Les nouvelles mesures annoncées par le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, ont soulevé le courroux des membres de l'Unop (Union nationale des opérateurs de pharmacie). Son président, Amar Ziad, que nous avons contacté hier par téléphone, nous a déclaré que «nous avons sollicité à plusieurs reprises le ministre pour un dialogue franc et sérieux, il nous a fermé la porte. On ne comprend pas ce genre de mesures qui ne tiennent pas la route. Le privé ne peut plus rien faire, on ne peut initier aucun projet d'investissement, comment voulez-vous qu'on le fasse ? Nos entreprises sont asphyxiées financièrement depuis l'instauration du crédit documentaire. On a paralysé le privé. On ne peut plus avoir de crédit et quand c'est le cas, c'est à des taux prohibitifs et les banques ne suivent pas». Et de fulminer «qu'est-ce qu'on veut faire au juste dans ce pays ? Nous subissons des contraintes de tout ordre et voilà qu'on nous sort une mesure irréaliste. Quand il y aura une véritable politique du générique, quand les personnels seront formés dans ce sens, on peut en reparler. Pour l'instant, l'Etat na qu'à faire évoluer les choses avec les 150 milliards de dollars et le ministre n'a qu'à fabriquer lui-même son générique». Cette réaction pour le moins violente est due à l'ultimatum adressé par Saïd Barkat, dimanche, aux importateurs conditionneurs de médicaments génériques qui ont un délai d'une année pour se mettre à la fabrication. Le ministre avait déclaré en marge de l'inauguration du premier Salon international du générique, qui a fermé ses portes hier au Palais des expositions des Pins maritimes, qu'»il est nécessaire que les importateurs, qui ne faisaient que du conditionnement de médicaments génériques, commencent à produire. Ils ont un délai jusqu'au mois de février/mars 2011 pour se mettre à la production». Le ministre a expliqué que «cette mesure s'inscrit dans la nouvelle politique de promotion du médicament générique, qui a permis de relever la consommation de ce dernier de manière notable au cours des 5 dernières années». Il a affirmé que «la consommation du médicament générique a enregistré un bond de 10% en une seule année, passant de 28% à 38% entre 2008 et 2009». Le ministre a réitéré, en outre, «la position de son département qui encourage et soutient la production nationale de médicaments génériques». En soulignant «nous ferons tout pour que le générique soit le premier produit en Algérie». Barkat affirme que «cette mesure n'arrange pas certaines personnes, qui préfèrent qu'on reste au stade importation-emballage. Ces personnes veulent gagner de l'argent très rapidement, sans fournir beaucoup d'efforts. Ils se contentent d'importer des médicaments et les emballer en Algérie. Ils n'ont même pas besoin de personnel qualifié pour cela», a-t-il fait savoir. Il faut rappeler que l'Unop représente 80% des opérateurs activant dans le secteur du médicament. A l'heure actuelle, le groupe Saidal (entreprise publique) produit exclusivement le générique mais n'arrive pas à satisfaire tout le marché. Il faut s'attendre à ce qu'il y ait une véritable crise du médicament si l'on se réfère aux propos du président de l'Unop.