Même si le passeport biométrique lui a fait de l'ombre durant quelques jours, le nouveau code de la route continue de susciter les passions et la polémique. Ce sont de nouvelles dispositions qui ont été introduites et les sanctions durcies. Ainsi, les sanctions sont classées : en quatre catégories et commencent à partir de 2000 DA pour arriver jusqu'à 6000 et 8000 DA, avec le retrait du permis jusqu'à paiement de l'amende quand l'infraction est simple ou le retrait pour une période déterminée par la commission de retrait pour les fautes «lourdes». Et c'est justement cela qui pose problème auprès des automobilistes et des citoyens en général. En effet, la grande majorité récusent le montant de l'amende et affirment que «2000 DA pour un feu de stop inopérant ou une plaque d'immatriculation sale, c'est vraiment trop, et le plus beau, c'est qu'on vous retire le permis jusqu'à paiement de l'amende» ou «et si on me verbalise le 15 et que je sois payé que le 30, d'où vais-je ramener l'argent, surtout qu'après dix jours j'aurais droit au maximum, c'est-à-dire entre 4000 et 6000 DA au lieu de 2000, autant leur donner ma paie dans ce cas». Ce sont des commentaires un peu partout. D'autres se demandent pourquoi on leur retire le permis de conduire pour la moindre infraction et ne leur rendent qu'une fois l'amende payée. Nous avons discuté avec un examinateur de permis de conduire qui s'est étonné que les policiers aient cherché à le verbaliser car il ne portait pas la ceinture de sécurité alors qu'il était assis à l'avant avec un candidat au permis de conduire : «comment voulez-vous que je puisse intervenir s'il arrive quoi que ce soit quand je suis attaché? J'ai avec moi quelqu'un qui ne possède pas encore les réflexes nécessaires et il peut causer un accident assez grave si je n'interviens pas rapidement». Le radar, les barrages «invisibles», les conducteurs qui avertissent leurs «collègues» afin qu'ils fassent attention au radar et bien d'autres choses ayant trait au nouveau code de la route constituent le quotidien des discussions de café et de quartier. Pour essayer d'en savoir un peu plus et voir le problème côté pile, nous avons accompagné durant deux heures la BSR (brigade de sécurité routière) dépendant de la compagnie de gendarmerie de l'Arba qui faisait ce jour-là une patrouille. Nous nous sommes dirigés vers la sortie Est de L'Arba. Il y a, en venant de L'Arba, un stop que les automobilistes marquent rarement ce qui a entraîné des accidents très nombreux et très graves, plusieurs personnes étant décédées à cet endroit. Bien entendu, ceux qui voient les motards conduisent très prudemment, observent le stop, s'arrêtent et repartent en regardant bien à leur gauche. Pourtant, un homme entre deux âges, dont la vue était cachée par la voiture arrêtée devant lui ne remarqua pas les gendarmes et dépasse la voiture sans marquer de stop. Quand le motard l'arrêta, il se mit à jurer tout ce qu'il pouvait qu'il n'ait commis aucune faute qu'il s'était arrêté et que c'est plutôt le gendarme qui n'avait pas bien vu. Le gendarme après avoir terminé la transcription des renseignements sur l'imprimé, garda le permis et remis l'imprimé à l'automobiliste en lui expliquant très calmement qu'il devait payer l'amende dans les dix jours sinon il paiera plus. Furieux et maugréant, l'homme prit la feuille de papier s'en alla. Les gendarmes nous expliquèrent que c'était leur quotidien et que certains leur manquaient carrément de respect mais ils essaient de ne pas répondre ni envenimer les choses. Un autre, qui conduisait sans la ceinture de sécurité, sortit son téléphone et appela un ami. Le motard lui ordonna de l'éteindre. Par contre, certains acceptent avec le sourire, essaient quand même d'amadouer les gendarmes puis se résignent. Quelques minutes après nous nous dirigeons vers Bougara et nous nous arrêtons à un rond-point, de manière à être cachés à la vue de ceux qui venaient sur la gauche et sur la droite. Là aussi, il y avait beaucoup d'infractions qui étaient commises et les automobilistes usent de plusieurs stratagèmes pour amadouer, les gendarmes ou tout simplement refusent de reconnaître leurs fautes. Ainsi, même si certains citoyens estiment que ces nouvelles dispositions sont justes, la plupart trouvent toujours qu'il y a abus dans le montant de l'amende et le retrait de permis jusqu'à paiement de l'amende. Du côté des agents de sécurité, c'est la lassitude devant l'irrespect et l'incompréhension de certains conducteurs.