Rares sont ceux de nos jours qui savent où peut commencer la liberté et la tranquillité des autres. Une notion qui s'est effritée dans notre société. La rue et les espaces aménagés sont devenus les aires de prédilection de motocyclistes inconscients qui infestent les grandes villes et empoisonnent à longueur de journée la vie quotidienne des paisibles citadins qui assistent impuissants à un spectacle infernal gratuit sous leurs yeux. Ils ne portent ni culottes, ni bottes, pas même une veste avec un aigle sur le dos et encore moins un casque pour se protéger des chutes et chacun parmi nous peut deviner aisément qu'il s'agit de ces nuées de motocyclistes, des adolescents la plupart des cas qui ont pour violon d'Ingres les folles chevauchées sur les deux-roues. Roulant à la vitesse d'une comète, ces fous du guidon sèment la panique et la peur sur leur passage dans les grandes rues et les artères principales de la ville. Même la grande place qui fait actuellement office de gare routière est devenue leur chasse gardée. Tous feux éteints, ils se faufilent entre les cortèges de véhicules, eux-mêmes embourbés dans les embouteillages, bousculant les piétons sur les bouts de trottoir au péril de leurs vies. Lorsqu'ils font leur apparition, peu avant l'heure du f'tour, jusqu'à une heure tardive de la nuit, c'est le sauve-qui-peut. Défiant les lois de la pesanteur et de l'équilibrisme, ils ne s'embarrassent d'aucun scrupule pour atteindre le summum de leurs exploits. Poussant des hurlements, accentués par le vrombissement de leur mécanique, amputée de son silencieux, ils jouent au cow-boy mais sans lasso, cascadeur et casse-cou à l'intérieur des cités populeuses, ils sont maîtres des lieux en tous moments. Ils sont à l'origine de pas moins de quinze accidents graves de la circulation enregistrés depuis le début de ce mois sacré du Ramadhan, ayant entraîné la mort d'une adolescente dans le quartier «Lamari» et 25 personnes gravement blessées. De grosses cylindrées, plus de 125 cm3, ont fait également leur apparition ces derniers jours, provoquant des nuisances sonores, accentuant de plusieurs crans la peur parmi ces jeunes écoliers en bas âge non accompagnés, à telle enseigne que la hantise a gagné tous les esprits de cette ville. C'est par essaims qu'ils écument les rues sur leurs deux-roues lancés à vive allure dans tous les sens, et ceci sans même craindre d'être épinglés par les éléments de la police chargés de la voie publique. Ces derniers ne baissent pas les bras, puisqu'ils ont réussi à mettre le grappin sur plus d'une trentaine de motocyclistes déchaînés et ont pu mettre en fourrière leurs engins mécaniques. Plus d'une dizaine d'associations de parents d'élèves soucieux de la sécurité de leurs enfants s'en mêlent déjà et élèvent la voix pour qu'il soit mis fin un tant soit peu à ces hordes de motocyclistes. Mais peine perdue, cette situation perdure et prend des proportions inquiétantes. A la lancinante question de qui pourra faire cesser ce jeu macabre, rares ceux qui pourront y répondre, le phénomène a pris de l'ampleur et ce n'est pas exagéré.