La troisième tranche de l'opération de relogement «spécial vieux bâtis» dont le lancement était programmé initialement pour demain, dimanche, devra finalement se faire en fin de semaine, a-t-on appris, hier, de sources proches du dossier. Un report décidé sur fond de polémique suscitée par la composante de la liste des immeubles programmés pour cette tranche. En effet et selon des sources concordantes, cette fameuse liste composée d'une vingtaine d'immeubles menaçant ruine et classés dans la catégorie «rouge» comporterait des immeubles ayant déjà fait l'objet d'opérations de relogement. L'exemple des immeubles n°11 et 28 de la rue Montabord dans le quartier de Derb illustre parfaitement cet état de fait. Pour le premier immeuble, par exemple, nos sources affirment que ce bâtiment a été inscrit au relogement pas moins de cinq fois déjà. Le cas du second immeuble n'en est pas moins évocateur. Selon les mêmes sources, le n° 28, rue Montabord a, en effet, été inscrit au relogement dans au moins trois opérations précédentes et les archives dont disposent les services de la daïra et de l'APC le confirment. Le dernier relogement décidé pour cet immeuble remonte au mois de février dernier seulement, à l'occasion de la 2ème tranche de l'opération «vieux bâti» en cours. Donc, pas plus de 3 mois plus tard, l'immeuble est inscrit de nouveau pour relogement. Une décision qui a laissé perplexes plus d'une famille parmi celles, et elles sont nombreuses, qui aspirent depuis des années déjà au relogement, car considérant que leurs immeubles répondent à l'ensemble des critères d'évacuation, étant classés rouge et menaçant de s'effondrer à n'importe quel moment. C'est le cas des 15 familles habitant au 32, rue Ouis Mohammed (ex- Interginet) à St Antoine, un immeuble classé rouge par les services du contrôle technique, menacé d'un côté par ses caves inondées par les eaux usées et de l'autre par ses toitures fissurées et lézardées par les infiltrations d'eaux pluviales. «Notre surprise fut immense quand on a constaté que nous ne sommes pas concernés encore une fois par cette troisième tranche du relogement du mois de mai. Les opérations se succèdent et on est à chaque fois écarté, alors que d'autres immeubles bénéficient du relogement à chaque occasion. Ce n'est pas juste», affirme une mère de famille habitant l'immeuble, qui s'est déplacée avec d'autres locataires de l'immeuble à notre rédaction. Et d'ajouter en exhibant les correspondances envoyées aux autorités : « En 2004, déjà, on avait avisé les services compétents du secteur urbain de Sidi El Bachir, de la wilaya de la direction de la santé et de l'OPGI. Notre cave, qui a été à un certain temps, le siège d'un club de boxe d'association sportive, actuellement abandonné, est inondé depuis 16 années. Après tant d'années d'attente, on se demande sérieusement si on va être un jour pris en charge», se demande-t-elle. Autre cas qui semble encore ne pas plaider pour une gestion au delà de tout reproche de ce dossier du relogement spécial vieux bâti à Oran, la décision d'expulsion de l'association «Ouled Touat El Emir Abdelkader» de Sidi El Hasni, de son siège historique situé au 17 rue Krim Belkacem. Selon les membres de cette association, qui existe depuis 1946, devenue aujourd'hui un symbole de l'attachement d'Oran et de sa culture à ses racines du sud algérien, l'association devra, en effet, plier bagage pour un logement social à Haï Essabah en guise de local. Une décision qui s'inscrit, nous dit-on, dans le cadre de cette même troisième tranche de relogement spécial Vieux bâti. Pour M. Allal Boudjamâa, membre de bureau de cette association, qui compte une quarantaine de personnes, «cette décision est insensée. Notre siège qui témoigne encore du passage de nos parents et grands parents dans cette association ne représente aucun danger pour nous. On nous dit qu'on doit évacuer pour notre sécurité. Ce n'est pas vrai. Les véritables raisons sont ailleurs.» Avant d'ajouter: «On lance un appel au wali d'intervenir personnellement pour élucider les véritables motivations de cette décision». A noter que le wali d'Oran a réuni ce jeudi l'ensemble des représentants des services de sécurité de la wilaya, en présence du chef de daïra d'Oran pour étudier les détails relatifs au déroulement de cette opération de relogement prévue en fin de semaine en cours et qui s'annonce d'ores et déjà fort délicate.