Il ne faisait pas bon dimanche soir avoir le coeur fragile en regardant le match Algérie-Rwanda. L'équipe nationale a en effet donné des sueurs froides aux quarante-cinq mille «tifosi» qui peuplaient les tribunes du stade Tchaker à Blida et aux millions d'autres rivés au même moment sur les écrans de télévision. Le soulagement et la délivrance pour tous ne sont venus qu'aux toutes dernières minutes de la partie. Mais que de suspense il y a eu entre-temps et, pourquoi ne pas le reconnaître, de moments de doute quant à la capacité de nos footballeurs à forcer le destin ! L'équipe nationale a pourtant incontestablement dominé son adversaire, mais elle a réellement peiné à concrétiser sa supériorité. L'arbitrage, l'excès de précipitation dans les phases décisives, mais aussi une forte dose de malchance ont été les ingrédients qui l'en ont empêché. La formidable explosion de joie qui a secoué l'ensemble de l'Algérie au coup de sifflet final a été à la mesure de la peur qui a habité les Algériens durant ces quatre-vingt-dix minutes. Le Rwanda tout de même battu, d'autres émotions encore plus extrêmes nous attendent à l'occasion de la finale et grande explication qui aura lieu au Caire entre notre équipe nationale et celle d'Egypte. Quel que soit le résultat qui sortira de cette ultime confrontation, il nous faut dire merci à Saâdane et à ses joueurs pour les joies qu'ils nous ont données tout au long de ces éliminatoires comptant pour la CAN et la Coupe du monde. Le leur dire maintenant, parce qu'il ne manquera pas de voix qui s'élèveront pour les clouer au pilori au cas où l'obstacle égyptien empêchera l'Algérie d'être présente en Afrique du Sud. La versatilité est mère de toutes les ingratitudes. Comment oublier, même si le rêve devait s'arrêter au Caire, que notre équipe nationale a déjà réalisé l'extraordinaire, qui est qu'elle a réveillé, à travers ses matches de qualification, cette fibre patriotique des Algériens que l'on croyait disparue. Rien que pour cela, il ne faudra pas l'accabler. L'EN est, avec notre drapeau national, le point de convergence de notre patriotisme et c'est ce que nos concitoyens ont exprimé en faisant bloc derrière celle-là et en brandissant dans une extraordinaire floraison celui-ci. Nous aurions tant aimé que notre patriotisme frustré ait d'autres raisons de s'exprimer que des rencontres de football. Que des personnages ou partis politiques, des succès économiques ou technologique en soient par exemple les catalyseurs. Alors, à cette équipe nationale qui nous a révélé que notre flamme patriotique ne s'est pas éteinte, gardons notre confiance et restons soudés à elle. Enfin, soyons reconnaissants à Rabah Saâdane qui, dans un contexte et des conditions pas évidents en terme de motivation, a été l'artisan plein d'humilité des retrouvailles entre le peuple et son équipe nationale. Qui a cru que cela allait être rendu possible il y a seulement deux années, quand tout et même le football contribuaient à désespérer les Algériens.