Deux semaines après son annonce en grande pompe par les autorités chargées du suivi du projet du tramway d'Oran, le système 3x8, qui devait être mis en application dès le 24 juillet dernier pour tenter d'élever la cadence des travaux de ce grand chantier, n'est toujours pas entré en vigueur, laissant planer une fois de plus des interrogations qui n'ont suscité à ce jour aucune réaction officielle. P ourtant, l'annonce a été faite par le directeur de l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA), maître de l'ouvrage, et en présence du premier responsable du secteur, le ministre des Transports, M. Amar Tou, à l'occasion de sa visite à Oran, le 17 juillet dernier. Le directeur de l'EMA avait en effet affirmé lors de cette visite que le groupement espagnol Tramnour chargé de la réalisation du tramway d'Oran «devra passer dès la semaine prochaine à une cadence de travail utilisant le système 3x8». Le même responsable avait, dans ses explications au ministre, précisé que «ce système des 3x8 sera adopté dans les endroits où il ne constituera pas une grande gêne pour les riverains, notamment au niveau des deux extrémités du tracé, à savoir à Es-Senia et à Sidi Maârouf. Un renforcement de la cadence des travaux qui devait également toucher d'autres endroits du tracé, tels que Dar El Beïda, où on a opté pour le système 2x8, avait-il encore expliqué. L'annonce du directeur de l'EMA, qui a été reprise par l'ensemble des médias ayant couvert la visite du ministre à Oran, avait suscité un grand enthousiasme de la part des Oranais, impatients de retrouver rapidement leur habitudes, notamment en matière de fluidité de la circulation. Finalement, le délai d'une semaine annonçant la nouvelle dynamique des chantiers de Tramnour a fini par être consommé, et même dépassé d'une autre semaine, sans que l'on assiste à un quelconque renforcement de cadence des travaux. L'EMA, en sa qualité de maître de l'ouvrage, surtout que c'est elle qui avait annoncé par la voix de son directeur l'adoption de ce nouveau système de travaux, se doit aujourd'hui de donner à l'opinion publique une explication de ce nouveau «faux bond». La Direction du transport de la wilaya, représentant local de la tutelle, est également interpellée à plus d'un titre pour expliquer cette défection, surtout que l'entreprise chargée de la réalisation, en l'occurrence le groupement espagnol Tramnour, est «interdite» de communiquer sur le projet, car tenue par une clause de confidentialité, conformément aux termes du contrat qui la lie à l'EMA. Ceci dit, et selon des sources bien informées, «le faux bond de Tramnour» serait dû à «un manque de moyens sur le terrain». L'engagement pris devant le ministre et devant les médias aurait dans ce cas été annoncé sans même disposer des moyens matériels et humains permettant de l'honorer. Ceci renforcerait davantage les doutes qui planent sur la date de livraison du projet annoncé officiellement par le directeur de l'EMA lors de la même visite ministérielle pour le mois de novembre 2011. Une prévision qui risque, selon beaucoup de techniciens, d'être dépassée, vu les difficultés rencontrées par l'Entreprise de réalisation, notamment en matière de déviations des réseaux. Une crainte renforcée par le non lancement à ce jour des travaux au niveau du centre-ville, où l'exiguïté des voies et la densité de la circulation automobile en plus de la concentration d'habitations constituent des éléments qui risquent de compliquer davantage la mission de Tramnour à respecter ses engagements en matière de délais. Pour rappel, le futur tramway d'Oran aura un tracé bidirectionnel. Dans sa version première, le tramway devait s'étendre sur une longueur de 18,7 kilomètres, entre la commune d'Es-Sénia et la localité de Sidi Maârouf via la Place du 1er Novembre (ex-Place d'Armes) au centre-ville, comprenant 30 rames d'une capacité de transport de 325 passagers chacune, soit 88,5 millions de passagers par an. Mais, par la suite, une extension a été décidée du côté Est de Sidi Maârouf vers le futur pôle universitaire, et du côté Sud d'Es-Sénia vers l'aéroport. Lancé fin 2008, le projet devait coûter plus de 39 milliards de DA.