Le réchauffement de la planète et les changements climatiques qui en sont la conséquence avérée menacent la planète, et inquiètent la communauté internationale. Le sujet se trouve à l'ordre du jour de nombreux forums mondiaux, ces derniers temps à la veille de la conférence de Copenhague. En effet, il semble important de réfléchir sur ces phénomènes nouveaux de réchauffement de la planète, induits dans le passé par un certain processus de développement et d'industrialisation, et sur leurs conséquences au présent sur notre environnement, notre développement et notre existence. Les impacts négatifs des changements climatiques sur la sécurité énergétique, sur les problèmes de l'eau potable, sur la sécurité alimentaire, sur la préservation de l'environnement du genre humain et des autres êtres vivants, sont considérables. C'est un défi majeur, car il s'agit de réduire le réchauffement de la planète et introduire des modes de développement et des comportements nouveaux, pour faire face aux risques. En ce sens, il est beaucoup attendu de la réunion de Copenhague en décembre à laquelle assisteraient des scientifiques, des parlementaires, de simples citoyens du monde, mais aussi de nombreux hommes politiques et chefs d'Etat. Cette rencontre de Copenhague s'attellerait à rechercher des solutions aux problèmes de réchauffement de la planète, résultant de l'industrialisation effrénée au cours du siècle dernier. En effet, l'émission de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre qui ont accompagné cette période ont provoqué des dégâts considérables, et sont à l'origine de tous les problèmes d'environnement qui menacent aujourd'hui notre planète. Les effets des changements climatiques sur l'environnement sont considérables, quand on sait que la température augmentera de 4° C au cours du siècle et multipliera les phénomènes d'inondations et de désertification des sols, qui menaceront la sécurité alimentaire dans beaucoup de pays comme au Delta du Nil du fait des inondations, ou dans le Sahel du fait de la sécheresse, pour ne citer que des régions proches de nous. Or la protection du sol est un défi majeur car il constitue non seulement une base des civilisations, mais aussi fournit 90% de la nourriture à l'humanité. La perte des terres est souvent irréversible et ses effets sur les sociétés humaines sont dévastateurs. Egalement, les risques sur l'alimentation en eau potable se poseront avec acuité pour l'humanité, d'autant que la demande augmente sans cesse. A titre d'illustration, depuis 1955 à ce jour la demande mondiale en eau a augmenté de 6 fois. Les prévisions des spécialistes pour l'Afrique sont catastrophiques, car la diminution de la production d'eau peut aller jusqu'à 50% pour ce continent. En plus de l'aggravation de la faim et de la soif souvent dans des pays déjà pauvres, de graves problèmes de santé et des pandémies se développeront, si on n'y prend pas garde. De nombreux pays connaissent déjà cette situation. D'autres manifestations de ces phénomènes extrêmes apparaitront. Déjà, il est établi que les grands incendies de Californie ou d'Athènes, cet été, sont renforcés par des conditions climatiques particulières, nouvelles. D'ailleurs les incendies de forets sont considérés comme une des manifestations des changements climatiques à venir. Il devient clair que ces scénarios tout à fait probables dus aux changements climatiques, seront à l'origine de l'insécurité dans beaucoup de parties du monde. Car la relation entre la faim et les conflits communautaires voire les guerres civiles ne sont pas à démontrer. De nombreux conflits apparaîtront puisque ce sont des millions de personnes qui vivront sous le seuil d'acceptabilité, selon des études de la Banque mondiale. Egalement, le parallèle entre les problèmes de désertification des sols au sud de la méditerranée (particulièrement en Afrique sub-saharienne) et l'émigration des populations vers le nord, est à faire de façon évidente. Les pays africains, du fait de leur fragilité, seront les plus touchés, alors que l'Afrique produit moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les changements climatiques seront à l'origine de déplacements des personnes dans de nombreux endroits du monde (comme au Bangladesh, ..), entrainant ainsi des problèmes de prise en charge de réfugiés, avec les conséquences que cela suppose. D'un autre coté, les changements climatiques peuvent intervenir de manière abrupte (en 15 à 20 ans), ce qui n'est pas un délai qui permet d'attendre trop longtemps. Ainsi, la communauté internationale est mise devant ses responsabilités, et doit se préparer immédiatement à maitriser les effets négatifs du réchauffement climatique et des changements qui sont induits. Les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme depuis le sommet de Rio et