« Les corps meurtris des moudjahidine et moudjahidate encore en vie ainsi que ceux des simples citoyens, de même que notre terre arrrosée du sang des martyrs, portent encore les stigmates des «bienfaits du colonialisme», a déclaré jeudi à Constantine le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas, venu à dans cette ville, présider les cérémonies officielles de célébration de la journée de la victoire du 19 Mars 1962. Le ministre faisait référence «aux massacres à grande échelle dont a été victime le peuple algérien durant 132 années de colonisation, les mines encore disséminées le long de nos frontières qui tuent toujours, ainsi que les séquelles des expériences atomiques dans le Sahara, comme exemples probants de ces «bienfaits» dont parlent aujourd'hui les tenants d'un système que les Algériens ont chassé à jamais de leur pays. A cet effet, des voix se sont élevées pour exiger que l'ancienne puissance coloniale reconnaisse officiellement les crimes qu'elle a commis contre le peuple algérien et se repente». Aussi, le ministre qui a mis en exergue la symbolique de la journée du 19 Mars, a estimé que la meilleure réponse à donner aux nostalgiques de cette époque révolue, «réside dans la détermination de notre peuple à lutter, encore et toujours, contre les séquelles de ce système abominable qu'est le colonialisme». Il ajoutera en substance «que la génération de Novembre est encore là et elle demeurera présente dans la mémoire de notre jeunesse à laquelle il faut inculquer, à travers l'apprentissage de l'histoire du mouvement national, l'esprit de résistance et de combat». M. Mohamed-Chérif Abbas s'est exprimé ainsi à l'ouverture de la conférence sur le mouvement national, notamment l'histoire de la Révolution du 1er Novembre 1954, organisée conjointement par la direction des Moudjahidine de la wilaya et l'université des sciences islamiques (USIC) Emir Abdelkader, de Constantine. La rencontre a été axée sur le processus des négociations qui a conduit à la signature des Accords d'Evian. La rencontre a réuni l'ensemble de la famille révolutionnaire à travers les organisations des moudjahidine, des enfants des moudjahidine et des enfants de chouhada, les scouts musulmans algériens qui ont été représentés par leurs secrétaires généraux, ainsi que les autorités locales et la communauté universitaire représentée par des chercheurs en histoire. A l'ordre du jour de cette visite, également la signature d'une convention de coopération scientifique entre l'USIC et la direction des Moudjahidine de la wilaya visant à recueillir les témoignages des protagonistes encore en vie de l'histoire du mouvement national. «Cela est d'autant plus nécessaire que le nombre de ces derniers se réduit chaque jour un peu plus», nous a déclaré, en marge de la conférence, le Dr. Abdallah Boukhelkhal, recteur de l'USIC, en révélant qu'au cours de l'année 2009 seulement, il a été recensé le décès de pas moins de 150 moudjahidine, qui ont emporté avec eux tout un pan de la mémoire indispensable à la connaissance de l'histoire du mouvement national antérieure à l'indépendance. Première au niveau national, cette initiative va se traduire par la mise sur pied d'une commission mixte direction des Moudjahidine-USIC, qui établira un programme de travail pour contacter tous les gens susceptibles d'apporter leurs témoignages et dont les membres sillonneront le territoire de la wilaya pour les retrouver et enregistrer leur mémoire. La convention prévoit l'institution d'un prix récompensant les meilleures recherches qui seront faites dans ce domaine ainsi que des thèses universitaires de mémoires de magister et de doctorat au niveau de l'université islamique.