C'est l'alerte maximum en Algérie. Et pour cause ! La grippe porcine contre laquelle nos responsables nous rassuraient, à longueur de mois, en nous faisant croire que nous en serions épargnés, vient de faire ses premières victimes. Comme pour la crise financière internationale, la grippe porcine frappe au moment où l'on s'attendait le moins. Les trois personnes, dont un nouveau-né, mortes des suites du terrible virus AH1N1, ont tôt fait de mettre les voyants au rouge. Désormais, les Algériens sont aussi vulnérables que tous les autres citoyens du monde. Les belles formules du ministre de la Santé, Saïd Barkat, viennent ainsi d'être battues en brèche par la réalité des faits. Notre pays n'est plus seulement un foyer d'un virus «importé de l'étranger» mais un terreau d'une probable mutation de celui-ci. Le simple fait qu'il y ait déjà des morts renseigne que la cote d'alerte est atteinte. Depuis des mois que nos responsables rassurent à coup de communiqués (une cinquantaine) que les cas enregistrés l'ont été à cause d'Algériens résidant à l'étranger qui ont «introduit» le virus chez nous. Le département de Barkat criait à qui voulait l'entendre que les personnes touchées étaient «bien» prises en charge et qu'il n'y avait aucune matière à s'inquiéter d'une épidémie. Mais le décès de ces trois personnes a de quoi alarmer toute la population algérienne qui découvre que le A/H1N1 peut finalement tuer, même chez nous! Plus grave encore, les personnes décédées sont des citoyens résidant en Algérie, plus précisément à Oued Rhiou (Relizane) et Biskra. En d'autres termes, elles ont été sujettes à des complications apparemment non prévues par le ministère de la Santé et ses laboratoires d'analyses. Il y a donc de quoi se poser des questions, surtout que notre système de santé est loin d'être un modèle du genre. Les pénuries cycliques des médicaments et l'état déplorable de nos structures sanitaires en matière d'hygiène (principale cause de transmission du virus) sont des motifs d'inquiétude concernant une éventuelle épidémie. Et, comme à chaque fois, les autorités concernées réagissent par à coup. Il a fallu que ces premières victimes soient signalées pour que le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière déclenche son plan d'urgence. En effet, Saïd Barakat a convoqué, pour aujourd'hui, les médias pour donner les détails des mesures prises ou qui seront prises pour faire face à ce virus qui tue. On parle déjà d'une distribution gratuite dans les pharmacies des fameux masques antigrippaux pour tout le monde. Cette mesure est motivée par le souci d'éviter que la maladie ne se propage rapidement surtout que l'hiver est la saison propice à la mutation de ce virus. Ainsi, toutes les personnes atteintes de la grippe saisonnière devront porter ce masque tant qu'elles ne sont pas guéries. Nous avons appris, hier, en outre, que de nouveaux cas de grippe porcine ont été enregistrés et sur lesquels des épidémiologistes planchent depuis quelques jours pour connaître la nature du virus. Le ministère de la Santé devait rendre public hier, en début de soirée, un communiqué dans lequel il devait annoncer ces nouveaux cas. Autant dire que les autorités sanitaires sont sur le pied de guerre après qu'elles ont été prises de court par ces premiers décès. Le ministre de la Santé devra rendre publics, aujourd'hui, tous les tenants et les aboutissants, et pourrait déclencher l'alerte rouge au niveau national.