La rencontre de dernière minute organisée jeudi dernier entre le ministre de l'Education nationale et les syndicats du secteur n'ayant pas abouti, l'ensemble de ces organisations, à l'exception du SNTE (affilié à l'UGTA), ont maintenu la décision de déclencher la grève dans les établissements scolaires, tous paliers confondus, à compter d'aujourd'hui et pour une semaine. Cette fois, la «protesta» des syndicats autonomes de l'Education nationale a de fortes chances d'être massivement suivie. D'abord, parce qu'elle émane d'un front syndical unitaire, mais ensuite et surtout parce que le corps enseignant est unanime dans l'indignation que lui a causée la circulaire du Premier ministre annulant pour leur secteur l'effet de rétroactivité des indemnités. La mesure prise par Ouyahia a fait l'effet d'un «chiffon rouge» dont le résultat est que les enseignants sont déterminés à se lancer dans le bras de fer avec les pouvoirs publics au nom du principe d'équité entre les salariés étatiques et contre le mépris dont ils s'estiment, non sans raison, être les victimes. Les syndicats autonomes semblent avoir pris la bonne mesure de l'esprit combatif et de la détermination qui animent le corps enseignant suite à cette inexplicable et provocante décision du Premier ministre. Ce qui explique qu'ils ont opté pour une démonstration de protestation «dure», au sens où elle va paralyser pendant toute une semaine le secteur de l'éducation. Le ministre de l'Education, Aboubakr Benbouzid, semble lui aussi bien au fait de l'état d'esprit frondeur des travailleurs de son département. Il a essayé de désamorcer la «protesta» annoncée en organisant une rencontre avec les syndicats. Mais rien de concret n'a été atteint au cours de celle-ci. Et cela pour la simple et bonne raison que les syndicats ont compris que le ministre n'est pas en situation de s'engager et surtout de prendre des décisions sur les doléances et revendications ayant fait l'objet de la discussion entre eux. La contestation syndicale en milieu enseignant paraissait avoir perdu de sa pugnacité pour cause de lassitude face à des stratégies qui ont tourné le dos à l'action unitaire et solidaire pour s'enliser dans des mouvements de protestation répétitifs mais sans impacts réels du fait qu'ils se sont déroulés avec des déficits flagrants de la mobilisation des enseignants. La question se pose alors de savoir pourquoi Ouyahia a pris le risque de la relancer avec sa circulaire. Même les enseignants affiliés au SNTE, et donc par principe fermés au discours contestataire des syndicats autonomes, ont eux aussi ressenti l'annulation de la rétroactivité pour leurs indemnités comme une profonde injustice. Il n'est pas sûr par conséquent qu'ils resteront à l'écart de la grève qu'entameront leurs collègues. Pour les dissuader de se joindre à cette action, le SNTE adhère au principe d'une grève de protestation qu'il limite à une journée qui sera le 16 novembre prochain. Sera-t-il entendu ? Rien n'est moins sûr, tant l'ébullition provoquée par la décision d'Ouyahia est forte en milieu enseignant, désormais tenté par la démonstration de force.