Le cheikh Hamzaoui Mahi dont le nom à lui seul évoque, à Tlemcen, plus de cinquante ans d'enseignement, d'instruction et d'éducation, de Martinet à l'Ecole fondamentale, vient de s'éteindre à l'âge noble de 97 ans. Orphelin de père alors qu'il n'était qu'un enfant, il sera contraint mais aussi encouragé par son entourage à poursuivre une instruction coranique que ceux de son âge à l'époque. Il pourra, par la suite, intégrer l'école Descieux (El-Abili actuellement) jusqu'à l'obtention de son certificat d'études qui lui ouvrira les portes de la Medersa de Tlemcen où il fera partie des plus brillants merdersiens avant de rejoindre la Thaalibiya d'Alger qui l'initiera à la pédagogie. Son passage dans cette grande école sera sanctionné par un diplôme de professeur bilingue. Son bâton de pèlerin à la main, il ne rechignera jamais à la besogne où qu'il fût envoyé pourvu qu'il trouve cette jeunesse algérienne à qui il a enseigné les belles lettres dans les deux langues. Ses premiers pas d'enseignant se feront à Aflou dans les années 40 puis à Maghnia dans les années 50 avant de se retrouver à Tlemcen au cours complémentaire, puis au prestigieux lycée Benzerdjeb de l'époque et enfin à l'EPS (lycée Maliha Hamidou actuellement). Il se plaisait à parler des grands hommes qui ont fait le monde mais aussi l'histoire de ce pays, de Messali Hadj, le cheikh Zemouchi Saïd, Ibn Badis, El-Bachir El-Ibrahimi, avec qui il était très proche alors qu'il n'était qu'adolescent. Ces hommes l'ont tellement marqué qu'il entra de plain-pied dans l'apprentissage de l'arabe alors qu'il maniait très bien la langue de Molière. Il aura comme étudiants une belle brochette d'hommes politiques tels les Chaouch Ramdane, Chikh Bestaoui, Belmimoun, Bouanane et M. Medelci que l'Algérie a trouvé au lendemain de son indépendance alors que la France avait vidé l'administration. Le cheikh Hamzaoui Mahi vouait un grand culte à l'enseignement et l'éducation des jeunes Algériens au point où il suivait pas tous ses protégés dans leur parcours estudiantin. Il encourageait les parents d'élèves-filles à laisser leur progéniture poursuivre leurs études. Beaucoup de grandes personnalités se souviennent encore de ses activités dans le monde de l'éducation tels l'ex-président de la République M. Ahmed Ben Bella, les ministres Taleb El-Ibrahimi et Benachenhou pour ne citer que ceux-là. Un hommage grandiose lui sera rendu au cimetière Cheikh Senouci où quatre générations d'enseignants se sont recueillis à sa mémoire. Sa culture, son intelligence et son charisme resteront un modèle chez tous ceux qui l'ont connu ou tout simplement approché.