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Point de paix sans justice ! (2e partie et fin)
L'ISLAM À TRAVERS LE TEMPS
Publié dans L'Expression le 15 - 09 - 2004

on ne peut jouir des bienfaits de la liberté que dans le cadre de la paix et on ne peut instaurer la paix que par le truchement de la justice.
La Révélation qu'il reçoit progressivement au gré des événements, de même source divine que les précédentes, s'adresse à tous les hommes de la planète à travers les temps et les espace de quelque religion qu'ils soient et se propose de résoudre tous leurs problèmes sans exception aucune, grâce à l'universalité de ses principes d'une part et à l'homogénéité entre le corps et l'esprit qu'elle consacre sous tous les cieux, d'autre part, sans délaisser l'un au profit de l'autre ou dénigrer l'un par rapport à l'autre ; lacunes dont souffrent d'ailleurs, et jusqu'à présent, les systèmes de développement actuels. Les versets suivants confirment cette analyse: «Et Nous ne t'avons envoyé qu'en tant qu'Annonciateur et Avertisseur pour toute l'humanité. Mais la plupart des gens ne savent pas.» (Sourate dite: «Saba» Verset 28). Le verset 38 de la Sourate dite «Les bestiaux» ou «Al An'am» stipule quant à lui: «Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre. Puis, c'est vers leur Seigneur qu'ils seront ramenés.» Ces principes répondant à tous les besoins de l'homme, demeurent immuables jusqu'à la fin des temps.
2°) L'événement du Voyage Nocturne eut lieu comme il a été souligné plus haut, la nuit du 27ème jour du mois sacré de «Radjeb» de l'année 620 de l'ère chrétienne . Il convient de noter avec plus de précisions que l'année lunaire comprend quatre mois sacrés : trois consécutifs qui sont «Dhu-lki'da», «Dhu-lhidja» et «Moharem», respectivement le onzième, le douzième et le premier mois. Le quatrième des mois sacrés «Radjeb» étant isolé, en est le septième mois. Durant ces mois, les Arabes observaient une trêve, forme de cessez-le-feu, pendant laquelle les guerres entre différentes tribus et toutes formes de violence, étaient prohibées. Ainsi, les voyageurs et les commerçants se déplaçaient sans crainte d'être attaqués. Institutions païennes, ces mois étaient en fait une bénédiction du Créateur, Grâce à Lui Seul, afin de permettre aux hommes de revenir sur leurs différends, de se réconcilier dans le meilleur des cas, de vivre en paix et de vaquer à leurs occupations en toute quiétude. C'est donc une trêve provisoire qui incite à observer une paix durable. Le pèlerinage païen avait lieu pendant le mois de la trêve «Dhu-lhidja». C'était à cette occasion que la foire dite «Ukadh» était organisée; elle drainait vers elle les pèlerins, les poètes et les commerçants de toutes les tribus ; lesquelles, assurées que leurs membres et les animaux à immoler, portant les uns et les autres des signes distinctifs pour la circonstance, ne couraient aucun danger.
Les Arabes ne manquaient pas toutefois, de se soustraire à cette institution, et ce, par l'hérésie d'adapter le calendrier lunaire en fonction de leurs besoins de rapine. Ainsi, ils reportaient le mois de «Moharem» au mois de «Safer», réduisant à deux mois la durée de la trêve. Ce décalage se décidait à la fin de chaque pèlerinage. Ils introduisirent en outre, un troisième mois, tous les trois ans, de sorte à équilibrer l'année lunaire et l'année solaire.
La violation de la trêve était un scandale. Toute infraction à cette règle, enracinée dans les moeurs, était réprimée par les armes. Les guerres menées à cette occasion contre les transgresseurs portaient le nom de «Fudjar», (guerres de profanation). On en compta
quatre avant l'Islam. Notre Prophète, Salut Divin Sur Lui, participa à l'une d'elles, contre ceux qui avaient enfreint la trêve. C'est en quelque sorte une campagne armée, déclarée contre toutes formes de terrorisme. Selon certains chroniqueurs, le rôle du Prophète consista à fournir des flèches à ses oncles. Selon d'autres narrations, il prit activement part à la bataille, et blessa lui-même de sa lance le chef de la tribu coupable.
