La lutte contre la corruption est devenue, par les temps qui courent, une priorité politique. Même un effet de mode politique. Le fléau gangrène beaucoup de secteurs, des pans entiers de l'économie nationale et la société algérienne. C'est une vérité que l'on ne peut et que l'on ne doit ni occulter ni encore moins justifier. La série de scandales économiques, sur fond de malversations et de détournements de sommes d'argent colossales, souvent en devises fortes, éclabousse le sérail des grandes entreprises nationales. Cela fait désordre et décrédibilise davantage les grandes entreprises nationales vis-à-vis de leurs partenaires étrangers et hypothèque un peu plus, au moment où les signes de la reprise économique mondiale deviennent de plus en plus tangibles, les opportunités d'investissement de capitaux étrangers en Algérie. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avec sa casquette de chef du RND, a réitéré sa volonté et celle de son gouvernement et de sa formation politique de combattre la corruption. A Zéralda samedi dernier, cela a sonné cependant comme une sempiternelle litanie. Beaucoup diront que c'est du réchauffé que cette soudaine volonté de combattre un fléau qui ne fait que s'enfler et prendre des proportions alarmantes. Ouyahia avait, lors de sa (re)prise de pouvoir à la tête du gouvernement en 2008, promis que «nous mènerons une lutte sans pitié contre la corruption en Algérie». Entretemps, bien des scandales financiers ont éclaboussé des entreprises publiques, des banques, alors que l'argent du contribuable est aspiré par des milieux maffieux qui gravitent dans les hautes sphères. Après sa 3e session, le chef du RND a de nouveau promis une lutte encore plus féroce contre la corruption. Mais il est patent que dans sa volonté de combattre un fléau qui a mis à mal le développement national et décrédibilisé politiquement le pays, il y a bien une grande distance avec la réalité de la situation actuelle. L'Algérie est classée parmi les nations où il y a une grande proportion de corruption au sein de son administration, et lutter par les discours contre un fait réel ne peut donner de résultat. La rue, l'opinion publique, ceux qui vont aux urnes et qui paient leurs impôts chaque mois veulent plus de fermeté et plus de résultats dans la conduite du combat contre la corruption. Et le pire n'est pas de constater les ramifications d'un fléau qui mange le pays à pleines bouchées, mais de voir la distance sidérale qui sépare un discours de circonstance, dans un contexte politique particulier, avec l'inefficacité, sinon l'absence d'actions concrètes. Il y a presque deux ans, le chef du gouvernement promettait des coups d'éclat en matière de lutte contre la corruption, mais cela sonne comme un chant du cygne après le scandale de Sonatrach.