Jusqu'à hier matin, le mouvement de grève des chauffeurs de bus, annoncé depuis 3 jours, n'était toujours pas suivi à Béni Saf. Les bus en stationnement à la gare routière en partance vers Aïn Témouchent ou Sidi Safi démarraient au fur et à mesure qu'ils faisaient le "plein" de voyageurs ou que le temps de stationnement était consommé. Idem pour ceux de la ville qui continuaient, à la grande joie des passagers, de faire, comme si de rien n'était, leur circuit urbain habituel. Sur place, des chauffeurs de bus nous ont affirmé qu'ils n'ont reçu aucune information concernant une grève. Celle-ci semble mettre ces chauffeurs dans une situation un peu confuse. "Certes, on est au courant que la grève a été entamée ici et là, mais nous, nous n'avons reçu jusqu'à ce moment (vers 10h30) aucun représentant du syndicat pour nous informer", a expliqué l'un d'eux. Certains avaient fait valoir les raisons de leur colère face aux nouvelles mesures du code de la route. "Nous autres, les chauffeurs, sommes les plus exposés, donc les plus pénalisés par cette nouvelle loi", dira un chauffeur avant d'être relayé par un autre. "Au moindre défaut, c'est l'amende." Il sera interrompu par son voisin: "Pour une simple lampe grillée de clignotant ou autre, c'est 2.000 dinars d'amende alors qu'un chauffeur gagne environ 800 DA la journée." Et un autre d'ajouter: "Parfois sur une simple secousse sur un ralentisseur ou dans un nid-de-poule, c'est un fil électrique qui peut se détacher et la suite on la connaît. Ce n'est pas qu'on est contre ces mesures qui sont faites pour réduire les accidents de la route, c'est qu'on veut seulement que ces lois soient appliquées progressivement. Par exemple les lampes, celles qui sont sur le marché local sont en grande partie défaillantes, comme on dit 'taïwan', alors je ne vous dis pas combien de fois on en rechange par mois." "Moi, reprend un autre, j'ai deux Karsan qui sont, depuis près d'une semaine, à l'arrêt. Leurs chauffeurs ont décidé d'arrêter de peur d'être exposés à un retrait de permis de conduire pour une simple faute d'inattention ou défaut technique sur l'autobus". Et alors qu'il rejoignait les passagers qui l'attendaient depuis un bon moment pour prendre le départ, l'un des chauffeurs nous lance: "Et pourquoi pas essayer chez nous le permis de conduire à points ?" Cette formule consiste à ôter des points au détenteur d'un permis de conduire, au fur et à mesure et selon le degré de la faute commise, jusqu'au retrait du document, retrait dicté par un seuil minimum de points.