Dans quelque temps, le mois de Ramadhan 2009 aura tiré sa révérence et, comme attendu, ce mois sacré n'a pas dérogé à la règle, à savoir qu'il ne laisse personne indifférent, de par les débats publics ou privés inhérents à des sujets à polémique que certains comportements et pratiques ont soulevés durant cette période de jeûne. Et l'Aïd El-Fitr viendra à point nommé annoncer d'une manière solennelle la rupture d'une longue abstinence. Ainsi, les gens auront à savourer cet instant avec délectation de l'obligation religieuse accomplie, un sentiment de satisfaction morale qu'ils fêteront dans l'allégresse propre à cet évènement. L'Aïd, c'est aussi les préparatifs matériels. En fait, les réjouissances débuteront plus tôt, dès Leïlat El-Qadr (la nuit du Destin) avec le repas qu'on partagera avec ses prochains, ou au cours d'une cérémonie de circoncision ou d'un retour de l'Omra. Par la suite, on s'attellera à finaliser les achats utiles et nécessaires en vue de préparer les festivités proprement dites de l'Aïd. A commencer par les fameuses pâtisseries que les maîtresses de maison auront à présenter à leurs invités. Pour confectionner ces gâteaux et confiseries à la sauce locale, certains n'hésitent plus à recourir à des tierces personnes. Ces pâtissières travaillant chez elles : une activité rémunératrice, un appoint financier non négligeable pour des femmes au foyer, sans profession. Pendant le laps de temps précédent la fête de l'Aïd, les demandes s'accélèrent. Parmi les douceurs pâtissières maison les plus prisées, le makroudh demeure indétrônable, gâteau succulent, à base de semoule parfumée à l'eau de rose fourré aux dattes écrasées (gharess), que jadis on faisait cuire à l'unique boulangerie du coin. Autre spécialité pâtissière appréciée, la ghraïba, faite de pâte, de divers ingrédients et garnie de fruits secs. De nos jours, plusieurs de ces habitudes culinaires, spécifiques à la région, s'éclipsent les unes après les autres dans les dédales d'une «bouffe» soumise aux normes industrielles standardisées. En prévision de l'Aïd, les gens changent résolument de sujet d'intérêt, en se portant sur tout ce qui est fruits secs et autres produits entrant dans la garniture de la pâtisserie traditionnelle. Conséquence, les amandes, pistaches, noix et miel, entre autres, vivent leur heure de gloire en affichant une hausse sensible de leurs prix. Ainsi donc, les commerces ne désemplissent pas d'une clientèle embarrassée par la cherté des articles exposés à la vente. Alors on tourne en rond, en faisant tous les magasins, pesant et soupesant une marchandise disponible, mais à quel prix ! D'aucuns croient que ce n'est plus l'Aïd d'antan et que les conditions de sa célébration ont totalement pris une autre tournure. Le climat social délétère aidant, la fête de l'Aïd aurait perdu de son côté humain. Autrefois, l'Aïd El-Fitr ou toute autre occasion permettait de regrouper tous les membres de la grande famille autour du même repas. Ce n'est plus le cas à présent, aussi on fait avec les moyens du bord, limités, tout en essayant de sauvegarder la convivialité, parfois élargie à quelques proches et voisins. En somme, disons que le Ramadhan de cette année se termine par un temps pluvieux et que les premières odeurs automnales viennent titiller les narines dans une ambiance d'avant-fête.