Aujourd'hui, au port de Béni-Saf, la sonnette d'alarme est plus que jamais tirée. Ce qui n'était qu'une inquiétude est aujourd'hui une peur. Le chenal ou l'entrée du port fait aujourd'hui craindre les gens de la mer, craindre de perdre leurs biens à cause d'un ensablement naturel plus que jamais menaçant. Ainsi, d'autres voix viennent de s'ajouter à celles qui se sont déjà élevées dans un passé récent. Elles pensent qu'il y a péril. En un mois, au moins quatre bateaux ont touché leur quille avec le fond dont 3 qui auraient nécessité une mise à sec pour réparation. Ce mardi matin, tous les gens de mer approchés semblaient très nerveux. Comme le propriétaire du chalutier Ahmed-Bouziane, touché l'autre vendredi en pleine nuit. «Nous l'avons échappé belle. Nous avons fait les frais de cet ensablement. Il était 02 heures du matin quand le raïs m'avait appelé pour me signaler l'incident. Je lui ai ordonné de retourner de suite au port et demander une mise à sec en urgence. Cette opération m'a coûté 32 millions de centimes et une immobilisation de 10 jours». Notre interlocuteur nous a dit aussi qu'il avait saisi toutes les parties concernées. Quant à un autre propriétaire, il nous raconta qu'il a été témoin d'un autre cas similaire: «J'étais sur la jetée sud, quand un chalutier rentrait au port. Le raïs, qui savait à quoi s'en tenir devant cette passe, avait ralenti son moteur pour passer au cheveu. Tous les membres de l'équipage s'étaient mis sur les côtés pour surveiller toute anomalie, quand soudain un craquement se fit entendre. C'était la coque qui avait touché le fond. Parfois, c'est l'hélice. Ce fut l'affolement. Le bateau se dirigea alors droit vers un quai où l'on ne se préoccupait point du poisson ramené mais que du bateau. On sut plus tard que son propriétaire décida, le jour même, de solliciter les services de l'élévateur pour mettre à sec son bateau et n'encourir aucun risque. Résultat, la coque avait subi quelques éraflures». Il poursuivit: «Plus tard, un autre chalutier subira les mêmes conséquences après que deux autres eurent touché le sable dans les mêmes conditions et pour les mêmes causes. Généralement, dès qu'il y a un coup comme ça, ajoute ce dernier, les gens ne font pas appel aux plongeurs. Ils choisissent tout de suite la cale sèche». «Nos cœurs battent chaque fois, nous dit un marin pêcheur pourtant en chômage, qu'on voit entrer ou sortir un bateau de grand tonnage». Il est vrai là que l'entrée est souvent plus difficile que la sortie, surtout quand le bateau revient d'une opération de pêche qui s'est déroulée à l'Ouest. Le raïs doit faire exécuter un grand virage de 360° pour emprunter en plein milieu la passe. Mais parfois, c'est insuffisant car le niveau du tirant d'eau n'est pas assez profond, soit moins de 6 m, et la suite on peut la deviner. Enfin, et sans trop y revenir sur l'ensablement et son dragage, car l'essentiel a été déjà rapporté dans notre article, paru dans l'édition du 13 janvier dernier, le plus important est que tout le monde craint ce chenal bourré de sable. Cependant et pour rappel, l'ensablement naturel est un phénomène physique incontournable. Il se constitue des mouvements des courants marins générés par les vents. Cependant, la question qui revient le plus, à quand ce chantier de dragage, inscrit, paraît-il, pour l'année 2010. En attendant la réponse, la crainte des gens de mer est aujourd'hui grandissante, ils appellent à une action urgente.