Le débat «nucléaire contre solaire» qui ne peut que s'imposer au Maghreb est d'une certaine manière le pendant d'une lutte sourde entre l'Allemagne et la France. Des responsables allemands ne se privent pas, off the record et parfois on the record, de souligner qu'il est incompréhensible pour la région du Maghreb de se lancer dans l'industrie nucléaire lorsqu'on a l'un des potentiels solaires du monde. La France de son côté, avec Areva et Edf, veut se placer comme leader de la filière nucléaire. Les offres de nucléaire civil font désormais partie des éléments apportés dans les valises du président français dans ses visites officielles à l'extérieur. Paris qui a subi un grand revers aux Emirats où les Sud-Coréens ont raflé un contrat de 20,4 milliards de dollars face au consortium français (EDF, GDF, Areva et Total) fait des pays du Maghreb (Algérie, Libye, Tunisie et Maroc) un marché cible. D'où une forme d'encouragement au nucléaire qui suscite parfois des commentaires acides de la part de partenaires européens au sujet de la « prolifération commerciale » de la France. A l'opposé, l'Allemagne est leader mondial des technologies solaires et ses entreprises sont sur une stratégie de création d'un marché régional de centrale solaire thermique. Pour Berlin, l'Algérie comme le reste des pays du Maghreb, s'engageraient sur une fausse piste en entrant dans l'aventure du nucléaire. L'avenir énergétique de la région se trouve, selon les Allemands, dans les technologies du solaires et accessoirement dans l'éolien. Une préférence solaire Pourquoi renoncer au soleil ? L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, est resté prudent à l'égard du projet Desertec, initié par des entreprises allemandes et Cevital, l'algérienne. Le programme public d'investissement dans les énergies renouvelables suit doucement son cours : on attend, d'ici fin 2010 sans doute, la livraison de la première centrale hybride solaire-gaz (CSP) de 180 mégawatts à Hassi R'mel. Le partenaire dans l'affaire n'est ni français, ni allemand, mais l'espagnol Abener. En matière d'énergies renouvelables, l'Algérie pose d'abord une exigence élevée en matière de taux d'intégration. Et bien entendu, une participation algérienne à 51% et du transfert de technologie et la formation. La bagarre franco-allemande suscite un débat feutré en Algérie sans doute dans le reste du Maghreb- entre partisans du nucléaire et ceux du solaire. Ces derniers soulignent que les technologies solaires ont une marge de progression importante qui va entraîner une baisse rapide du coût du kilowattheure. Pour M. Tewfik Hasni ancien vice-président de Sonatrach et fondateur de Neal, la filiale de Sonatrach dédiée aux énergies alternatives, cité par la revue Ideas-Afkar, «le solaire est de tous les points de vue, financier industriel ou éthique, l'énergie de l'avenir pour un pays comme l'Algérie». Par contre, tout joue contre l'électronucléaire : «les coûts, la limitation de l'uranium qui en fait une énergie non renouvelable, les problèmes de sites d'implantations, de sécurité industrielle, de traitements des déchets et puis c'est une filière qui rend totalement dépendant sur le plan technologique».