Si, la psychose tant redoutée ne frappe pas encore à la porte, le spectre de la grippe porcine prend toute son ampleur au niveau des structures sanitaires envahies et débordées par des citoyens venus aux nouvelles et particulièrement anxieux après les premiers décès enregistrés et annoncés à quelques heures du dernier Aïd. Oran, qui a ouvert le bal macabre, avec ses deux victimes du virus A, continue à vivre au rythme des rumeurs et des bruits donnant plus de tragique à la situation déjà préoccupante. Ainsi, et après la troisième personne décédée en tout début de semaine, les rumeurs se sont amplifiées. En tout état de cause, et depuis dimanche dernier, la grippe porcine a causé officiellement 12 décès et le nombre de cas confirmés en Algérie a atteint 370 personnes. Pourtant, et malgré les assurances de Saïd Barkat, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, quant aux moyens mobilisés par le gouvernement pour lutter contre la propagation de cette grippe et l'imminence du premier arrivage de 900.000 doses sur un quota de 20 millions de vaccins commandés, l'inquiétude ne cesse de prendre le pas sur la volonté de comprendre des citoyens. En l'absence d'informations précises quant à l'utilisation de moyens de prévention, en dehors des insipides et stériles recommandations sur l'hygiène, les rares mesures prises ça et là sont d'ordre individuel et n'obéissent qu'à la peur de contracter le virus surtout dans les endroits confinés et publics. Comme pour mieux illustrer cette inquiétude grandissante, l'exemple d'un bureau de poste de l'Est d'Alger où des employés travaillent avec un masque couvrant la bouche et le nez. Ce début de panique, à peine déguisé, est à chercher du côté des parents d'élèves, tous paliers confondus, qui craignent une épidémie soudaine pouvant toucher un établissement scolaire et contaminer leurs enfants. Ainsi, les parents, en désespoir de cause, n'ont que des conseils à prodiguer à leurs enfants comme ne pas s'asseoir à côté d'un élève enrhumé ou grippé ou encore de se laver les mains à chaque occasion, ce qui reste difficile à faire quand on connaît l'état des sanitaires de beaucoup d'établissements scolaires. Néanmoins, et pour prévenir contre la transmission de la grippe H1N1, des informations font état de l'exigence faite aux élèves, tous paliers confondus, de se prémunir de bavettes médicales qu'ils mettront sur leur bouche et nez. Cette mesure, décidée par les responsables de l'éducation et de la santé, se heurte à la disponibilité du masque, introuvable dans les pharmacies. Cependant, cette décision reste encore au stade du conditionnel au même titre que les nouvelles annonçant le port du masque par les chauffeurs de taxi. Contacté à ce sujet, le premier responsable local de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, A. Moâad, s'est dit étonné en précisant que rien ne pourra se faire sans l'aval premier du ministère de la Santé, seul habilité à recommander des mesures préventives à pareille échelle. Par ailleurs, des actions de prévention et de sensibilisation sont menées au niveau des entreprises et autres instituts de formation et universités à travers le service de la médecine du travail. En plus des affichettes de sensibilisation placardées un peu partout dans les sièges d'entreprises, les services de médecine du travail se sont déplacés vers les lieux de travail et d'études pour expliquer la dangerosité de la pandémie, notamment sur le plan économique (l'absentéisme qui risque de s'aggraver en cas d'apparition de la maladie à grande échelle). Des chiffres ont été donnés quant à la possibilité de contamination jusqu'à 100 personnes par une seule personne. Un guide pratique élaboré par le ministère de la Santé et de la population a été diffusé pour l'ensemble du personnel leur expliquant quelle attitude adopter en cas d'apparition de la maladie dans un lieu donné et comment, à travers des gestes simples, éviter de propager la maladie. Par ailleurs, des consignes ont été données pour limiter au maximum les regroupements humains comme lors des séminaires, ainsi que les déplacements. Les agents revenant d'une mission à l'étranger doivent être soumis à la visite médicale obligatoire. En visite à Annaba, le ministre de la Santé a indiqué que la vaccination contre la pandémie virale touchera dans un premier temps le personnel soignant, les corps constitués et les catégories les plus vulnérables que sont les malades chroniques, les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes. La campagne de vaccination se poursuivra pendant 4 à 5 mois.