L'Islam maintient les mois sacrés pendant lesquels la vie et les biens étaient protégés. Le Saint Coran condamna cependant, aussi bien le décalage des mois sacrés que l'année de treize mois: «Le nombre de mois, auprès d'Allah est de douze mois, dans la Prescription d'Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion de droite. Durant ces mois, ne vous faites pas de tort, les uns les autres. Combattez tous les associateurs (polythéistes) sans exception aucune, comme ils vous combattent tous. Et sachez qu'Allah est avec les pieux. Le report d'un mois sacré à un autre est un surcroît de mécréance. Par là, les mécréants sont égarés : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d'ajuster le nombre de mois qu'Allah a fait sacrés. Ainsi rendent-ils profane ce qu'Allah a fait sacré. Leurs méfaits leur sont enjolivés. Et Allah ne guide guère les gens mécréants.» (Sourate dite «Le repentir» ou «At-tawbah» Verset 36 - 37).
Il s'agit par conséquent, de la sacralité de ces mois qui évoque la paix et la sérénité, caractérisant cette période de l'année qui est en l'occurrence, celle du pèlerinage aux Lieux Saints de l'islam. En outre, il est souvent fait appel dans le Saint Coran, aux mois sacrés et à la nécessité impérieuse d'en respecter la sacralité, en interdisant aux hommes de s'entre-tuer et de commettre toutes sortes d'injustice de nature à nuire à l'ordre social, d'une manière générale. Mieux encore, le Saint Coran a fait de ces mois des rites de Dieu, qu'on retrouve en tous temps et dans tous les Messages révélés. «Telle est la religion droite.» Il vient donc que la méthode pédagogique qui ressort de cette sacralité, liée au temps et au lieu (Mecque) est une loi divine antique, que l'islam a confirmée, en faisant un lien historique et religieux entre les croyants de toutes les époques. Hélas, de nos jours, l'on constate bafouée cette sacralité, alors que les païens, associateurs de divinités diverses, gens qu'on qualifie souvent d'arriérés ou retardés mentaux, par référence à l'échelle sociale des valeurs, en font, de père en fils, une règle d'or, respectée par tous.
Par contre, certains de nos «civilisés» s'entre-tuent, comme bon leur semble, souvent à cause de divergences superflues, chacun pour soi, pour accaparer le pouvoir et la richesse, par toutes formes d'agression, de spoliation, même en marchant sur le dos des cadavres, lesquels levèrent, un jour d'éveil, seulement le petit doigt, pour dénoncer quelques-uns de leurs agissements pervers, sans savoir que celui qui rend la sentence est malheureusement, un des leurs. Les plus avertis d'entre eux déciment des populations entières pour défendre les droits de l'homme, d'autres égorgent au nom de l'Islam, vieillards, femmes et enfants et s'accommodent avec les vautours colons, pour coloniser davantage de peuples, auxquels on apprend le langage d'une démocratie à double mesure, sans se soucier pour autant, d'aucune notion de sacralité, ni même d'aucune valeur humaine.
Pour ceux-là, cette loi pourrait même constituer, si elle est bien appliquée, une issue de secours, une occasion appropriée de mettre fin à leur désaccord, à leur tyrannie, à leur esprit de vengeance, par l'amour de l'autre, et de trouver les voies et moyens, en vue d'instaurer la paix et la sécurité sur terre. Cette loi équivaut à une trêve divine, au cours de laquelle les hommes «antagonistes» se ressaisissent et font leur autocritique, en prenant conscience de leur véritable rôle sur terre à savoir : contribuer au bonheur et au bien-être de l'humanité, sur la base d'un amour sincère, désintéressé, et d'une justice équitable et multidimensionnelle.
3°) Parmi les principaux supports du bonheur auquel aspire l'humanité, est le fait que les gens soient assurés de la garantie de leurs droits, sans oublier, bien entendu, l'accomplissement de leurs devoirs, chacun selon ses capacités, qualités et compétences, là où il faut, quand il faut, et comme il faut; et que la justice soit prononcée équitablement entre eux. En effet, il n'y a guère de plus grands facteurs générateurs de troubles et de malheur, et destructeurs de la quiétude et de la paix, que l'usurpation par les puissants vautours, des droits des faibles et de la domination des tyrans sur les gens innocents, pacifiques et paisibles. Ce sont ces phénomènes qui voient les hommes dévier des lois naturelles de Dieu et des règles qu'Il a établies dans l'univers, car ils restent les causes les plus à même de semer la haine et la discorde entre les hommes, et exacerber les sentiments de vengeance entre eux ; ce qui, au moyen ou long terme, ne peut qu'entraîner des conséquences fâcheuses, mettant en péril la stabilité de la société. Le Saint Coran a accordé à ce principe de justice entre les hommes une place privilégiée et une grande importance, aussi bien lors de la Révélation à la Mecque qu'à Médina. Il a en contrepartie, flétri l'oppression tant à la Mecque qu'à Médina et a exigé des musulmans et fidèles croyants, qu'ils soient justes, même à l'égard de leurs ennemis comme suit: «Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l'équité, cela est plus proche de la piété.» (Sourate dite «la Table servie» ou «Al Ma'idah» Verset 8).