appellent à une solution concertée et énergique. Notamment, la préparation d'un texte de remplacement à celui de Kyoto qui prend fin en 2012, devient une nécessité pour impliquer les pays développés au respect des engagements internationaux. Le débat ne doit pas être piégé à Copenhague, même s'il ne va pas manquer de soulever la question de la responsabilité des Etats dans le réchauffement de la planète et les changements climatiques. Des pays développés accusés d'avoir pollué la planète pendant longtemps, accusent aujourd'hui les pays émergents, pour leur absence d'implications dans la définition d'une politique énergétique appropriée qui protègerait l'environnement. Mais l'important est de définir une politique mondiale de l'environnement capable de stopper cette dangereuse catastrophe à laquelle nous nous dirigeons. Car le défi est mondial et exige des approches coordonnées. Malheureusement, l'inquiétude de ne pas réussir un traité qui réduirait le réchauffement de la planète est grande, pour de multiples raisons. De nombreux hommes politiques commencent, déjà, à se reprocher l'échec qui se profile, en se renvoyant la balle entre pays riches et pays émergeants. La réalité est que les gouvernements des pays riches ne sont pas prêts à sacrifier un peu de croissance économique de leur pays, au profit d'avantages environnementaux pour le monde. La mondialisation qui a ouvert les voies de l'échange entre les peuples s'en trouve aujourd'hui compromise. En Algérie, les effets du changement climatique sont déjà là : Les chaleurs d'été inhabituelles signalées dans des régions supposées clémentes jusque là, les fortes précipitations de pluies très localisées en des temps très courts (entre une et deux heures), et puis les inondations de plus en plus fréquentes, dont celles qui ont marqué les esprits (Bab El Oued, Ghardaia, etc.), témoignent que des changements s'opèrent autour de nous. D'ailleurs notre région de la Méditerranée est une des régions les plus sensibles et vulnérables aux changements de climat et aux nouveaux phénomènes extrêmes. La région méditerranéenne est sujette à une diminution de la pluviométrie, et aux inondations du fait de chaleurs particulièrement élevées en été, prédisent les spécialistes. La politique de l'Algérie en matière de protection de l'environnement est l'une des plus avant-gardistes du continent. Notre pays est signataire du traité de Kyoto et toutes les conventions internationales en la matière. En tant que producteur d'hydrocarbures, il développe une expérience réussie en matière de piégeage du CO2 dans le sous-sol, ainsi que d'autres actions en faveur de l'environnement. Mais au plan interne, avons-nous pris toute la mesure pour faire face aux risques dus aux changements climatiques ? Les mois de septembre et octobre derniers ont été chargés d'évènements inquiétants, largement signalés par la presse : chaleurs caniculaires, pluies diluviennes à des endroits inhabituels, inondations, etc. Avons-nous (avons-nous tous) saisi qu'il s'agit dorénavant de risques de type nouveau qui méritent des mesures adaptées et des comportements appropriés de notre part. Car tout ou presque est à remettre en question : les modes de transport, d'habitat, d'industrie, dans l'agriculture. Ces phénomènes dus aux changements climatiques mettent à l'épreuve tous les acteurs, et ce ne sont pas uniquement le gouvernement et l'administration qui sont interpelés. Car ce ne sont pas seulement des mesures techniques ou réglementaires à mettre en oeuvre par des pouvoirs publics. Il s'agit d'évaluer les impacts et les risques pour suggérer des mesures d'adaptation globales, auxquelles il y a lieu de faire adhérer le maximum. Les partis politiques sont concernés. La société civile est fortement interpelée. L'implication des élites est importante. Le rôle des médias est précieux. C'est une culture nouvelle qu'il s'agira de proposer à la société. Il serait, alors, tout à fait utile qu'on s'interroge sur la gestion de l'eau pour les populations, car les conséquences des changements climatiques sur la désertification des terres, sur les ressources en eau, ne sont pas favorables dans la région où nous vivons. Une culture de l'eau qui définisse notre rapport à cette matière vitale, reste à promouvoir. Et du sens doit être donné à la convention internationale contre la désertification, dont l'Algérie est signataire. Egalement, la protection des personnes et des biens, qui sont une préoccupation permanente des pouvoirs publics, devrait aussi nous interpeller puisque des phénomènes extrêmes de type nouveau, accompagneront ces changements climatiques. Un nouveau mode de gestion des risques et des catastrophes doit être imaginé, avec l'introduction de moyens d'observation et d'analyse modernes. Ainsi que des plans d'action, dont certains