L'Otan, qui active pour la première fois hors de son aire géographique traditionnelle, tente de recentrer ses missions autres que militaires. En prévision du prochain Sommet de l'Otan qui se tiendra les 28 et 29 novembre à Riga (Lettonie), le secrétaire général, Jaap De Hoop Scheffer, a tenu, jeudi, une conférence de presse au siège de l'Organisation transatlantique. «Le Sommet de Riga sera le premier sommet de l'Otan qui se tiendra entre pays membres, c'est-à-dire à 26», a annoncé le patron de l'Organisation. A ce titre, il revêt un caractère particulier dans la mesure où il abordera la question de la transformation de l'Otan et sa stratégie pour la décennie à venir. «Il s'agira de revoir toute la gamme des missions et des opérations de l'Otan, de promouvoir la stabilité, garantir la sécurité et défendre les valeurs démocratiques» a expliqué, en substance, M.Jaap Scheffer, avant d'ajouter: «Riga ne sera pas un sommet de routine comme ceux de l'UE par exemple. Les chefs d'Etat se pencheront sur le renforcement de la sécurité transatlantique.» Et pour devancer toute critique du caractère guerrier de l'Otan, le secrétaire général estime que les médias internationaux donnent souvent une image négative de l'organisation, en se limitant uniquement à son aspect militaire et répressif. «Si vous comparez la situation en Afghanistan entre 2001 et aujourd'hui, vous comprendrez que nous venons de loin» a-t-il affirmé, puis d'ajouter: «Il y a six fois plus d'enfants qui vont à l'école que durant le règne des talibans, il y a 25% de femmes au Parlement afghan, l'enseignement supérieur a progressé, le revenu par habitant a plus que doublé...Est-ce à dire que nous n'avons rien à faire de plus?» Et de répondre «bien sûr que non, il reste à la communauté internationale, et pas seulement à l'Otan d'aider l'Afghanistan pour une bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, l'instauration de traditions démocratiques...» Enfin, le secrétaire général a conclu sur ce chapitre en rappelant qu «'il ne faut pas comparer l'Otan à une ONG.» Revenant au contenu du Sommet de Riga, le secrétaire général a déclaré que les chefs d'Etat et de gouvernement adopteront la Directive de politique globale, qui servira de cadre à la transformation de l'Alliance pour les 10 à 15 ans à venir, et définira les priorités et tout ce qui a trait aux capacités, aux disciplines de planification et au renseignement. A préciser que la Directive de politique générale ne remplace pas le Concept stratégique de l'Alliance. Selon le premier responsable de l'Organisation, il est évident que toutes les décisions politiques et militaires qui seront prises à Riga, s'inscrivent dans le contexte global de lutte antiterroriste. A Riga, les 26 membres de l'Alliance discuteront d'une coopération plus étroite avec l'Australie, le Japon, la Nouvelle Zélande et la Corée du Sud, pays non membres de l'Otan et qui participent, soit par des effectifs militaires dans les missions de l'Alliance (Australie), soit en appui financier (Japon). La question de leur adhésion à l'Otan sera posée. Dans ce même ordre d'idées, et au travers du débat avec la presse, M.Jaap De Hoop Scheffer a laissé entendre que les pays des Balkans, tels la Croatie, le Monténégro ou la Bosnie, sont sur le chemin de l'adhésion à l'Organisation. «La porte de l'Otan est toujours ouverte» a-t-il déclaré. Bien sûr, il s'agira pour ces pays de remplir un certain nombre de critères politiques et militaires. «L'Otan est prête à aider dans ce sens», a affirmé le patron de l'Alliance. Par ailleurs, le secrétaire général a précisé qu'il ne revient pas à la seule Otan de défendre la sécurité et la liberté dans le monde. L'Union européenne et les Nations unies ont un rôle capital à jouer: «L'Otan ne cherche pas un rôle de policier général dans le monde. Nous n'avons ni les moyens humains ni les finances pour un tel rôle. Nous faisons notre part de travail en comptant sur l'aide des pays qui défendent les même idéaux» a-t-il résumé. Il est clair que le secrétaire général de l'Otan a annoncé ce jeudi, à Bruxelles, que le Sommet de mardi prochain marquera un tournant dans l'avenir de l'Alliance. Annoncera-t-il de nouvelles adhésions par exemple?