Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani Les projets d'infrastructures routières en Algérie sont si nombreux qu'il n'y a presque plus aucun endroit dans le pays où l'on n'aperçoit pas des travaux en chantier. Ces derniers ne sont pas sans causer des dommages à la circulation automobile elle-même, alors que l'on s'attend à une meilleure fluidité du trafic. Pire, des riverains se plaignent de bruit, de poussière, de problèmes respiratoires, de coupures d'eau, d'électricité…etc. Attente et désagréments A Alger, les habitants suffoquent. Les chantiers de travaux publics, il y en a partout. Routes, échangeurs, trémies, élargissement des routes nationales presque régulièrement, le ministre, Amar Ghoul, effectue des visites sur le terrain pour inaugurer de nouvelles réalisations sinon «booster» les travaux en cours. L'on se réjouit de l'ouverture d'une nouvelle route, d'un nouvel échangeur, d'une trémie…mais le bout du tunnel n'apparaît jamais. La «délivrance», tant espérée par l'automobiliste et tout autre usager de la route, de façon générale, est constamment reportée. «Je ne comprends rien. A la télévision, on voit tous les jours le ministre des Travaux publics procéder à de nouvelles inaugurations et au lancement de nouveaux chantiers mais la situation est toujours la même. Il y a des bouchons partout. Il ne sert vraiment à rien d'avoir une voiture à Alger» lance un automobiliste, employé comme chauffeur dans une entreprise privée. L'homme affirme se «bagarrer» quotidiennement avec d'autres automobilistes à cause de ce problème : «Ils veulent tous passer les premiers. Tous sont pressés. Quand tu réclames ton droit, ils te répondent par des insultes, des mots blessants et parfois même, ils en arrivent aux mains. C'est devenu infernal de circuler à Alger». Des témoignages illustrant cet état de fait sont légion. Des pères et des mères de famille sont intimidés devant leurs enfants. Quand aux humiliations subies par les femmes, accusées d'être maladroites au volant, cela n'en finit pas. Les «machos» trouvent toujours à dire pour amoindrir une femme qui prend les commandes d'une voiture. Les travaux du métro d'Alger étaient à l'origine de nombreux désagréments pour les habitants qui l'avaient d'ailleurs oublié pendant des années. Maintenant que le gouvernement l'a repris sérieusement, en lui consacrant une grande somme d'argent et mobilisant des entreprises nationales et internationales de renommée pour en faire un véritable moyen de transport, à la hauteur des aspirations des usagers, les choses stagnent à nouveau. Le ministre des Transports, Amar Tou, avait annoncé sa livraison pour la fin 2008. Il y insistait devant les caméras de télévision et les journalistes de la presse écrite et audiovisuelle. Passé la date, il n'y a toujours pas de rames de métro qui circulent à Alger. Une autre date est alors avancée par le ministre, avec la même confiance et la même certitude : «le métro sera mis en service au plus tard à la fin 2009». Le représentant du gouvernement affiche la même confiance comme si tout est prêt pour que la locomotive soit réellement mise en marche. Aujourd'hui, à deux mois seulement de la fin de l'année 2010, le métro d'Alger n'est pas opérationnel. Tout près de la fin…mais c'est encore loin Le ministre des Transports, Amar Tou, rassure que toutes les stations et les voies de passage du nouvel appareil sont terminées. Réalisées dans les règles de l'art, il ne reste plus qu'à mettre en circulation la machine ayant déjà subi, «avec succès», plusieurs essais. Les Algérois attendent mais rien n'arrive. Amar Tou assume le retard et le justifie par la nécessité de procéder à de nouveaux essais concernant l'aspect sécuritaire du projet. Peut-être que la mise en exploitation du métro d'Alger interviendra dans les jours, les mois ou les années à venir. C'est selon ! Tout dépend de la volonté des pouvoirs publics. Pour rappel, le métro d'Alger est d'une longueur de 9,5 km. Il devra desservir, sur dix stations, les communes de Bachdjarah, El Magharia, Hussein Dey, Sidi M'hamed et Alger-centre. Des extensions sont prévues dans le cadre de projets futurs.L'autre nouveauté pour Alger, inscrite à l'actif du gouvernement Ouyahia, sous les directives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, c'est le lancement de la ligne ferroviaire électrifiée Alger-Thénia. Au grand bonheur des habitants des deux wilayas d'Alger et de Boumerdès, le président Bouteflika l'avait inaugurée, le 2 mai dernier, lors de sa tournée dans la capitale. C'est un train moderne, rapide, écologique mais quelque peu cher pour les usagers. A peine mis en service, le nouveau train commence à rencontrer des problèmes. Pas plus tard que cette semaine, des usagers ont signalé son arrêt pour cause de chute d'un câble électrique. C'est dû aux mauvaises conditions climatiques, si l'on tient compte des déclarations de certains responsables. Le problème, c'est que cela risque de se répéter souvent pour cause du même motif : mauvaises conditions climatiques. Il faut également associer les risques de piratage et de vol des câbles par la mafia du cuivre. Ces réseaux de malfaiteurs bien organisés à travers plusieurs wilayas du pays. Les autorités publiques, à leur tête la SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) doivent se pencher sérieusement sur ces «handicaps» et trouver les solutions adéquates. Ceci, bien sûr, avec l'aide d'autres institutions et autres organismes de l'Etat, interpellés directement par ce phénomène de banditisme à grande échelle. La remise en service des lignes ferroviaires Alger/ Tizi-Ouzou et Alger-Béjaïa est aussi bien accueillie par de nombreux usagers qui sont, de plus en plus nombreux, à bouder les autres moyens de transport en commun. Seulement, les horaires fixés par l'entreprise n'arrangent pas tous les nouveaux abonnés. Les femmes s'en plaignent plus que les hommes. «Un train Alger/ Tizi-Ouzou à 16 h, ça ne m'arrange pas vraiment. Surtout pendant cette période d'automne et d'hiver» regrette une citoyenne de Tizi Ouzou, résidente à Alger pour les besoins de son travail. De l'autre côté, à la gare routière du Carroubier, «c'est l'enfer». Des usagers se plaignent de la non-disponibilité des bus, particulièrement durant les week-ends et les jours fériés. Des promesses pour la fin de l'année 2010 De nouvelles lignes ferroviaires sont mises en service dans d'autres wilayas du pays. L'on cite, par exemple, la ligne Tabia-Mecheria-Béchar, d'une longueur de 850 km, devant permettre le transport de quelque 600 000 voyageurs annuellement. Selon le ministre des Transports, Amar Tou, d'autres projets sont en cours pour atteindre un réseau ferroviaire de 10 500 km en 2014. Concernant les projets de tramways, le ministre a indiqué que ces derniers seront au nombre de 17 en 2015.Pour ce qui est de l'autoroute Est-Ouest que tous les usagers attendent avec impatience, le ministre des Travaux publics a déclaré dernièrement que le mégaprojet va être livré, dans sa totalité, avant la fin de l'année en cours. Il est d'une longueur de 1 216 km. Sur le terrain, rien n'est sûr.