L'onde de choc de la crise grecque souffle sur les pays du Maghreb : Par B. Mahmoud
L'onde de choc de la crise grecque devra atteindre au cours de cette année les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) -qui devront être lourdement touchés- par un recul sévère des investissements directs étrangers (IDE) venus de l'Union européenne, avertissent les experts du réseau Anima. La brève reprise des IDE vers les pays de la rive sud durant les premiers mois 2010 après le déclin relativement marqué de 2009 (-37%), 541 projets contre 863 en 2008, pourrait être engloutie par les retombées indirectes de la crise grecque sur la région. Le dernier rapport du réseau Anima sur les tendances récentes en matière d'IDE en Méditerranée (rive sud) relève que le recul des IDE en volumes bruts a été de -15% soit 56 milliards d'euros en 2009, contre 66 milliards d'euros en 2008. En volumes nets les IDE ont été de 29 milliards € en 2009, montants corrigés pour les projets en plusieurs phases, contre 42 milliards de 2008 (- 31%). Le dernier trimestre 2009 a été cependant le meilleur en nombre de projets et cette remontée semble se confirmer au début de 2010. Pour les experts du réseau Anima, cette reprise sera toutefois compromise par les répercussions de la crise économique grecque sur les économies des autres pays européens et notamment l'Espagne, l'Italie et le Portugal. La propagation de l'onde de choc de la crise grecque vers les autres pays européens -aura comme effet un repli des investissements directs étrangers- de l'Union européenne dans la rive sud de la Méditerranée. Une catastrophe pour les pays du Maghreb, car 70% des IDE destinés à ces pays entre 2003 et 2009 sont venus de l'Union européenne. Autre source d'inquiétude pour les économies du Maghreb est le recul des investissements directs étrangers des pays du Golfe qui représentent environ 40% des investissements. Les retombées de la crise financière de Dubaï auront forcément des conséquences indirectes sur les trois pays du Maghreb, notamment en matière d'investissements dans l'immobilier. L'Algérie relativement épargnée par le recul des IDE de l'Union européenne Notre pays devra être relativement épargné par le repli des IDE de l'Union européenne au cours de cette année, non à cause de la solidité et de l'attractivité de notre économie, mais pour la simple raison que l'Algérie attire de moins en moins d'investissements ces trois dernières années. D'ailleurs, en 2009, les projets d'IDE de l'Union européenne sont tombés pratiquement à zéro -dans notre pays- en raison de la Loi de finances complémentaire 2009. A part le secteur des hydrocarbures et celui des télécommunications, l'Algérie ne semble guère intéresser les investisseurs étrangers. Notre pays ne cesse d'accumuler les maladresses en matière de stratégie économique, la dernière LFC 2009 étant une autre preuve de la perplexité du gouvernement. Face à la concurrence rude des autres pays de la région MEDA pour s'accaparer les investissements étrangers, devenus une ressource rare sous l'effet de la crise économique et financière, l'Algérie ne cesse de lancer les mauvais signaux aux IDE. La LFC 2009 contient, rappelle-t-on, des mesures dites de «patriotisme» économique tendant à restreindre les importations et à privilégier l'attribution de marchés à des entreprises nationales. Après avoir longtemps claironné que les IDE étaient la clé pour relancer l'économie nationale appelant le privé algérien à s'adapter à cette réalité, le gouvernement s'est distingué, ces derniers mois, en faisant feu de tout bois sur ces mêmes investissements. Protectionnisme et patriotisme économique reviennent tels des leitmotivs dans les propos de nos responsables dont l'approche est confortée par une conjoncture internationale favorable -où la tendance- est aux nationalisations et aux interventions tous azimuts de l'Etat, même dans les pays les plus libéraux. Conséquence : les IDE préfèrent s'installer dans les autres pays de la région MEDA qui offrent une meilleure visibilité économique et de nombreuses garanties.