C'est aujourd'hui une certitude, le projet du tramway d'Oran ne sera pas livré dans les délais contractuels. Pire encore, le retard serait beaucoup plus important que ne l'avaient imaginé même les plus pessimistes. Des bruits de plus en plus persistants avancent que la livraison du projet ne se fera pas avant 2013, soit au minimum dans deux ans et demi. Et cette nouvelle échéance aurait été avancée par les responsables mêmes du groupement espagnol Tramnour. Que se passe-t-il réellement dans le chantier du tramway d'Oran ? Selon certaines indiscrétions, l'entreprise chargée de la réalisation, en l'occurrence Tramnour, a encore «de sérieuses difficultés» à assurer la cadence nécessaire à la bonne marche du projet. Des difficultés qui, selon les mêmes sources, iront en s'accentuant, car il sera beaucoup plus difficile de les gérer, une fois les travaux entamés au centre-ville (place d'Armes, bd Emir Abdelkader, rue de Mostaganem). Une zone de la ville connue pour l'exiguïté de ses artères et la densité de son trafic automobile, particulièrement en période estivale. Il est difficile d'avancer aujourd'hui un taux d'avancement des travaux, car personne parmi les instances chargées du projet, ni l'Entreprise du Métro d'Alger, ni le groupement Tramnour, ni encore la direction des Transports de la wilaya ne font un effort de communication sur le sujet. D'après les termes du contrat liant le ministère des Transports au groupement espagnol Isolux Corsan et Alstom Transporte, le projet doit être opérationnel avant fin 2010. Mais la réalité du terrain et les avis des techniciens locaux le confirment: «Le projet ne peut pas être livré dans les délais contractuels». Certains avaient pressenti, à juste titre d'ailleurs, un retard de «deux années» minimum sur les délais prévus. Car les signes annonciateurs de cet important retard étaient perceptibles depuis assez longtemps. Ce qui avait fait, affirment nos sources, réagir les pouvoirs publics, qui avaient «exprimé clairement leurs préoccupations au groupement espagnol». C'est ce qui explique, selon les mêmes sources, le changement effectué il y a quelques mois par les Espagnols au sein de l'équipe dirigeante de Tramnour, à qui on aurait reproché une cadence trop faible des travaux. En effet, par sa nature difficile, car il intervient à l'intérieur du tissu urbain, un tel projet exige, selon les techniciens, des travaux de jour comme de nuit, selon le système 3x8 et même durant le week-end. Or, dans la réalité des faits, ajoute-t-on, on constate que les travaux ne se font que le jour et pas le vendredi. Pourtant, il est évident que le meilleur moment pour intervenir sur la voie et assurer un avancement optimal des travaux, c'est la nuit, souligne-t-on par ailleurs. Des observations qui ont été prises en considération et mises en application pour un certain temps avant d'être délaissées. Vingt mois se sont déjà écoulés depuis le lancement, en octobre 2008, du projet de réalisation du tramway d'Oran. Le groupement espagnol est ainsi à six mois à peine de l'arrivée à terme du délai contractuel. Mais à ce jour, on n'assume toujours pas, du moins officiellement, ce grand retard, qui ne sera pourtant pas sans conséquences sur la vie quotidienne des Oranais. Le sujet est semble-il tabou. Ceci dit, personne n'a intérêt à ce que les délais soient dépassés, particulièrement la partie espagnole qui risque de payer de lourdes pénalités à la partie algérienne en cas de retards. En effet, et conformément à l'article 36 du CCAG et des dispositions de l'article 78 du décret présidentiel n°002-250 du 24/07/2002, modifié et complété portant réglementation des marchés publics, les pénalités de retard prévues sont appliquées sans mise en demeure préalable sur la simple confrontation de la date d'expiration des délais contractuels d'exécution et des dates de Réception provisoire. Pour le cas précis du projet du tramway d'Oran, ces retenues sont appliquées en cas de dépassement des délais contractuels relatifs à chaque délai partiel, qu'on désigne selon les termes du contrat sous la dénomination de «Jalon», à condition bien évidemment que ces dépassements de délais soient imputables au Titulaire c'est-à-dire Tramnour ou à l'un de ses sous-traitants. Le montant de ces pénalités, précisent nos sources, qui s'effectue sous forme de retenues journalières calendaires, peut varier, selon le jalon en question, entre 300.000 et 600.000 dinars en HT/jour. Pour rappel, le tramway d'Oran aura un tracé bidirectionnel. Dans sa version première, le tramway devait s'étendre sur une longueur de 18,7 kilomètres, entre la commune d'Es-Sénia et la localité de Sidi Maârouf via la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes) au centre-ville, comprenant 30 rames d'une capacité de transport de 325 passagers chacune, soit 88,5 millions de passagers par an. Mais par la suite une extension a été décidée, du côté Est de Sidi Maârouf vers le futur pôle universitaire, et du côté Sud d'Es-Sénia vers l'aéroport. Lancé fin 2008, le projet devait coûter plus de 39 milliards de D.A.