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Prospective et recensement Fixer un cap à l'économie
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 06 - 2010

La création d'un ministère chargé de la prospection et de la statistique semble répondre aux besoins de fixer un cap à une économie qui a toujours fonctionné «au petit bonheur la chance.» Dès sa première sortie publique, le nouveau ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement a tenu à affirmer que sa mission s'inscrivait dans l'enchaînement de ce que son prédécesseur avait entrepris avant sa nomination au ministère de la Prospective et de la Statistique. «Nous continuerons la stratégie industrielle (…) qui est engagée dans le programme du gouvernement,» avait-il déclaré. Temmar nous avait dit en avril dernier à ce sujet que « la stratégie industrielle a été reconfirmée et est totalement en marche.» Mohamed Benmeradi semble cependant, rester attaché à «ses anciens amours» qui sont les domaines, même s'il doit en garder quelque part, une grande amertume pour y avoir vécu les déboires des cadres «boucs émissaires» d'un système en mal de probité. Benmeradi avait, pour rappel, subi d'énormes pressions après avoir «assisté» en tant que DG des domaines, la cession des Galeries d'Alger à Khalifa. Il aura passé ainsi les plus mauvais moments de sa carrière. Sa première sortie publique, il l'a consacrée à un séminaire sur le foncier économique que l'Aniref a organisé mercredi dernier à la résidence El Mithak. Comme s'il voulait souligner que pour être performante, l'économie nationale doit être «assise» sur un foncier « stable et bien défini.» Il pense que «la formule de la concession demeure perfectible (…). Il reste quelques difficultés juridiques à surmonter.» C'est certainement pour «bien asseoir» l'économie que Hamid Temmar a été chargé de fixer un cap à l'économie nationale. Il fera pour cela, dans la prospective, ce qui a toujours le plus manqué au pays. Il semble que ses missions sont d'ores et déjà fixées par le décret exécutif 10-123 du 28 avril 2010 fixant les conditions générales de préparation et d'exécution du recensement économique, même si ce décret semble avoir été signé avant que le chef de l'Etat ne décide de créer un ministère de la prospective. En effet, pour le signer, Ahmed Ouyahia s'est référé entre autres au décret présidentiel 06- 346 du 2 octobre 2006 modifié et complété portant création, missions et organisation du commissariat général à la planification et à la prospective dirigé alors par Sid Ali Boukrami.
Le recensement économique, nouvelle mission de Temmar ?
L'ancien commissaire est aujourd'hui nommé secrétaire d'Etat auprès de Temmar, chargé de la statistique. Le commissariat est donc dissous de fait.
Le décret portant recensement économique repose aussi sur celui 95-159 du 3 juin 95 portant réaménagement des statuts de l'Office national des statistiques et un autre 95-160 de la même date modifié et complété portant organisation et fonctionnement du Conseil national de la statistique.
Le recensement économique ressemblera à plus d'un titre à l'opération de listing du secteur publique que Temmar a mené dès sa nomination en tant que ministre de la privatisation. Opération qui n'a pas été du goût de beaucoup de cadres parce qu'elle était destinée à «peser le poids du secteur public en vue de sa privatisation. » Aujourd'hui, Temmar s'interdit de parler de programme de privatisation. « C'est un processus qui doit concerner 150 entreprises, il est peut-être compliqué mais protège tout le monde, ça été fait dans un but de transparence.» Allusion faite aux nombreux scandales de corruption qui gangrène un grand nombre de secteurs. Le processus en question met en avant la décision de l'Etat d'obliger à un partage de capital à 51-49 « l'Etat comme partenaire pour contrôler,» nous dit Temmar. Le ministre nous a dit que dans le cadre de la stratégie industrielle, il prévoyait « la création d'un centre de recherche et de développement, de commissariats à l'intelligence économique, la mise en place d'un système national de l'innovation, d'un nouveau programme de management et le lancement d'une étude d'un grand programme de productivité selon les besoins de l'industrie ».
Un décret pour Temmar
Aujourd'hui, Temmar semble probablement être chargé d'imbriquer «les unes dans les autres» «créations» et enclencher le processus de recensement économique qui selon l'article 2 du décret «a pour finalité de traiter et publier des données sur les entités économiques et administratives hors agriculture quel que soit leur statut juridique. » Le recensement doit être réalisé en deux phases. « La première consiste en un dénombrement systématique de l'ensemble des entités économiques et administratives en vue de mettre en place un fichier général des entreprises et des établissements. Et la seconde vise à réaliser une enquête approfondie. Elle permet de répondre aux besoins et préoccupations en matière d'informations économiques,» stipule l'article 3. L'article 4 devra être révisé après la création des nouvelles missions de Temmar puisqu'il ne parle pas de ministère mais de comité national chargé « d'arrêter et de suivre le plan de déroulement des opérations du recensement économique.» L'article 6 désignant la composante des membres de ce comité national devra aussi être changée. Il inclut la quasi-totalité des ministères.
Le ministère de la prospective devra ainsi initier une démarche multisectorielle de grande ampleur. «Les ministères et institutions non représentés au sein du comité national peuvent prendre part aux réunions lorsque les points relevant de leurs attributions figurent à l'ordre du jour,» stipule l'article 7. Le secrétariat du comité sera certainement assuré par Boukrami au lieu du DG de l'ONS comme prévu par l'article 8. «Le recensement économique est réalisé sous l'égide du comité national par le comité technique opérationnel avec le concours des administrations et collectivités locales concernées (…) » est-il écrit dans l'article 20.
Temmar devra ainsi être appelé à corriger cette navigation à vue du gouvernement qui, par exemple, en signant un décret exécutif portant recensement économique ne savait pas qu'il allait être créé un ministère de la prospective à peine un mois plus tard. L'un dans l'autre, les deux décisions remettent en tout cas, au goût du jour la revendication durant des années, de l'ancien président du CNES, Mohamed Salah Mentouri ou de celle de l'ancien ministre des finances, Abdelatif Benachenhou, relative à la création d'un observatoire économique et de la statistique pour permettre au gouvernement d'anticiper au lieu de faire dans l'improvisation.


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