L'Algérie, par le biais du GRAS (Groupe de recherche en anthropologie de la santé) a été retenu pour participer à l'enquête sur «les perceptions et attentes des communautés à l'égard des services de santé essentiels» qu'initie l'OMS dans douze pays africains. Uniquement l'Algérie a été sélectionnée parmi les pays maghrébins. La raison est simple : l'enseignement de la sociologie de la santé est à la pointe en Algérie et plus précisément à Oran grâce au GRAS. Dans ce sens, Mohamed Mebtoul, à qui l'université d'Es-Senia doit l'introduction de cette spécialité depuis plus de vingt ans, nous a expliqué: «J'ai reçu un courriel pour me présenter au Congo. Sur place, on m'a proposé de réaliser cette enquête. Ce sont les travaux et les publications de notre laboratoire qui ont orienté les responsables de l'OMS vers nous. Autrement, je n'ai pas de relations au niveau de cette institution internationale». En principe, l'équipe du GRAS remettra un protocole de recherche au courant de ce mois. La formation de l'équipe aura lieu en juillet prochain et l'enquête démarrera en septembre et durera trois mois. Elle doit couvrir deux régions : Oran et Tissemsilt. Le rapport final sera rendu au plus tard au mois de mars 2011. S'exprimant sur l'enquête elle-même, Mebtoul dira : «Elle coïncide exactement avec la problématique que nous essayons de développer depuis fort longtemps». Soulignons que tous les travaux du GRAS tournent autour des acteurs de la santé en Algérie. Et parmi ces acteurs, la famille et les proches que le savoir techniciste enseigné aux médecins et autres agents de la santé ignore superbement. Autrement dit, la sociologie et l'anthropologie de la santé cherche à réhabiliter la famille en tant qu'acteur participant pleinement à l'acte de médication. Or, il semblerait que l'enquête qu'initie l'OMS cherche justement à confirmer cette hypothèse déjà démontrée par la sociologie et l'anthropologie de la santé. Rappelons qu'il y a deux ans, le GRAS a réalisé une enquête pour le compte de la Ligue arabe sur la sexualité. Par ailleurs, Mohamed Mebtoul et son équipe ont d'autres motifs de fierté. Mercredi dernier, son laboratoire a obtenu la plus haute note suite à une mission d'évaluation diligentée par le ministère de l'Enseignement supérieur et le Recherche scientifique. La personne qui a dirigé cette mission ne s'est pas empêchée de déclarer : «Permettez-moi de vous dire que le cas de votre laboratoire est rare pour ne pas dire unique». En marge des discussions, cette chercheuse hôte du GRAS a signalé que le texte instituant l'autonomie des laboratoires de recherche sera incessamment libéré par le ministère de tutelle. Aussi, elle affirmera que la question de la contractualisation des chercheurs sera réglée dans un proche avenir. Continuant ses annonces, elle ajoutera que le MESRS a libéré 1500 postes de travail et permettra à chaque laboratoire de recherche de recruter un travailleur qui sera chargé des questions de l'hygiène et de l'entretien des lieux.