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Sur fond de guerre entre services français: Les affaires Hasseni et Tibhirine de retour
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 08 - 2010

Des médias français qui mettent d'avance en doute l'indépendance de la justice française, au cas où elle déciderait d'un non-lieu pour le diplomate Hasseni, des notes confidentielles où le général Rondot exprime des doutes et des états d'âmes.
Les ingrédients d'une nouvelle bataille politico-médiatique francofrançaise au sujet des relations avec l'Algérie, se mettent en place. Ceux qui ont en charge les difficiles relations algéro-françaises pensaient ou espéraient que l'affaire du diplomate Mohamed Ziane Hasseni allait trouver son épilogue définitif le 31 août par une décision de non-lieu. Une contre-offensive est en train de se dérouler contre une telle possibilité qui, en théorie, ne relève que de la justice française. Une éventuelle décision de non-lieu est déjà présentée par le site Rue 89, comme une preuve que la «raison d'Etat» aura joué et que Paris a cédé aux «pressions d'Alger». Le site électronique français publie des extraits d'écoute téléphonique qui seraient, selon lui, la preuve que des «pressions» ont été exercées sur Mohamed Samraoui pour qu'il revienne sur ses accusations contre Hasseni. Mohamed Samraoui, après avoir assuré qu'il était sûr à 99%, avait paru beaucoup moins sûr de son fait, lors de son audition par le juge Thouvenot. Ce vacillement du témoignage a permis au diplomate algérien qui clame son innocence et évoque une homonymie de marquer des points. Aujourd'hui, il est en attente d'un non-lieu définitif. L'écoute téléphonique entre Samraoui et un certain Mustapha, à priori une connaissance, qui lui reproche d'avoir accusé à tort le diplomate est présentée par l'avocat de Mme Mecili, Me Antoine Comte, comme une preuve que les services algériens ont exercé des pressions sur l'officier dissident. Les écoutes -dont on ne sait par quel service français, elles ont été faites- étant versées au dossier, cela dépend de l'appréciation des juges d'estimer si Mohamed Samraoui, qui vit en Allemagne, est revenu sur ses déclarations à «99%» suite à cette conversation téléphonique qui serait assimilée à une pression. Rue 89 ne se contente, cependant, pas de faire de l'information, il anticipe. Sans attendre comment les juges vont apprécier ces écoutes téléphoniques, il tire une conclusion: si les accusations sont maintenues, la justice aura bien fonctionné, si un non-lieu est prononcé ce serait la preuve que l'Etat français a exercé des pressions sur les juges.
DGSE contre DST
Un autre article du Figaro, porte sur l'affaire des moines de Tibhirine, sur la base des notes confidentielles déclassifiées émanant des ministères français de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères qui ont été remises au juge au cours des derniers mois.
Le premier constat établit que l'armée algérienne, selon un rapport de la DRM, (Direction du renseignement militaire) a mené d'importantes opérations dans la région où se trouvaient détenus les moines de Tibhirine et cette «action pourrait avoir précipité le dénouement du drame en poussant les islamistes à se débarrasser des moines pour ne pas être gênés dans leur fuite.». Le journal, cite à l'appui de cette thèse, des déclarations de repentis islamistes «dont les récits dormaient depuis de longues années dans le coffre-fort... de Jean-Louis Bruguière, l'ex-patron de la justice antiterroriste, réputé proche du pouvoir et de la DST». Le Figaro qui évoque les différents scénarios possibles dont «la plus incroyable», une manipulation des services algériens, s'attarde sur les commentaires du Général Rondot qui estime que les responsables militaires n'ont pas accordé plus d'importance au sort des moines qu'à celui d'autres. Le général évoque une «relative tolérance» pour des «raisons tactiques» des services algériens à l'égard de «Djamel Zitouni et ses groupes». Mais l'essentiel des notes Rondot, attestent surtout de la permanence de la guerre des services français, la DST et la DGSE. Sans minimiser l'importance de l'intérêt médiatique pour ces deux affaires, il est difficile de ne pas noter que leur traitement est connoté politiquement. Outre les parties directement concernés, la famille Mecili et les parties civiles dans l'affaire des moines, il n'est pas exclu qu'une partie du pouvoir français, y compris dans les services, entend maintenir ces abcès de fixation dans les relations algéro-françaises.
A priori, la présidence française, qui a veillé à ne pas interférer dans le cours de l'affaire, souhaiterait dégager les relations franco-algériennes de l'affaire Hasseni. Il semble bien qu'au sein du système français, certaines veillent à ce qu'il en soit autrement. En dénonçant d'avance une décision de non-lieu comme une preuve d'une intrusion du pouvoir français dans le cours de la justice, ces forces s'assurent déjà de la possibilité d'entretenir une campagne médiatique durable.


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