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Les déchets de plastique, prodrome d'un désastre annoncé
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 09 - 2010

Un enfant à peine plus haut que trois pommes, belles chaussures aux pieds, marche dans un périmètre de détritus constitués de restes de sachets en plastique multicolores. C'est le dernier spot télévisuel initié par le Ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire.
Le commentaire affiché enfonce le clou pour dire : « Le sachet en plastique, met 400 ans pour disparaître de la nature ». Soit la durée de vie de douze(12) générations à venir. Est-on conscient, au moins, du tort que nous faisons à ces multitudes ? Sont-elles responsables de cette apocalypse de l'industrie pétrochimique ? Ce qui est sûr, c'est quelles subiront pendant longtemps, les contre coups d'une ère pétrolière qui entonne déjà son chant du cygne. Que dire encore, du pot de yaourt ou de la bouteille vide d'eau minérale défenestrés à partir de véhicules huppés ou de balcons cossus et faits d'une matière plus nocive ? Ecrasés, ils feront désormais, partie du décor ambiant, jusqu'au jour, où une âme charitable, croyant bien faire, les brulera.
On nous a promis, il n'y pas si longtemps, que la Loi allait interdire la production de cette matière nocive pour le milieu environnemental ; et qu'un délai raisonnable a été consenti aux fabricants pour se convertir au produit biodégradable.
Que nenni, non seulement le sachet noir est toujours là, mais il est accompagné, présentement, de son frère jumeau en couleur. Une manière comme une autre de contourner la problématique. Ce petit article anodin qui fait ramasser des fortunes à ses fabricants, violente l'environnement sur plusieurs registres. Inesthétique, il virevolte au vent et vient s'accrocher à toute aspérité, habiller disgracieusement les clôtures grillagées, et coller impudemment au pare brise de véhicules en plein course.
Il est même utilisé pour signaler les chargements hors gabarit d'engins roulants. La campagne n'en est pas indemne, ni les abords des routes, ni les champs.
Le florilège mystifie, momentanément, le regard. La raison de son hideuse présence, est sans nul doute, son utilisation secondaire comme sachet fourre-tout s'éventrant au moindre petit choc.
Même plein, il est relativement léger pour être confié aux enfants pour s'en débarrasser n'importe quand et n'importe où. L'on remarquera que ces petits colis sont, généralement, abandonnés autour du bac à ordures que les services de nettoiement mettent, à la disposition des groupements humains. Eventrés et dégoulinants, ils viennent à bout des cœurs bien accrochés des cantonniers. Et ce n'est pas le pire des procédés ; il y a celui qui consiste à larguer les sachets regorgeant de déchets à partir du balcon. Son trajet aléatoire, n'est pas sans danger pour ceux qui risquent d'en constituer l'impact final. Et c'est défini comme un acte citadin. Il n'y a, malheureusement, pas que ces rejets ; la canette d'aluminium récupérée avantageusement ailleurs, semble elle aussi envahir les espaces, cette fois, périurbains.
Le contournement longeant une belle foret d'une grande ville des Hauts Plateaux, est paré d'un tapis de cadavres de canettes et de bouteilles de bière.
Ceci est le propre des sociétés religieusement hypocrites. On se cache la face, pour ne pas affronter ses propres tares, si boire peut constituer une tare en soi. « Point de contrainte en religion », ce verset n'a, sans doute, pas été assez médité. Certains hommes du culte qui officient le prêche et la prière du vendredi, semblent s'accommoder des détritus épars ; il s'est trouvé en ce mois de jeûne des fidèles exécutant la prière des « taraouih » à moins de dix mètres d'un dépotoir.
Il est remarquable aussi que des jeunes se mobilisent pour le nettoiement à grand eau des mosquées et lieux de prière, mais jamais la cage d'escaliers ou la cité. Les recommandations religieuses relatives à l'hygiène en général, seraient elles sélectives ? Apparemment oui !
Le Brésil et d'autres pays, ont fait de la récupération une véritable industrie. Un document filmé, montre le parcours d'une canette ramassée dans la rue, par des gens qui font du ramassage un métier, jusqu'à son écrasement par une machine et sa fonte dans un immense magma. Il est récupéré, 6 tonnes d'aluminium pur sur 7 tonnes broyées. Le recyclage et pour lequel nous faisons la fine bouche, peut faire vivre à lui seul, des milliers de familles.
Ce n'est quand même pas, l'enfant à la belle paire de chaussures qui va y penser à sa majorité ? Enfin, ce spot télévisuel est d'un cynisme que nul esprit, fut-il simple, ne peut accepter. Qui est en charge de légiférer et de faire appliquer les textes ?
Enfin si le polyéthylène (PE), dont est fabriqué ce maudit sachet, est plus ou moins inoffensif lors de son incinération, les nouvelles technologies utilisant l'amidon de mais ou de pomme de terre pour sa fabrication le rendant ainsi biodégradable au bout de quelques mois ; il n'en est pas de même pour le PVC, utilisé couramment dans le bâtiment, la fabrication de tuyaux d'arrosage et de récipients.
L'incinération des déchets du PVC, n'est pas sans danger et pour l'environnement et pour l'être humain. Les dioxines sont connues pour leurs effets, à la fois sur le règne animal (toxique et cancérigène) et sur la biosphère (effet de serre). Beaucoup de municipalités de par le monde, ont limité l'utilisation du PVC dans le bâtiment avec une tendance à l'interdiction pure et simple.
« Suite à un incendie dans l'aéroport de Düsseldorf en avril 1996, lors duquel les émanations de dioxine ont causé la mort de seize personnes, environ 200 villes et municipalités allemandes ont appelé à renoncer au PVC.
Depuis, dans nombre de ces villes, l'utilisation de PVC dans la construction, en particulier les bâtiments municipaux, est restreinte ou soumise à conditions.
À Brême, par exemple, les papiers peints et les films en PVC sont interdits. L'utilisation de PVC à l'intérieur de bâtiments est admise uniquement lorsque cela est « techniquement inévitable ». La commune de Berlin interdit purement et simplement l'utilisation du PVC à l'intérieur des bâtiments. » (Mieux connaître les plastiques- http//www. Onpeutlefaire. Com.)
Que nous réservent ces colonnes montantes de fumée noirâtre qui évoluent au dessus des décharges sauvages de nos villes et villages ? Les nappes phréatiques sous jacentes resteront-elles, longtemps, indemnes de contamination pétrochimique ? Le littoral maritime, déjà éprouvé à l'ouest par l'industrie papetière, vient de recevoir un autre coup de boutoir à Bou Ismail, jadis hôte d'un riche vivier. Là aussi, c'est encore les rejets chimiques d'une industrie papetière qui sont mis à l'index. Des relents pestilentiels tenaces, ont remplacé les effluves marins du célèbre boulevard du Front de mer. A propos de mer, le sachet en plastique et la bouteille en PVC qui flottent sur les rivages, sont un véritable casse tête dans les rades de pêcheurs. La belle steppe, jadis vierge, est piquetée de ces oripeaux multicolores, ce qui ne sont pas sans danger sur la faune.
Glouton, le cheptel s'y méprend souvent par la couleur herbacée des lambeaux de sachets.


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