En réponse à l'appel des familles victimes d'expulsion, le comité SOS expulsion a pris la décision d'organiser un rassemblement national dans un lieu public à Alger, le 5 juillet prochain. Objectif: dénoncer les expulsions des citoyens algériens et des familles algériennes, jetés à la rue sans aucune assistance. C'est ce qu'a affirmé, hier, le président du comité national SOS expulsion, Salmi Hakim, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), à Alger. Selon l'intervenant, 585 familles sont jetées à la rue dont 350 familles dans la wilaya de Constantine, plus précisément de l'avenue de Roumanie, après avoir été écartées de la liste des familles relogées les 10 et 11 avril dernier. Présents à la conférence de presse, les représentants des 350 familles de la wilaya de Constantine ont relaté leur calvaire. Des pères de familles munis d'actes de propriété de leur bien datant de 1939 ont affirmé qu'ils ont été jetés par les autorités locales dans la rue sans aucune explication valable. « Nos biens ont été jetés dans une fourrière à Constantine ». Ils demandent à la présidence de mener une enquête sur les opérations de relogement au profit des habitants de ce vieux quartier, estimant qu'il y a eu beaucoup de confusion et de flou. «Le wali a refusé d'afficher la liste des familles qui ont bénéficié de logements et les raisons ayant poussé les autorités locales à écarter 350 familles de plusieurs générations de la liste des bénéficiaires de logements», ont soutenu les intervenants. Les représentants des familles ont précisé que l'opération de relogement n'était pas une opération de délocalisation, mais plutôt une opération de « déportation ». « Le procédé n'a garanti ni indemnisation des familles propriétaires d'habitations F7, ni les moyens de relogement nécessaires ». Se relayant, des membres de familles expulsées ont témoigné de la situation vécue. Un quinquagénaire habitant le boulevard des Martyrs à Alger depuis l'indépendance, raconte qu'il a été victime d'une escroquerie, et a vu sa vie et celle de ses enfants complètement chamboulées, sans trouver de l'aide ni auprès de l'assistance sociale, ni auprès des représentants des citoyens. Une mère de deux enfants a affirmé, les larmes aux yeux, qu'elle a été expulsée de son «logement EPLF de Bab Ezzouar», elle aussi suite à une escroquerie. Pourtant, dit-elle, «j'avais tous les documents prouvant que j'ai acheté ce logement légalement. Les escrocs ont eu gain de cause et moi je me suis retrouvée avec mes enfants à la rue». Plusieurs familles de la localité Haouch Mihoub à Baraki ont été expulsées après l'opération de relogement ayant eu lieu le 27 avril 2010. «Nous avons été expulsés. Nous avons habité ce bidonville depuis 1992, alors que d'autres arrivés après nous ont été relogés », dira le représentant de ces familles. Il ajoute que leurs effets personnels et leurs meubles ont été embarqués et mis dans le parc communal de Baraki. Certains parmi les expulsés n'ont même pas voulu exposer leurs cas. Ils disent « nous avons frappé à toutes les portes, nous avons beaucoup parlé et nous n'avons rien obtenu. On a décidé aujourd'hui d'investir la rue pour faire valoir notre droit au logement », ont-ils conclu.