Les magasins et les étals de la friperie connaissent ces jours-ci, de veille de l'Aïd et de la rentrée scolaire, une effervescence particulière. Les ménages modestes, saignés à blanc par les dépenses inhérentes du mois de carême, se retrouvent avec un porte-monnaie plus qu'allégé, pour faire face à ces deux rendez-vous et à leurs obligations. La plupart d'entre eux donc sont contraints de s'orienter vers la friperie car, selon certains pères de familles rencontrés sur les lieux de vente à Souk El Asser ou place des chameaux (Rahbet Ledjemel), elle constitue pour cette catégorie de citoyens, « la planche de salut et le rempart désigné pour la satisfaction de nombre de leurs besoins essentiels en vêtements et chaussures. Avec un pouvoir d'achat qui n'arrête pas de piquer du nez, et les frais occasionnés durant le mois de Ramadhan, je ne peux offrir des vêtements neufs à mes trois enfants», explique un père de famille. «Seule la fripe me permet de sauver la face et les habiller dans la dignité», confie une mère rencontrée avec ses deux garçons à Souk El Acer. Et elle ajoute «je suis à la recherche de tee-shirts et de chemises, pour mes garçons, et ici je peux en trouver entre 100 et 200 dinars l'unité». C'est ainsi que les vieux vêtements des magasins de la friperie de Sidi Mabrouk, de Oued El Had et d'autres sont devenus de redoutables concurrents aux articles de confection neufs. Selon les marchands, «la ménagère peu fortunée n'est jamais déçue en venant chez nous. Elle trouve souvent l'article désiré par ses enfants et en sus à un prix imbattable». Dans ce cadre, il est clair que ce sont, ainsi, les vêtements pour enfants qui font le plus de recette en ce moment, d'où la présence notable des femmes dans ce genre de magasins et autour de ces étals. Toutefois, fait nouveau constaté ces dernières années, ces lieux de vêtements ayant déjà servi sont de plus en plus fréquentés par des personnes appartenant à des couches sociales moyennes, qui n'hésitent pas à sauter le pas et fouiner dans les rayons de vieux vêtements à la recherche de la bonne occasion. C'est ce que déclarent des gérants de ces magasins et que confirme un père avec ses deux enfants (une fille au lycée et un garçon au primaire), qui avoue ne pas hésiter à les habiller des produits de la «fripe.» Selon lui, «les vêtements neufs sur le marché, ces derniers temps, ne sont pas d'aussi bonne qualité que ceux qu'on peut dénicher dans les magasins de la friperie». Et d'observer que «de plus en plus je les préfère pour mes enfants, et même pour moi, en considération qu'ils sont plus résistants, d'une coupe plus fine, de meilleure couleur et finition. Alors que les produits asiatiques qui envahissent actuellement le marché, sont loin de réunir ces qualités, pire encore, dira-t-il, après le premier lavage, ils commencent à rétrécir et à perdre de la couleur».