Ainsi donc, le Saint Coran a ordonné la pratique de la justice en toutes choses, sans que cela soit particulier à un domaine précis ou à un groupe déterminé de personnes, car la justice est une règle, une législation de Dieu pour l'ensemble de Ses créatures, quels que soient leur couleur, leur sexe ou leur confession. Il importe de préciser par ailleurs, que les codes divins ont combattu le polythéisme, non pas du seul fait qu'il associe à Dieu diverses divinités, d'autant plus que la liberté de croyance et de culte est fort respectée par l'Islam; en ce sens «Point de contrainte en religion», mais en plus, parce qu'il abrite en son sein, les germes microbiens de l'injustice et de l'oppression qui font dévier les gens de la voie de la piété.
De plus, aucun des principes du Saint Coran n'a été associé à la force matérielle, à l'exception du principe sacré de la justice: «Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes et fait descendre avec eux, le Livre et la Balance, afin que les gens établissent la justice. Et Nous avons fait descendre le Fer, dans lequel il y a une force redoutable, ainsi que des utilités pour les hommes.» (Sourate dite «le Fer» ou «Al Hadid»Verset 25).
Même le principe de l'Unicité de Dieu sur lequel le Saint Coran insiste tant, n'a pas été associé à la force de fer et les négateurs de cette unicité, n'ont jamais été menacés du fer et de sa puissance, bien qu'ils aient commis le pire des crimes, en associant à Dieu d'autres divinités. Par contre, les oppresseurs ont été menacés de cette puissance du fer, dussent-ils être du nombre de ceux qui témoignent de l'Unicité de Dieu et de la véracité de Sa Révélation. «Combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre de Dieu» (Sourate dite «Les appartements» ou «El«Hujurat» Verset 9). Enfin, la paix à laquelle aspirent tous les pays de toutes les régions du monde et dont ils ne cessent d'appeler à son avènement, en tenant congrès sur congrès, ne peut se concrétiser que lorsqu'on arrive à purifier nos âmes et nos consciences, de l'influence néfaste des passions et des desiderata égoïstes, ainsi que la cupidité et des visées sur les biens d'autrui. Ce faisant, on ne peut trouver d'autres voies que celle de la justice, dont l'islam a vanté les mérites et à laquelle il appelle tous les hommes, individus soient-ils ou nations. Dès lors, s'établira le vrai bonheur sur terre, dont notre communauté, comptant plus d'un milliard de musulmans, pourrait en être l'élément moteur, si elle oeuvrait pour la réunification de tous les pays frères, autour d'un pôle directeur qu'on élirait démocratiquement, et si elle mettait en valeur ses potentialités énergétiques et ses ressources humaines.
Ce qui la mettrait sûrement à l'abri d'une mondialisation déracinante, et assurerait pour sa progéniture des lendemains qui chantent, car l'on ne peut guère imaginer un développement harmonieux d'un pays, encore moins d'une aussi grande communauté que la nôtre, sans le développement des sciences au sens le plus large du terme, d'autant plus que le Saint Coran chante les efforts des savants et incite à la recherche dans tous les domaines vitaux. De plus, comment peut-on imaginer, un instant, une grande nation comme la nôtre, sans institutions habiles, qui encourageraient la recherche scientifique là où le besoin se fait sentir et surtout qui seraient à même de dévoiler à toute l'humanité, les multiples secrets de la science, consignés dans le Saint Coran, ainsi que dans la noble Tradition de notre Prophète Salut Divin Sur Lui. Ce qui nous amène à dire, chers amis, qu'on ne peut jouir des bienfaits de la liberté, que dans le cadre de la paix, et qu'on ne peut instaurer la paix que par le truchement de la justice.
Gloire à notre Seigneur, le Miséricordieux, le Compatissant!
Que la Grâce Divine soit sur notre Prophète ainsi que sur l'ensemble des Prophètes!
Hommage à tous les valeureux combattants ainsi qu'à tous les martyrs tombés au champ de la vertu suprême.
Que Dieu nous préserve, tous, comme nous sommes, des turpitudes du moi, et nous réserve auprès de Lui un accueil des plus agréables !
(Fin)
Site : www.cheikhbadaoui.org
Mail : [email protected]
-Références bibliographiques:
Traduction du Saint Coran par Cheikh Boubakeur Hamza.
Islam (Dogme et Législation) de l'Imam Mahmoud Chaltût traduit en français par le Professeur Messaoud Boudjenoun.
Dictionnaire élémentaire de l'Islam du Professeur Tahar Gaïd.


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