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Aïn Témouchent: Le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 09 - 2009

Les sentiments de dévotion et de respect -pour Dieu et pour les choses de la religion, qui s'érigeaient en pratiques et en traditions dans notre société et qui constituaient une sorte de protection et de préservation, se désagrègent et se disjoignent petit à petit, au fil des ans, comme le plâtre sous l'effet de l'humidité. Cependant, quand cela prend des formes imaginaires durant le mois de carême censé être celui de la piété et de la charité, actes d'amour du prochain, et de bonté. L'on comprend que ces trois vertus théologales, considérées comme le ciment et la chair liant le peuple, commencent à perdre de leur éclat et leur sens civilisationnel. Les prémices de cet enclin à la dérive sont palpables et que beaucoup de gens constatent sans peine. Nos marchés hebdomadaires à bestiaux ou ceux des fruits et légumes, nos commerces, nos boutiques, nos rues, nos administrations... constituent en somme des échantillons où se déroulent le désagrégement et l'effritement de nos valeurs communautaires. Pourquoi les prix des produits de large consommation flambent-ils subitement comme s'il y a eu auparavant une annonce d'une mise en quarantaine interdisant les gens de sortir ? L'observateur sillonnant les rues commerçantes de Aïn Témouchent, de Hammam Bou Hadjar, de Béni Saf et autres de la wilaya n'a pas besoin de faire trop d'efforts pour constater de lui-même sans être appelé à faire des démonstrations tortueuses. Les mercuriales des fruits et légumes, des viandes, des effets scolaires et des vêtements sont hautement plafonnées et intouchables pour la quasi-totalité des ménages. Le haricot vert est cédé à 100 DA, la courgette à 80 DA, la tomate à 80 et 90 DA. Le raisin a été coté à 110 DA, les bananes introuvables, la pêche à 200 DA. Les viandes rouges ont été plafonnées à 800 DA, le poulet à 285 DA et les oeufs à 11 et 12 DA l'unité. Le tablier a été fixé entre 1.400 et 1.500 DA, le cartable variant entre 1.500 et 3.000 DA.
Notre curiosité nous a poussé à scruter de loin comment agissent les ménagères accompagnées de leurs progénitures devant les expositions des boutiques à Hammam Bou Hadjar, après une heure du f'tour. Elles défilaient une à une comme les grains d'un chapelet mais rares sont celles qui osent s'approcher tellement c'est cher. «On attend, dit une femme, la quarantaine environ, à ses deux fillettes, el houkouma va distribuer des trousseaux scolaires, des tabliers et des cartables». Le message a été bien reçu par deux autres femmes voulant s'approcher des articles cités par la première.
Ces rumeurs d'une nature étrange sont rapidement semées dans les esprits des gens et germent précocement.
Cependant, un hadji fraîchement de retour des Lieux saints de l'Islam raconte la première semaine du Ramadhan qu'il a passée à La Mecque. La tradition veut que tous les commerçants, toutes activités confondues, baissent les prix durant le mois du Ramadhan. Et en toute vraisemblance, tous les pays du Khalidj adoptent cette pratique pendant le carême. Et pourtant, nous n'importons pas autant de fruits, de légumes et de viandes comme les Khalidjis. Le paradoxe est criard.
Aux souks hebdomadaires de Aïn Témouchent et de Hammam Bou Hadjar, le mouton est vendu et revendu plus de deux fois générant une augmentation de 10 à 15% d'une main à une autre. La même note s'affiche pour les fruits et légumes. Et entre le gros, le demi-gros et le détail, l'on passe parfois du simple au double. Une pratique qui n'est pas contrôlée et l'informel est à l'origine d'une grande partie de la flambée ravivée par la spéculation farouche. Peut-on parler des vertus: foi, espérance et charité ?


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