L'Algérie reste toujours une des destinations des investissements directs étrangers (IDE), et leur volume n'a pas baissé malgré les effets de la crise économique mondiale. C'est en fait l'un des messages que le premier argentier du pays a lancé hier lors d'une intervention à la Radio nationale. En clair, et selon le ministre des Finances M. Karim Djoudi, «les investissements directs étrangers n'ont pas baissé en Algérie en terme de flux financiers. On peut le vérifier lorsque l'on constate l'augmentation de capital des banques et des assurances qui s'est opérée en partie par importation de devises». A l'appui des affirmations du ministre des Finances, il y a certes plusieurs indicateurs qui plaident pour l'attrait resté (encore) intact du marché algérien pour les potentiels investisseurs européens, américains et asiatiques. Les mois de septembre et octobre coïncident ainsi avec l'arrivée annoncée de plusieurs délégations commerciales et économiques en Algérie, autant pour prospecter les opportunités d'investissements qu'offre le marché algérien, que discuter avec des partenaires nationaux sur les créneaux d'investissements. Des délégations américaines, russes, polonaises ou françaises, notamment, sont annoncées pour les prochaines semaines en Algérie pour des réunions d'affaires. Les hommes d'affaires russes devraient arriver avec leur chef d'Etat en Algérie début octobre pour participer à un forum d'affaires et une exposition commerciale russe. Selon Pierre Duhaime, P-DG de SNC-Lavalin (Canada), «l'Algérie ne représente pas un cas unique dans le monde en matière d'encadrement de l'investissement direct étranger (IDE)», et a souligné que «l'Algérie n'est pas en retrait du reste du monde, nous voyons également (ces mesures d'encadrement) ailleurs». De son côté, Mme Katja Hessel, ministre déléguée au ministère de l'Economie du gouvernement bavarois en charge des infrastructures, qui a effectué une visite de travail jeudi dernier, s'est fixé la fréquence d'une visite par an en Algérie à la tête, à chaque fois, d'une délégation de chefs d'entreprise. Pour l'Allemagne, le climat des affaires en Algérie s'est un peu refroidi avec la formule du «51-49», introduite par la LFC 2009, une sorte de nationalisme économique décrié par certains milieux d'affaires européens. Mais, pour le gouvernement Ouyahia, ce principe est devenu cardinal, et tous les investisseurs étrangers doivent l'appliquer, même s'il a refroidi beaucoup de chefs de PME européens, notamment français. Pour M.Karim Djoudi, le principe du «51-49» n'a pas eu d'impact sur les IDE en Algérie, en dépit de la baisse extraordinairement rapide du nombre de projets d'investissements déclarés en 2009, tombé à seulement quatre, alors qu'en 2008, il y avait eu quand même 102 projets d'investissements déclarés. Il précise que «au début, cette règle a posé un problème d'explication. Aujourd'hui, les choses se font correctement». Pour M.Djoudi, l'Algérie s'est transformée en une niche de croissance économique «de par ses taux de croissance forts depuis plusieurs années et son plan de développement qui donne une visibilité et une solvabilité à moyen terme pour les entreprises». Bref, l'Algérie demeure un partenaire économique important pour les grands pays industrialisés et renferme des potentialités et des niches d'investissements potentielles pour les investisseurs étrangers, même si la LFC 2009 et celle de 2010 renferment des dispositions fiscales et financières draconiennes, notamment en matière de transferts de dividendes des PME vers leurs pays d'origine. Par les chiffres, les investissements en partenariat entre des sociétés algériennes et étrangères avaient atteint 372,6 milliards de dinars (3,7 milliards d'euros) en 2008 contre 94,304 milliards de dinars l'année précédente, en hausse de 295%, selon le DG de l'ANDI, M. Mansouri. Le montant global des investissements étrangers (IDE et investissements en partenariat) en Algérie s'est élevé, quant à lui, à 897,6 milliards (8,9 milliards d'euros) en 2008 contre 145,7 milliards de dinars en 2007 (1,45 milliards d'euros), soit un bond de 516 %. Les 102 projets enregistrés dans plusieurs secteurs devraient permettre la création de 10.723 emplois, selon l'Andi. Mais, en 2009, les IDE ont lourdement chuté à plus de 80 %.