Encore du bricolage sur la Corniche. Tel est le constat fait par tous les usagers, qu'ils soient connaisseurs ou pas. Après le revêtement de la chaussée par parties et par à coups, non suivi à ce jour par la mise en place de la signalisation, un autre lot de travaux controversés est en cours sur cette route donnant vue sur mer. Il s'agit de la pose d'une glissière de sécurité en béton. De nombreux et gros écarts par rapport à la normalité sont à relever dans ce dispositif de retenue installé sur le bord de la route, côté mer, pour limiter les conséquences d'une sortie de la voie de circulation. Tout d'abord, quels sont les facteurs ayant motivé le choix de la matière de béton au lieu du métal ? D'aucuns estiment que le second type était tout indiqué pour cette route en corniche, aussi bien d'un point de vue technique (la glissière métallique est à la fois rigide et déformable pour qu'en cas d'accident- ne pas renvoyer le véhicule dans le sens inverse sur une route à double voie et elle est également amovible), qu'économique (elle est moins coûteuse que le béton) et esthétique (elle ne fait pas écran devant le paysage marin). Le garde-fou en béton, lui, présente les inconvénients majeurs du coût élevé, de la fragmentation écologique et de l'effet inesthétique. Mais ce n'est pas tant le choix de l'option béton qui est à dénoncer que la façon dont le dispositif a été mis en place. En effet, alors qu'il fallait logiquement démolir l'ancien muret en pierres érigé depuis plusieurs années et construire à sa place le nouveau garde-fou, au lieu de cela on a fait plutôt dans la facilité en laissant telle quelle cette murette dégradée et en érigeant une ligne parallèle en béton, de près d'un mètre d'intervalle, en guise de glissière ayant pour fonction de diminuer la gravité des accidents sur cette route réputée fort dangereuse. Conséquences de ce bâclage : la chaussée, déjà en mal d'espace, s'est rétrécie davantage, le paysage s'en trouve défiguré et, à cela, il faut ajouter le fait que certains des emplacements d'arrêt d'urgence (refuges ou zones de sécurité, à défaut d'existence de bandes d'arrêt d'urgence (BAU) sur cet itinéraire), permettant le stationnement en cas de nécessité, sont maintenant inaccessibles à cause de la «barrière» du béton. De plus, le tracé du dispositif en béton n'est pas correct, géométriquement parlant : certains tronçons sinueux présentent un étranglement abrupt du fait que la bande en béton n'est pas tout au long de la trajectoire en position parallèle par rapport à la bordure côté massif rocheux. D'autres lacunes : la pose pratiquement à même le sol, sans fondation, de la glissière de béton coulé à l'aide de coffrage ainsi que les dimensions du dispositif qui ne répondent pas aux normes. En outre, les pans du muret dégradés, notamment par des collisions de véhicules, ont été grossièrement reconstruits, histoire de colmater les brèches, ce qui est susceptible de représenter un autre risque sur cette route située au pied d'une falaise géologiquement instable d'où tombent régulièrement de très gros blocs rocheux, spécialement après un épisode pluvieux, sachant que l'axe situé pratiquement entre le lieudit le Virage de l'Escargot et Saint Rock n'a pas bénéficié d'une opération de recouvrement de la falaise par des filets de protection ni de quelconque entretien des voies et des montants érodés.