Au Maroc, la bataille des télécoms, comparativement à la Tunisie, et dans une moindre mesure à l'Algérie, est 'zen'', mais avec des zones de chasse pas tellement délimitées. Maroc Telecom, opérateur historique, détient près de 22,3 millions d'abonnés dans le mobile. A ce titre, il ne peut s'inquiéter dans l'immédiat de la concurrence. Mais pour combien de temps ? Meditel et 'Wana'' (littéralement «et moi ?») arrivent 'au galop''. Dans un marché potentiel en pleine croissance avec près de 10 millions d'abonnés au 1er trimestre 2010, Meditel, devenu marocain à 100%, veut chasser dans le terrain de son grand rival. En septembre 2009, les pouvoirs publics au Maroc ont décidé de racheter les parts des deux actionnaires dans le capital du second opérateur de téléphonie mobile, l'espagnol Telefonica et le portugais Portugal Telecom. De son nom complet 'Meditelecom'', cet opérateur a été créé en 1999 par les deux groupes espagnol et portugais, qui en détenaient 32,18% du capital chacun. En septembre 2009, ils vendent leurs actions et le tour de table est opéré par la puissante CDG (Caisse de dépôts et de gestion) et FinanceCom. L'opération aura coûté aux deux banques marocaines, très introduites dans le circuit financier de la place avec la gestion d'importants portefeuilles, près de 800 millions de dollars. Meditelecom comptait, il y a un an, moins de dix millions d'abonnés au téléphone mobile et les services Internet. L'opération paraissait un peu risquée pour les nouveaux acquéreurs, néophytes dans le domaine des Télécoms. Méga-rachat Le rachat par deux banques marocaines, via leurs filiales, du bloc de 64,4% d'actions des groupes ibériques, a été la troisième grande transaction dans le Royaume sur capital tous secteurs confondus, après celles, bien sûr de la cession en deux phases de 51% de Maroc Telecom au groupe Multimédia français Vivendi Universal. La CDG est le premier groupe bancaire public et FinanceCom le second groupe financier et bancaire privé de la place. Dorénavant, les deux groupes marocains, qui détenaient au départ chacun 18% du capital de Meditel en partagent désormais le capital. Globalement, la répartition est plus en faveur du groupe privé de Benjelloun (BMCE) qui, à travers ses filiales RMA Al Wataniya (13,06%) et Financecom (5% + les 32,18% nouvellement acquis), détient 50,24% des actions. La CDG, via Holdco (17,58%) et Fipar (32,18% nouvellement acquis) détient le reste, soit 49,76%. Pour autant, la répartition des voix au sein du conseil d'administration sera faite de manière paritaire. Il s'agira en sorte d'une cogestion, à l'image du schéma antécédent mis en place par Telefonica et Portugal Telecom. Méditel en 3G et Wana en embuscade Le nouveau groupe de téléphonie mobile à 100% marocain n'a pas encore donné de bilan chiffré sur ses résultats au 1er trimestre 2010. Pour autant, on apprend de sources proches du groupe que le nombre de ses abonnés culmine à plus de 10 millions d'abonnés. Il détient désormais 37,30% des parts de marché à fin mai 2010 et le chiffre d'affaires pour cette période serait encourageant. Au 31 décembre 2009, Meditelecom a réalisé un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de dirhams, en hausse de 2,2% par rapport à 2008. Le cash flow opérationnel avait enregistré un bond de 62% par rapport à 2008 en s'établissant à 1,2 milliard de Dhs, alors que la dette du groupe a baissé de 1,5 milliard de DH. Les résultats du groupe ont été en fait boostés par l'internet 3G, qui a connu une croissance de 179% au niveau du parc client et de 120% au niveau des revenus générés. Quant au troisième opérateur de téléphonie fixe et mobile, Wana Corporate, il avait ouvert en 2009 son capital à deux opérateurs 'khaliji'' (du golfe), 'Zaïn et Al Ajial'', pour une valeur de 2,5 milliards de dirhams. Et, en moins d'une année, il est devenu leader avec 51,65% du parc de la téléphonie fixe, devant Maroc Telecom (48,12%) et Meditel (0,2%). Cette première place pour Wana a été obtenue grâce à l'arrivée de la mobilité restreinte qu'il a lancée et qui est comptabilisée comme téléphonie fixe par l'agence (marocaine) de réglementation des télécommunications (ANRT).