L'OTAN enclenchera en début d'année une nouvelle stratégie militaire en Afghanistan à travers un renforcement soutenu de ses troupes. C'est ce qu'a affirmé le secré-taire général de l'Organisa-tion transatlantique nord (OTAN) lors de la conférence de presse qu'il a animée mercredi dernier au quartier général de l'Alliance à Bruxelles. Anders Fogh Rasmussen, cet ancien Premier ministre danois, plutôt connu dans le monde musulman pour avoir férocement défendu les caricatures du prophète Mohamed (QSSSL), est donc devenu aujourd'hui patron de l'OTAN en remplacement du Néerlandais Jaap De Hop Scheffer. Bien qu'il a salué la décision du président américain d'envoyer de nouveaux soldats en Afghanistan, il a souligné cependant que «la guerre en Afghanistan n'est pas seulement celle de l'Amérique». Et c'est ce qui pousse aujourd'hui l'OTAN à insister sur le principe de la « multilatéralité » de l'intervention atlantiste en Afghanistan. « Si nous voulons rendre l'Afghanistan plus stable et si nous voulons être plus en sécurité, nous devons tous faire davantage. (...) Les Etats-Unis ont suivi une approche multilatérale pour cette opération. Nous devons maintenant apporter la preuve que le multilatéralisme donne des résultats concrets », a-t-il souligné. C'est ce qu'il a répondu à une question relative au refus du président français d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan. « Le président Obama a annoncé une augmentation significative des troupes. Dans cette situation, il est crucial que les autres alliés suivent », a-t-il dit. A défaut, il pense que « l'équilibre de l'Alliance est en jeu. Il est donc important de le faire pour que l'opération en Afghanistan ne soit pas perçue comme une opération américaine pure et simple », continue-t-il d'expliquer. D'autant, a-t-il noté, que « nous avons demandé aux Etats-Unis une approche multilatérale mais si les alliés ne la suivent pas, je pense que les Américains la remettraient en cause ». Les Etats-Unis ont déjà déployé dans ce pays 71.000 hommes. Ils comptent en rajouter 30.000. D'autres membres de l'OTAN comptent en envoyer 5.000 (bien plus selon des responsables militaires) en plus des 38.000 qu'ils ont déployés. L'OTAN souhaiterait en avoir 480.000 pour, disent ses responsables, «régler une fois pour toutes le problème afghan». Les pays atlantistes pensent à travers un redéploiement plus renforcé de leurs troupes en territoire afghan, assurer la formation des services de sécurité locaux et en même temps protéger les populations et garantir au pays un développement économique et social. « Notre objectif principal est très clair: transférer aux Afghans, le plus tôt possible, la responsabilité principale de la gestion de leur pays», a affirmé Rasmussen. Hier, il a annoncé dans un point de presse avoir eu la promesse de l'envoi de 7.000 soldats par 25 pays. C'est, pour lui, une transition qui va s'opérer en interchangeant les rôles: « les forces afghanes vont prendre le relais et nos forces auront plutôt un rôle de soutien. » Il s'empresse cependant d'expliquer que « transition n'est pas synonyme de stratégie de sortie. Il s'agit de transition vers un rôle différent. Nous n'avons nullement l'intention de relâcher notre effort avant la ligne d'arrivée, après avoir parcouru une telle distance et consenti un si grand sacrifice. » Il semble cependant qu'au quartier général le discours d'Obama a été apprécié différemment particulièrement quand il a dit que dans 18 mois s'opérera le retrait de ses troupes de l'Afghanistan. C'est-à-dire en juillet 2011, une année à peine avant la fin de son mandat présidentiel. Une responsable de la division de la diplomatie publique de l'OTAN, Carmen Romero, a tenu en effet à préciser que le président Obama a dit que dans 18 mois, les troupes atlantistes commenceront « petit à petit de ce pays » leur retrait, c'est-à-dire que « les troupes se retireront au fur et à meure que les services de sécurité afghans pourront assurer la sécurité dans les différents districts ». Drôle de confusion. Mais à première vue, les Américains veulent procéder de la même manière que ce qu'ils ont fait en Irak. Ils savent que les autres alliés suivront la feuille de route américaine sans rechigner. Ceci, même si le SG de l'OTAN avait, avant Carmen Romero, précisé que « nous resterons aussi longtemps qu'il faudra pour finir notre travail ». Rasmussen a fait savoir qu'en plus du déploiement de forces supplémentaires qui va commencer l'année prochaine, il y a aura plus d'aide au développement « à commencer par la promesse de dons du Japon de 5 milliards de dollars » et « l'intensification du volet civil de l'effort global notamment à travers le plan d'action de l'Union européenne ». A une question sur l'éventualité de l'ouverture d'un dialogue avec les Talibans en vue « d'une réconciliation nationale », Rasmussen a estimé que « les Talibans doivent accepter pour cela certaines conditions, à savoir accepter la constitution afghane et de négocier avec le gouvernement afghan ».