C'est avec le drapeau dans la peau que les Algériens se sont rendus au pays des pharaons. Trêve de harga, pour cette formidable jeunesse en liesse, l'emblème est en ballottage dans l'arène du mondial, il faut soutenir l'effort de ceux qui défendent l'honneur des couleurs. Aujourd'hui, il n'y a que le discours du ballon qui peut créer l'engouement de tout un peuple. Une jeunesse qui positive, qui se solidarise et qui crie sa complainte à l'unisson honnête cette fois-ci avec ses gouvernants, comme au temps de la Révolution, contre le guet-apens de la caillasse. Le sang a coulé encore une fois en novembre, celui des Guerriers (et non pas des Fennecs) du désert. L'instance du foot s'en fout avec ses figurants. Elle recourt encore une fois à sa pantomime, attitude de forfaiture déshonorante. Les mêmes foucades et les mêmes oukases sont édictées, qu'à cela ne tienne le foot a ceci de particulier, c'est un formidable révélateur et en même temps un redoutable détonateur. D'abord il nous entraîne dans les dédales d'une passion mais en même temps, il nous fait découvrir les feintes et les dribbles de la connivence dans la complaisance. En revisitant cette histoire « bête » qui, une fois encore se répète, on se contente au moins de dire que cette FIFA s'est fait une fois de plus piégée. L'Algérie lui fait découvrir à chaque fois son visage fat. Après le match de la honte en 1982, voici venu son silence de la honte. Elle a une fois de plus botté en touche. Aux yeux de cette instance, le lynchage nocturne de l'hystérie pharaonique n'est qu'une preuve platonique donc pas de panique ! La condamnation des agressions, c'est le parti des grandes nations. Cette façon de faire paradoxale qui sanctionne uniquement à la tête du client et qui en même temps veut prôner le fair-play est complètement décrédibilisante. Les images exclusives de l'insoutenable ont fait le tour de la planète et ont sapé leurs derniers boniments saupoudrés d'une garantie de copinage. La fournaise du chaudron de la terreur a ajourné la ferveur. Nos novembristes-footballeurs ont mené bataille malgré leurs meurtrissures comme celles de leurs vaillants aînés. L'hallali de la victoire est reporté, ce sera un mercredi qui refera l'histoire, cette fois-ci - espérons le - sans déboires ? Mais, désormais, nous savons, nous savons que ce pays du Nil qui nous a caillassés, poignardés et agressés, qui nous chantonnait la fraternité au nom d'un panarabisme racoleur mais qui s'incline avec la plus vile servitude devant Israël en affamant un peuple voisin digne qui lutte pour sa liberté ! Ce pays qui, au nom d'une suprématie enracinée dans sa bulle chauviniste, s'érige comme le centre du monde. Cette démesure grotesque s'est permise de souiller avec le sang de nos compatriotes en ce mois de novembre, les valeurs d'une souveraineté arrachée par le sang d'un historique Novembre. S'il en est ainsi, il est alors temps que cette Algérie redéfinisse ses horizons géopolitiques et « déssentimentalise » ses relations diplomatiques. Par contre, une chose est sûre, ce pays a vécu ses jours les plus heureux depuis son Indépendance. Le virus de la liesse de sa jeunesse s'est emparé de tout un peuple. Le sursaut est venu cette fois-ci de la passion du ballon rond, les exploits de cette équipe et de ses péripéties ont réuni et uni le pays dans la ferveur et la douleur. Il devient quasiment impossible de s'imaginer que la victoire ne soit pas verte ce mercredi soir. Cet attachement sans faille à cette équipe a créé un élan de solidarité jamais vécu. On se bouscule aux passerelles des avions pour aller prêter main forte aux capés dans leur dernière passe d'arme avant le grand rendez-vous. Ce pays, qui doit appartenir à tous, est ainsi fait depuis les nuits de ces multiples souillures à travers l'histoire. L'épreuve du Caire ne devrait pas être un épisode triste mais plutôt l'occasion de raffermir la trame tissée par les liens de solidarité légendaire avec ce qu'avaient enduré nos concitoyens, de rebondir, d'ouvrir de nouvelles espérances à ceux-la même qui donnent chaque jour la preuve de la force de leur attachement à ces terres en portant cette fois l'étendard aux fins fonds du Soudan pour réconforter leurs pairs dans l'ultime bataille d'un autre novembre. Qu'importe l'issue de la rencontre, il est sûr que ces jours de fièvre ont ranimé en chacun de nous cette flamme d'espoir qui peut forcer et forger notre destin. Il suffit d'y croire, nos dignes prédécesseurs, eux y ont cru. Décidemment le mois de novembre demeurera à jamais notre nuit de destin !