existent déjà, devraient être accessibles au citoyen. Enfin, la question de la sécurité énergétique du pays est essentielle dans la définition de toute politique future de développement économique et social. En réalité, c'est ce changement de mode de production et d'utilisation de l'énergie qui conditionnera le plus les modes de vie et les comportements nouveaux. Pour l'exemple, en prévision de l'épuisement des hydrocarbures et face à la demande de protection de l'environnement, une grande société de fabrication d'automobiles prévoit dés 2011 de mettre sur le marché des petites voitures électriques d'une autonomie de 150 kms, pouvant se recharger par prise de courant à des stations qui seraient installées pour cet objet. Cela constitue une petite révolution dans les habitudes de transport. Mais en fait ce n'est pas que le mode transport qui sera perturbé, mais c'est toute une façon de vivre qui est bousculée. Il apparait important d'intégrer dans les nouveaux modes de développement les nouvelles exigences de protection de l'environnement, et tenir compte de l'épuisement progressif et irréversible des énergies fossiles. Ce double défi d'assurer l'énergie nécessaire au développement économique et social du pays exige la maitrise de nouvelles énergies, autant que faire se peut, renouvelables. Il est également nécessaire pour l'Algérie de diversifier les ressources et les origines de l'énergie nécessaire aux mécanismes mis en œuvre pour ses plans de développement. En réalité, dès 2002 la loi relative à l'électricité a intégré les énergies nouvelles dans le schéma de production de l'électricité. De nombreux avantages ont été consentis à cela. De plus, la projection donnée à la loi de finances 2010 pour la création d'un fonds alimenté à partir de la fiscalité pétrolière pour financer le développement des énergies renouvelables, est une preuve supplémentaire à cette orientation. Car des pays développés non producteurs d'hydrocarbures, « jouent » sur les prix du pétrole pour financer la recherche sur les énergies renouvelables, afin d'assurer une sécurité énergétique « après pétrole ». A ce propos, il est aisé de constater que le sens accordé au concept de « sécurité énergétique », c'est-à-dire « approvisionnement suffisant et prix raisonnable », n'est pas le même pour tout le monde. Pour les pays développés, les prix accordés aux producteurs doit juste leur assurer les investissements nécessaires au maintien de la production suffisante pour les approvisionner en hydrocarbures aujourd'hui, et assurer leur reprise économique, demain. Pour nous, la définition des prix des hydrocarbures doit non seulement assurer notre développement actuel, mais préparer l'après pétrole par la maitrise technologique des énergies renouvelables.C'est aujourd'hui qu'il faut travailler à la sécurité énergétique de demain et négocier une coopération qui assure à l'Algérie un réel transfert de connaissances et de technologie, dans le futur schéma énergétique. En matière d'énergie renouvelable, l'effort de l'Algérie vise à atteindre 5% du bilan énergétique à l'horizon 2015, et 10% vers 2030. Il est tout à fait louable pour un pays en développement, quand on sait que le projet européen vise à réduire d'ici à 2015 de 20% l'utilisation des hydrocarbures pour les remplacer par 20% d'énergies renouvelables, et d'introduire dans le transport 10% de biocarburant. Dans cet effort, la voie du solaire est la plus indiquée, à notre avis : D'abord, le pays est très ensoleillé pendant toute l'année et dispose d'un potentiel humain scientifique important, en chercheurs algériens formés sur le sujet. D'un autre coté, il y a une industrie électronique (Sidi Belabbès, Tizi Ouzou, et d'autres endroits) susceptible de soutenir la recherche et la fabrication industrielle de panneaux solaires, de batteries accumulatrices, etc. D'un autre coté, l'intérêt pour l'énergie nucléaire pour la production de l'électricité, semble reprendre de l'importance dans le monde, en raison de l'amélioration dans la maitrise technologique, mais aussi pour une question de prix. La révision de la vision sur le nucléaire est aussi encouragée parce qu'il n'y a pas d'émission de gaz carbonique qui accompagne cette technologie. Ainsi, tout récemment, 30 pays ont demandé un programme nucléaire pour l'utilisation civil. L'Algérie, quant à elle, s'est engagée pour l'utilisation pacifique et sure de l'énergie nucléaire, dans le cadre de la coopération avec l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et d'organismes ayant une expérience et une maitrise avérées de cette technologie. Enfin, si les changements climatiques sont inéluctables, les adaptations pour un nouveau mode développement économique et social sont possibles. Le défi pourra donc être relevé. * Universitaire, membre du Conseil de la nation