Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) maintient la pression, en décidant de poursuivre leur mouvement de grève «ouverte» entamée le 21 décembre dernier. Les praticiens de la santé n'écartent pas la possibilité de revoir «le service minimum» si la tutelle continue à sanctionner les grévistes, avec notamment l'instruction ordonnant des ponctions sur salaires pour les spécialistes. Ce mouvement de grève des praticiens sera renforcé, puisque le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) a décidé d'entamer, à son tour, une grève «ouverte» qui débutera demain 4 janvier. C'est ce qui ressort d'une conférence de presse «commune» organisée conjointement par les deux syndicats, le SNPSP et le SNPSSP, hier à Alger. Les praticiens de la santé ont affirmé que les ponctions sur salaires décidées par la tutelle ne les découragent pas. «On se bat pour la dignité des praticiens généralistes et spécialistes», estiment les porte-parole des deux syndicats. Le président du SNPSP, Lyès Merabet, a précisé que «les salaires des praticiens de la santé sont déjà amputés». Il a tenu à souligner que le salaire d'un chirurgien-dentiste débutant et confirmé ne dépasse pas les 28.000 dinars. Brossant un tableau noir sur l'état de la santé publique, les deux syndicats rappellent les principales revendications qui les ont poussés au débrayage. Il s'agit de la question inhérente aux statuts particuliers des praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique adoptés par les pouvoirs publics, qui ont négligé le statut négocié avec le partenaire social. «Nous exigeons l'amendement de ces statuts et que des modifications y soient apportées. Nous pensons que le statut est modifiable, ce n'est pas le Coran tout de même !». Les praticiens de la santé revendiquent aussi l'installation d'une commission mixte pour négocier le régime indemnitaire «comme ça a été le cas pour différents secteurs». Le président du SNPSSP, le docteur Yousfi, a souligné pour sa part que, encore une fois, la tutelle veut nous mettre devant le fait accompli. «Ils décident toujours à notre place», a-t-il déclaré . Il explique: «au lieu d'installer une commission à laquelle le partenaire social participe dans les négociations, notre tutelle évite toute forme de dialogue, débat et négociation en nous informant que le ministère de la Santé va majorer les indemnités de 15 à 30%». Les spécialistes disent qu'ils «n'accepteront jamais d'être dévalorisés par rapport aux autres élites qui ont passé le même cursus universitaire que nous, peut-être moins». Boycott de la vaccination contre la grippe porcine Les deux syndicalistes, à savoir le Dr Merabet et Dr Yousfi, ont fait état de la réticence des praticiens de la santé quant à la vaccination contre la grippe A/H1N1. «Oui, nous avons constaté que de nombreux médecins généralistes et spécialistes ont refusé de se faire vacciner. Certaines structures ont carrément boycotté la campagne de vaccination», a indiqué avec réserve le président du SNPSP. Sans donner les raisons de la réticence du personnel médical, le syndicaliste a affirmé que «la polémique et les craintes qui entourent cette question de vaccination sont universelles, et elles ne sont pas propres à l'Algérie». Pour sa part, le Docteur Yousfi, du SNPSSP, a accusé le ministère de la Santé d'être à l'origine de la panique sur la qualité du vaccin en avançant des fausses dates sur l'arrivée du vaccin, et sur le début de la campagne de vaccination. «En France, le contrôle du vaccin a pris 30 jours sans susciter mille interrogations, comme ça a été le cas chez nous». Et d'ajouter que «c'est le ministère de la Santé qui est à l'origine du tapage médiatique sur la campagne de vaccination, car il n'a pas su maîtriser le volet de la communication».