A peine a-t-elle été réceptionnée que la Maison de la culture de Béjaïa ne désemplissait plus. A la grande joie des citoyens de Bejaïa, la morosité totale qui a caractérisé le début du mois sacré, s'est transformée depuis quelques jours en une ambiance des plus enviables. Chaque soir que dieu fait, un programme culturel varié est présenté au public local qui ne demande pas mieux en ces temps d'incertitude. Passer une soirée dans une ambiance de fête est désormais possible dans différentes localités de Béjaïa. Toutes les structures culturelles se sont mises de la partie pour le bonheur d'une population qui a, deux ans durant, souffert le martyre. Aujourd'hui la page est, semble-t-il, tournée. La tristesse d'autrefois a laissé place à la joie. A peine a-t-elle été réceptionnée que la Maison de la culture de Béjaïa ne désemplissait plus. Le programme tracé pour ce mois de ramadan par 1a nouvelle équipe semble, apparemment, être du goût du public qui lui témoigne son empressement devant l'entrée de l'édifice dès la rupture du jeûne. Depuis le 10 du mois en cours, la Maison de la culture de Béjaïa a accueilli toute une pléiade d'artistes de renommée. Chaque gala est en soi une fête de par la qualité des artistes mais aussi du public visiblement assoiffé de ce genre de rencontre. Par deux fois, Baâziz, en vedette, a fait vibrer une jeunesse qui prend conscience qu'il y a finalement d'autres moyens de se défouler. Fidèle à lui-même, Baâziz a su, avec son style particulier, faire oublier aux milliers de jeunes venus l'écouter, les durs moments de l'existence. Dans un tout autre style chaba Zahouania et Cheb Annouar ont fait rêver durant quatre soirées la jeunesse locale qui ne demandait qu'à danser et chanter. Reprenant leurs riches répertoires de chansons raï, ces deux artistes mondialement connus ont été, de l'avis même du public, à la hauteur des attentes. Hassiba Amrouche, Abdelkader Bouhi, N'lassa Bouchafa, Lani Rabah sont autant de vedettes qui ont eu à présenter des spectacles qu'on n'oubliera pas de sitôt ici à Béjaïa. Il était dit que la maison de la culture allait connaître un regain d'activité tout au long de ce programme qui ne prendra fin qu'avec le mois sacré. On a eu à découvrir combien nos artistes sont merveilleux face à un public connaisseur et sachant se comporter au rythme des répertoires de chaque chanteur. Baâziz, qui a ouvert la bal, n'a pas dérogé à la règle. Connaissant parfaitement le public bédjaoui pour s'être déjà, produit dans la région l'été dernier, l'artiste engagé a su dire haut et fort ce que beaucoup attendaient de lui. Son fameux tube «Welli welli» a été repris en choeur par des milliers de voix. Sur la piste, il faut vraiment pousser des coudes pour pouvoir faire quelques pas de danse. La diva du raï et Chab Annouar feront aussi un tabac. Zahouania, qui était déjà de passage dans la ville l'été passé, a d'entrée du jeu, montré ce à quoi le public du jour aura droit durant toute la soirée. Les amoureux de la danse raï en ont eu franchement pour leur compte. Cheb Anouar sera aussi apprécié dans ses chansons sentimentales. Durant ces quatre soirées animées respectivement par ces deux artistes, on aura tout vu; les plus sentimentaux et amoureux éclater en larmes et les amoureux de la danse s'en donner à coeur joie. Ce fut pratiquement la même ambiance quatre jours après avec le spectacle de Hassiba Amrouche. Avec elle ce fut particulièrement fort. La sulfureuse Hassiba, moulée dans une robe de soirée, subjugue le public, qui n'a d'yeux que pour elle. On dansera à tous les rythmes mais plus avec «mabrouk El aârs». Massa Bouchafa, en excellente danseuse kabyle aura été aussi parfaite sur toute la ligne. Sur des titres connus d'elle, le public présent a chanté et dansé dans une ambiance que seule Massa Bouchafa sait procurer. Abdelakader Bouhi, enfant de la région a égayé les amoureux de la chanson chaâbie. Ce natif de Béjaïa interprètera plusieurs titres qui ont fait l'essentiel de sa renommée. Dans la soirée du mardi passé, Lani Rabah a, lui aussi, fait fureur avec un spectacle de haute facture. Dans son style particulier, cet enfant terrible de la chanson sentimentale kabyle bercera les présents visiblement attentifs aux chaudes paroles de celui qui, à chacun de ses passages à Béjaïa, est contraint de se reproduire une deuxième fois tant il est demandé. Hier un vibrant hommage a été rendu aux pionniers de la chanson kabyle, en l'occurrence Chérifa et cheikh El-Hasnaoui. Pour ce soir le public de Béjaïa aura droit à un spectacle de Hassen Ahris. Notons également que ces mêmes artistes se sont produits dans d'autres salles à travers les régions de la wilaya. Les maisons et autres structures culturelles d'Akbou, d'Amizour et Darguina ont connu une activité riche en ce mois de Ramadan. Côté théâtre, on n'était pas non plus privé. Placé sous le signe le théâtre en fête, le TRB a connu des soirées riches et variées. Plusieurs pièces et monologues ont été programmés. Des troupes théâtrales venues de Sétif, Batna et d'Annaba se sont produites devant le public de Béjaïa. Bref, la capitale de la Soummam semble renouer avec son ambiance d'antan. Le nombreux public était au rendez-vous pour compléter le tableau. Un tableau qui résume le caractère joyeux d'une région qui a tant donné à la culture algérienne.