Les magistrats de la Cour des comptes reviennent à la charge pour revendiquer de meilleures conditions de travail et une «réhabilitation» de leur institution complètement délaissée, estime leur syndicat. Ce dernier, qui a tenu une assemblée générale il y a quelques jours, en appelle à l'intervention du chef de l'Etat en sa qualité de premier magistrat du pays pour se pencher sur leurs conditions socioprofessionnelles, notamment en ce qui concerne la question des salaires et de la retraite. Les magistrats de la Cour des comptes qui saluent l'instruction du président de la République n°03 du 13 décembre 2009 sur la nécessité de «renforcer le contrôle de l'argent public et le rôle de la Cour des comptes dans la lutte contre la corruption» ont affiché leur disponibilité à «assumer leur responsabilisé pour la réalisation de cet objectif noble». Cependant les magistrats évoquent une «situation catastrophique» qui prévaut au sein de la Cour des comptes pour cause d'innombrables difficultés durant les 15 dernières années. Parmi les difficultés, les syndicalistes citent notamment «la perte graduelle de la place qu'occupe la Cour des comptes dans le contrôle», «l'absence de vision indépendante pour la gestion des ressources humaines», «l'absence d'un minimum de conditions matérielles pour effectuer la mission de contrôle», «absence de considération et d'aide envers les services techniques dans leur mission de contrôle», «repli de l'institution sur elle-même et absence d'adaptation de la Cour des comptes face aux développements du contrôle conformément aux normes internationales». Et enfin la «mise à l'écart du partenaire social par le président de la Cour des comptes dans les affaires qui concernent les magistrats et le manque de répondant quant aux revendications présentées par le syndicat». Pour toutes ces raisons, les magistrats de la Cour des comptes, qui semblent excédés par une telle situation, ont décidé d'interpeler le président de la République à travers une lettre ouverte. Les magistrats affirment que leur condition socioprofessionnelle n'a pas connu d'évolution depuis l'année 1996, date de l'entrée en vigueur du décret exécutif n°30-96 portant sur la grille de salaires des magistrats relevant de la Cour des comptes. Les magistrats en question, au nombre de 203, s'interrogent sur leur mise à l'écart dans toutes les décisions de revalorisation salariale des agents de l'Etat, à l'instar des magistrats relevant du secteur de la justice alors que les missions des deux corps, soutient-on encore, sont presque les mêmes dans les textes juridiques et les nominations. Il y a lieu de souligner que les magistrats de la Cour des comptes ne sont pas à leur première sortie pour revendiquer de meilleures conditions socioprofessionnelles, du moins égales à leurs confrères de la justice.