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Le mythe mort à Ghaza
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 11 - 2009

«La guerre, c'est la guerre des hommes; la paix c'est la guerre des idées» - V. Hugo
La victoire de l'Equipe nationale de foot à Khartoum n'en finit pas d'alimenter les passions, de susciter des décantations à ne pas sous-estimer pour, enfin, faire opérer des réformes en profondeur et d'impulser une diplomatie sur plusieurs niveaux. Parmi ces derniers, la culture, les médias, les sports occupent des places stratégiques et sur le long terme dans les politiques publiques des grandes nations. Or, sur ces axes, l'Algérie possède de grands atouts qu'il suffit de mobiliser, de mettre en ordre pour des batailles pacifiques dans la liberté d'expression et de création, à l'abri des courants archaïques, conservateurs, islamistes qui ont de toute évidence des ramifications et des relais à l'étranger. Une des têtes pensantes de ces relais, de réseaux actifs, qui ont de gros moyens aux plans de la propagande idéologique et du terrorisme sous toutes ses formes, est la secte des Frères musulmans.
Il a suffit d'une rencontre perdue par l'Egypte pour que le résultat se transforme en une défaite pour le Caire dans une configuration arabe dominée par la suprématie, l'arrogance et le mépris absolu des lois internationales d'israël. Grâce au soutien inconditionnel des USA, des grandes puissances et à la démission servile de nombreux régimes arabes, l'Etat juif massacre allègrement, chaque jour, les populations de Palestine en plus de leur asphyxie organisée par le pouvoir égyptien. Ce dernier a longtemps été considéré comme le leader incontesté de la «Oumma» qui est allée de défaite en défaite jusqu'aux régressions actuelles. Cette «communauté» de langue et de religion est dépendante pour l'alimentation, la voiture, le médicament, la technologie, l'armement (pourquoi faire et contre qui ?) tout en ayant certains de ses territoires occupés et d'autres colonisés.
Les réactions disproportionnées, démagogiques et populistes du régime égyptien vis-à-vis de l'Algérie sont pathétiques. Elles rendent parfaitement compte du sous-développement intellectuel, de la fuite en avant et de l'absence de perspectives démocratiques, de modernité et d'alternance au pouvoir. Ce qui est propre à tous les régimes du monde arabe, qui se trouve face aux rassemblements et aux mutations rapides et radicales que connaît le siècle. le pays de Nasser, Naguib Mahfoud, Youcef Chahine est amèrement en perte de vitesse avec le peuple égyptien comme première victime. Etre et rester leader du monde arabe se mérite par le développement, l'élargissement de toutes les libertés, les progrès scientifiques et technologiques, les productions culturelles et leur rayonnement sur le monde.
Après avoir investi dans le foot et des chaînes de télévision, ce qui est de bonne guerre, l'Egypte, au détour d»un simple match, se rend compte avec amertume que cela est nécessaire mais de loin insuffisant. Les réponses apportées, pêle-mêle, par la rue algérienne, ont touché le coeur du système égyptien et incitent les décideurs algériens à opérer des sauts qualitatifs comme l'ont fait les jeunes aux quatre coins du pays et l'équipe nationale qui remonte dans le classement de la FIFA. Les Algériens ont regardé les chaînes de TV du Caire qui offrent des programmes médiocres et des informations à la roumaine avant la chute du Mur. Elles ont comblé un vide à l'échelle algérienne aux côtés des chaînes du Qatar, Dubaï, Abou Dhabi, de France, de Tunisie et du Maroc. Ce qu'a fait l'Egypte est à la portée de n'importe quel investisseur algérien, privé et public. Les compétences existent, les créateurs sont là et à l'étranger, et les studios s'achètent comme les transpondeurs se louent comme n'importe quel transport.
La rue algérienne a mis fin à un complexe irrationnel, nourri par tous les avatars du baathisme (laïque à l'origine) par tous les courants conservateurs, archaïques, bigots dans tous les pays arabes, par des panarabistes figés dans l'époque de Nasser, des nationalisations dans les pays arabes après la décolonisation et des sangs mêlés au cours des guerres israélo-arabes. L'auteur de ces lignes se souvient, en compagnie d'autres confrères algériens, de la fureur à l'aéroport du Caire, après le cessez-le-feu signé par l'Egypte en 1973, du ministre algérien des A.E., devant des maréchaux égyptiens honteux et éberlués. Déjà, la trahison de la «Oumma» !
Aujourd'hui, la génération facebook arabe, insolente, inventive, et malheureusement ignorante de son histoire, de celle d'un passé arabe glorieux, veut la rupture. Des élites arabophones ou parfaitement bilingues travaillent à l'université, s'expriment dans la presse privée, dans certaines formations politiques. Ces élites et de larges pans de la jeunesse entendent se démarquer en profondeur d'une «arabité», rente vermoulue par le temps, diffuse, confuse et nostalgique (l'Andalousie, nationalisation de Suez, montée en puissance du FIS, pour renouer avec ses racines (amazighité, méditerranée, Afrique et arabité grâce à l'Islam perverti et manipulé par les régimes). Malgré le faible débit, la censure, une offre réduite la jeunesse algérienne s'accapare de tous les instruments de communication pour dire ses ambitions pour le pays et pour elle.
Les élites et la jeunesse ne trouvent pas, comme en Europe, des espaces audiovisuels pour dire, écouter et apprendre pour mieux construire l'avenir. Se déchaîner de temps à autre contre des TV d'Europe, Al-Jazeera ou dans d'autres contrées est un aveu d'échec et d'impuissance. Sur un stade, il y a une équipe face à une autre. Dans l'opinion, il y a de grandes et vraies chaînes de TV face à des concurrences modernes, outillées, libres et cependant régulées par des lois et des instances. Les Algériens ne veulent plus être de simples spectateurs aux côtés d'appareils spécialisés dans la pleurnicherie et des postures de victimes devant des médias dominateurs. Le pays peut être rapidement à hauteur des pays où la communication plurielle est facteur de développement démocratique et de rayonnement. Quant à l'Egypte, avec le plus grand respect dû à son peuple, c'est un mythe dépassé du passé enterré à Ghaza, pour n'être plus que des «restes», un supplétif d'Israël.


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