« C'est un djinn qui m'a demandé de tuer R. Nouara Baya», a déclaré l'accusée M.Fatima, âgée de 50 ans, lors de l'enquête préliminaire diligentée par les éléments de la brigade de gendarmerie nationale de Chelghoum Laïd dans la wilaya de Mila. C'est donc sur cette affaire d'homicide volontaire avec préméditation et tentative de meurtre sur la fille de la victime en l'occurrence R.Wassila que le tribunal criminel près la cour de Constantine a statué hier matin. Selon l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation, les faits de cette affaire remontent à la journée du 7 octobre 2007, au niveau de la cité d'El Djamaa Lakhdar à Chelghoum Laïd. Nous sommes au mois de Ramadhan. Il est 13 h, lorsque l'accusée armée d'une hache se dirigea vers la demeure de la victime qui est en même temps sa voisine. Après quelques palabres avec cette dernière, l'accusée lui assena plusieurs coups de hache sur toutes les parties du corps et plus particulièrement au niveau de la tête, la laissant gisant dans une mare de sang. La fille de la victime, voulant porter secours à sa mère, reçut elle aussi deux coups de hache sur la tête. Les voisins accourent au domicile de la victime. L'accusée jeta la hache en criant «ce n'est pas moi». R.Nouara, grièvement blessée, fut transportée d'urgence à l'hôpital où elle décéda un peu plus tard. Sa fille s'en sortira avec des blessures sans gravité. Arrêtée, l'accusée sera déférée le 09/10/2007 devant le juge d'instruction et vu son état de santé, ce dernier reporta son audition et sera orientée vers l'hôpital psychiatrique de Oued Athmania. Enfin, durant son audition le 07 janvier 2008, elle a déclaré au juge d'instruction qu'elle s'était déplacée à la maison de la victime et l'a frappée avec une hache. Le médecin légiste fera état dans son rapport d'autopsie que 21 coups de hache ont été portés à la victime, dont une dizaine au niveau de la tête, ce qui a occasionné une hémorragie cérébrale qui lui a été fatale. Sur les 7 expertises médicales émanant de spécialistes en psychiatrie, 5 attestent que l'accusée est saine d'esprit, les deux autres sont contradictoires et font état que l'accusée est atteinte de folie. Hier à l'audience, l'accusée était allongée dans le box des accusés, et dormait à même le sol, et semblait ne pas être concernée par ce qui se passait à l'audience. Les témoins, appelés tour à tour à la barre, n'apportèrent pas d'éléments nouveaux sur le cas mental de l'accusée, sauf la mère de celle-ci qui dira au juge que sa fille est dépressive. La partie civile dans sa plaidoirie dira que l'intention de tuer existe, puisque l'accusée s'était armée d'une hache et s'est dirigée vers la demeure de la victime. Elle l'a tuée de sang-froid, elle était consciente au moment de son acte. Le procureur de la République ne s'étalera pas longtemps et vu la gravité de l'acte, il a requis la peine capitale à l'encontre de l'accusée. La défense, dans sa plaidoirie, a insisté sur le fait qu'une personne ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales ne peut être responsable pénalement de ses actes, et a demandé une autre expertise médicale. Après les délibérations, le verdict a été de 20 ans de prison à l'encontre de l'accusée.