A l'évidence, un malaise existe entre l'association nationale d'alphabétisation Iqra et l'Office national d'alphabétisation (ONA) quant à la mise en œuvre et la conduite du programme national d'alphabétisation. Ainsi, selon des déclarations du responsable du bureau de wilaya de Constantine et membre du bureau national de cette association, au cours d'un conclave qui a réuni en fin de semaine à la fois les enseignants et les apprenants, la situation dans ce secteur laisse à désirer. «Je suis dans le regret de le dire, mais la stratégie d'alphabétisation mise en place par les pouvoirs publics en 2007 a complètement échoué», a déclaré M. Bouhadjar Djamel à l'ouverture de la journée d'étude sur l'évaluation des programmes pédagogiques d'alphabétisation qui s'est tenue jeudi à Dar Ettalaba de Constantine, dans le sillage de la célébration de Youm El-Ilm. Pour appuyer ses propos, ce responsable dira «que l'évaluation faite sur les trois années écoulées a révélé plus de points négatifs que positifs, surtout en ce qui concerne les programmes pédagogiques appliqués dans les 170 classes éparpillées sur tout le territoire de la wilaya, encadrées par un personnel enseignant composé de contractuels (400), et de ceux recrutés dans le cadre de l'Agence nationale de l'emploi Anem (52), du filet social (6O) ainsi que de volontaires au nombre d'une vingtaine. Ce responsable a pointé du doigt l'organisme gouvernemental pilote, à savoir l'Office national d'alphabétisation (ONA). « Alors que le budget existe, a poursuivi le représentant d'Iqra, la question se pose aujourd'hui : pourquoi les enseignants contractuels, qui sont au nombre de 400 au niveau de la wilaya (ils sont 15.000 au niveau national), ne sont pas payés depuis le premier octobre dernier, alors que le personnel de l'office, lui, touche régulièrement son salaire». Il déclare «ne pas connaître la réponse, ni la date à laquelle les salaires de ces derniers seront versés». Mais, selon lui, les choses sont claires : «l'ONA ne fait pas son travail et, au train où vont les choses, cet organisme n'est pas près de réaliser l'objectif qui lui a été assigné par les pouvoirs publics, à savoir l'éradication de l'analphabétisme à l'horizon 2016». L'orateur, qui persiste et signe, déclare assumer entièrement ses propos, et ce en tant que membre du bureau national de l'association, a-t-il précisé, qui est parfaitement au courant de la situation. «Dès lors, a poursuivi M. Bouhadjar, il «serait faux de continuer à dire que l'analphabétisme est vraiment en train de régresser. Et même si régression il y a, elle demeure dans une proportion tout à fait insignifiante». Plus loin, il révélera que le bureau national de l'association a décidé de réagir en se réunissant dernièrement pour décider de faire une lettre au Président de la République afin de l'informer de tout ce qui se passe dans le secteur. Il rappelle à l'assistance l'épisode de l'année passée, quand l'association Iqra est intervenue auprès du premier magistrat du pays, qui ordonna au ministre le paiement, sous huitaine, de ces enseignants qui étaient restés sans salaires une année durant ! «Les mêmes problèmes ont tendance à revenir chaque année. Et malgré cela, les enseignants n'ont jamais cessé le travail. Mais aujourd'hui, nous disons assez ! Jusqu'à quand cette situation va durer ?».