Le chef de l'Etat poursuit en ces journées de Ramadhan l'audition de ses ministres. L'exercice est voulu démonstration que la machine étatique fonctionne en cette période durant laquelle prédomine au sein de l'opinion l'impression qu'elle est à l'arrêt pour cause de trêve rendue indispensable par la pénibilité de la pratique du jeûne. Ce ne serait pas le cas donc, ou du moins c'est ce que l'on veut faire croire. Sauf que la machine de l'Etat ne se résume pas au premier magistrat de la République et aux ministres qui défilent dans son bureau. La moindre démarche tentée par les citoyens en ce mois de Ramadhan auprès d'une quelconque instance administrative revêt l'allure d'un cauchemar. Tout fonctionne au ralenti dans le meilleur des cas quand les lieux d'accueil pour ce genre de démarche ne sont pas carrément désertés par les responsables qui en ont la charge et les agents qui officient. Déjà qu'en temps normal c'est un calvaire pour les administrés d'avoir à faire aux services étatiques, la même velléité de leur part durant le mois de Ramadhan se heurte à l'impitoyable mur d'inertie qui s'érige en ces lieux étatiques pendant cette période. Du haut au bas de la pyramide administrative, il y a pour ce mois consensus qui consiste à renvoyer à après le mois de Ramadhan l'étude et le règlement du moindre dossier et de la plus banale prise de décision. Face à cette réalité qui fait force de loi dans le pays au cours du Ramadhan, l'intense activité qui a pour théâtre la présidence de la République n'infirme en rien le constat que l'activité officielle dans le pays est bloquée à chaque mois de Ramadhan. C'est même très certainement parce qu'il est parfaitement informé de cette situation que Bouteflika programme ses cycles d'audition des ministres durant cette période. Histoire peut-être de mettre ces serviteurs de la République sous pression en les contraignant à dresser le bilan de leurs départements ministériels aux fins d'une évaluation critique par ses soins. L'exercice auquel le Président astreint en ce Ramadhan le staff gouvernemental serait plus apprécié par l'opinion publique s'il s'accompagnait d'un suivi contraignant de l'activité quotidienne de la machine administrative en cette même période. Les communiqués rendus publics à l'issue de chaque audition ministérielle donnent l'illusion que tout est maîtrisé et sous contrôle en tout domaine d'activité de l'appareil étatique. Sauf que le climat de léthargie dans lequel s'enfoncent pendant un mois les démembrements de cet appareil montre bien que leur fonctionnement est régi par une logique qui fait fi du principe de service public dont ils sont investis. Le chef de l'Etat a donc beau auditionner les ministres, leur fixer des objectifs et exiger d'eux plus d'efficience dans la prise en charge des problèmes qui se posent à leurs secteurs, lui comme eux se heurtent à l'inertie institutionnalisée dont fait montre la machine de l'Etat et qui atteint son sommet pendant le mois de Ramadhan.