez l'oreille à la première phrase que se lancent deux personnes qui se rencontrent vous entendrez sûrement : “ Comment allez-vous avec ce mois de carême ?” ou encore “Pas facile le jeûne cette année.” Et quand vous faites abstraction du jeûne et que vous posez la question basique : “Comment ça va ?”, on vous répond tout de go :“Pas trop avec ce mois de carême” ou “le jeûne nous a vraiment usé.” Le fameux Ramadhan est présent partout. Quel que soit l'endroit ou l'institution où vous allez, vous n'entendrez parler que de tout ce qui a trait à ces trente jours de jeûne. C'est l'overdose. Les Algériens vont jusqu'à justifier leurs erreurs, retards et anomalies par la période de jeûne. C'est le bouc émissaire de tous. Et la magie c'est que cette échappatoire est des plus convaincantes. Dès que vous l'évoquez, vous êtes excusés comme par enchantement.
La mendicité prend de nouvelles proportions
Il n'y a pas que les petits vendeurs occasionnels en quête de gain facile qui remplissent les marchés. Eux au moins ils le font dignement. Il y a aussi ceux qui se convertissent, l'espace d'un mois, en mendiants. Déjà en temps ordinaire, ces dernières années, on a l'impression que le nombre de mendiants a augmenté.
Pendant le mois de Ramadhan, le phénomène prend de nouvelles proportions et devient beaucoup plus apparent. Partout. En effet, les mendiants occasionnels eux aussi, s'installent dans les marchés et à l'entrée des épiceries. Mais les boucheries restent leur coin favori. C'est du moins ce que nous avons remarqué au niveau de divers marchés et quartiers. Et dès qu'un client s'apprête à rentrer dans la boucherie, le mendiant lui demande non pas des sous mais de lui payer quelque chose. Ce quelque chose à l'entrée de ce commerce ne peut être autre qu'un morceau de viande ou un poulet. Ce qui veut dire que le choix du lieu n'est pas fortuit. Mais il semblerait que les clients ne peuvent se permettre des dépenses supplémentaires.
Ils se contentent de secouer la tête ou en font abstraction totale. Il faut dire que depuis que les mendiants poussent dans chaque coin de rues comme des champignons, les gens les plus généreux ne peuvent éloigner les doutes. Nombreux sont ceux qui préfèrent servir leur aumône au milieu de leurs proches dont ils connaissent la situation sociale. Mais ceci ne dissuade pas ceux qui veulent tirer profit de ce mois de piété qu'ils considèrent l'occasion idéale pour “faire des affaires”


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