Les magistrats de la Cour des comptes, dont les prérogatives étaient quelque peu gelées des années durant, ont décidé de lever le voile sur leur situation socioprofessionnelle et demandé de réhabiliter la Cour dans ses missions notamment celles qui relèvent de la lutte contre la corruption. Ainsi, la tenue de l'Assemblée générale, le 7 mai dernier, du syndicat des magistrats de la Cour des comptes, a été l'occasion de remettre au cœur des débats le rôle de cette institution dans la lutte contre la corruption. Les magistrats ont également mis à profit cette opportunité afin de débattre des conditions socioprofessionnelles dans lesquelles ils évoluent, évoquant les problèmes liés aux salaires et à la retraite. Les magistrats ont décidé, également, à l'unanimité, de saisir le président de la Cour des comptes afin de débattre de ces questions. S'agissant de la lutte contre la corruption, ils ont mis en avant la décision du président de la République, le numéro 3 du 13 décembre 2009, liée à la nécessité de renforcer le contrôle sur les deniers publics et la consolidation du rôle de la Cour des comptes dans la lutte contre la corruption. Les magistrats ont confirmé leur disponibilité à œuvrer efficacement afin d'atteindre l'objectif tracé par le premier magistrat du pays. Ils regrettent, par ailleurs, la situation jugée «catastrophique» dans laquelle s'était embourbée leur institution du fait de «la mauvaise gestion et le laxisme qui ont caractérisé l'administration de la cour durant les 15 dernières années». Cette situation de «mauvaise gestion» et de «laxisme» a contribué, selon le PV de l'Assemblée générale, au recul des capacités de contrôle de cette institution, absence d'une vision à long terme sur le plan de gestion des ressources humaines, insuffisance des moyens matériels pour permettre aux magistrats d'accomplir leurs missions dans les meilleures conditions, absence de soutien technique des suites de la vacation de plusieurs postes. Les magistrats ont exposé ainsi les raisons ayant conduit à l'inefficacité de la cour à accompagner le mouvement de lutte contre la corruption et relèvent le fait que l'institution s'était enfermée sur elle-même pendant plusieurs années, «raison pour laquelle elle est en perte de vitesse par rapport aux derniers développements». Le syndicat des magistrats soulève aussi le problème lié à «l'exclusion, par le président de la Cour, du partenaire social, de toutes les questions en relation avec le métier des magistrats et le refus de répondre à leurs revendications». Les magistrats ont décidé de saisir le président de la République afin de faire sauter le verrou qui paralyse la Cour des comptes.